La bénédiction (Bless you) ou la mise en danger (blesse you), c’est selon. A moins que ce ne soit les deux. Quoiqu’il en soit, le nouvel ep « Bless(e) you » de Babel dont on a parlé ici même, marque l’avancée d’un groupe pour lequel poésie et engagement ne font qu’un, musique et énergie se confondent, et annonce un nouvel album à venir. Ce soir, le groupe joue au Chabada dans le cadre de la tounée des Inouïs du Printemps de Bourges. Rencontre avec Sébastien le chanteur, quelques mots à quelques heures du concert.
Photo bandeau – Babel © Arnaud Ray
Sans revenir sur l’historique du groupe, Babel en 2015 c’est quoi ? L’évolution suivie depuis le début ?
C’est toujours les mêmes membres, mais l’esthétique a beaucoup évolué. L’écriture s’est précisée et va à l’essentiel. Un son plus produit, influencé par la scène électro américaine et les B.O de films. C’est aussi un entourage très impliqué, à la fois sur le plan promotionnel et technique ce qui explique l’ampleur prise par le show sur scène.
Tu (on peut dire tu ?) évolues dans un univers plutôt hip hop, chanson, slam. C’est vraiment la musique qui te parle ? Si oui pourquoi ?
Ce qui me parle dans les trois genres (ou sous-genres) que tu évoques, c’est bien l’expression orale sous différentes formes. Passer de l’un à l’autre permet d’avoir un verbe polyvalent, d’alterner alexandrins de forme plus classique avec une écriture plus sonore, plus actuelle dans la forme et plus directe dans le propos. Puis de mêler tout ça sur notre musique pour faire du Babel.
Un nouvel ep vient tout juste de sortir. Pourquoi pas un album complet ?
Parce qu’il est encore en chantier ! On tenait à sortir cet EP pour montrer au public ainsi qu’aux pros ce à quoi on pouvait s’attendre, mais sans se mettre la pression d’un album. C’est la nouvelle avant le roman, c’est pour donner faim…
Ce disque a été imaginé comment ? Le choix des morceaux, la production…
Pour une fois je crois qu’il n’y a pas eu énormément de débats entre nous ! On cherchait avant tout à garder une cohérence sans renier notre éclectisme. On a quand même tenu à raconter une histoire avec ces 5 titres, dans la montée en puissance, l’ouverture et la conclusion. Concernant la production, on a beaucoup bossé avec notre technicien son Thomas Ricou qui nous suit aussi sur scène. C’est une chance car ça veut dire qu’il connait les morceaux par coeur, nos intentions et l’énergie qu’on y met en live. Et puis on tenait à pousser ce (gros) boulot jusqu’au bout, on est donc allé masteriser chez Chab (du studio parisien Translab) dont on apprécie beaucoup le travail, sans parler de son grammy pour le master du dernier Daft Punk.
La comparaison avec Cabadzi te flatte ? Si oui pourquoi ?
Cabadzi, ce sont des potes. Il me semble qu’on partage une certaine vision de la musique, du métier et même du monde tout court. Ils chiadent beaucoup les choses en restant indé et font quelque chose de très personnel et radical dans le propos. Tout ceci ajouté au côté chanté parlé, la musique très actuelle et le violoncelle, et le fait que l’on ait été sélectionnés au Chantier des Francos en même temps, fait que l’on nous a longtemps collé l’étiquette de « Cabadzi bis », qui nous a plutôt desservi, soyons honnêtes. Être le bis de quelqu’un n’est pas très séduisant. Mais il me semble qu’avec notre EP Bless(e) you, le chant aujourd’hui plus mélodique voire parfois lyrique et les arrangements « électro-épiques » ainsi que notre nouveau live, on s’éloigne beaucoup esthétiquement. Ça n’a pas été un choix, cela s’est fait tout seul. D’ailleurs, plus personne ne nous parle de cette comparaison. Mais Cabadzi reste un groupe avec qui on serait ravi de partager la scène !
Te sens-tu proches de certains artistes, tant dans la musique que dans l’engagement ou les choses à dire ?
Dans le groupe, on aime beaucoup Son Lux. C’est très bien arrangé, très bien produit, c’est sensible, écorché et puissant. Bref c’est beau. Concernant l’engagement, c’est Banksy ou Pawel Kuczynski qui nous parlent. Des plasticiens quoi. Des images plus que des mots.
L’engagement justement. On a pu vous voir sur certaines scènes symboliques comme NddL, on comprend bien la teneur des textes. C’est quelque chose d’intrinsèque pour toi ?
C’est le moins que l’on puisse faire quand on est artiste que de soutenir certaines causes en jouant gratos, même si on ne peut être partout ! Un peu comme n’importe qui donne de son temps à une asso. Côté propos, même si j’essaie de privilégier le style et le son dans mon écriture, je parle de ce qui me touche, me heurte, m’énerve. Ça « ressort » dans mes textes, presque malgré moi. Ce n’est pas une priorité de laisser un message, j’ai même parfois l’impression d’en dire trop. L’étiquette « artiste engagé » me gêne. On réduit trop souvent la valeur artistique de quelqu’un à son positionnement. Pour moi le message n’est pas rien, mais ce n’est pas le plus important non plus. Je préfère une bluette sentimentale dite avec du style plutôt qu’un brûlot écrit avec les pieds.
Cette date au Chabada dans le cadre de la tournée des Inouïs représente quoi pour toi ?
On est assez content de mettre les pieds au Chabada, depuis le temps qu’on entend parler de ce lieu (rire) ! Ça s’inscrit dans le parcours de notre accompagnement par le biais de l’équipe espoir, qui nous a entre autres permis de (re)jouer aux Francofolies cet été. Et puis c’est toujours une opportunité à saisir que de jouer devant le réseau Inouïs-Bourges.
La suite ?
Inch’Allah comme on dit dans les Mauges !