Premier samedi de février aux Machines de l’Île et froid polaire, je viens de croiser un ours blanc, et cela semble ne pas être étonnant. Pas davantage que les nombreux félins et oiseaux colorés qui se dirigent sous les Nefs en direction de La Fabrique : ce soir, c’est la première occurrence festive de la SweatLodgeParty pour cette année 2015, et Stereolux accueille le show dans son antre chaude et accueillante. Les salles Maxi et Micro sont ouvertes et s’animent chacune d’une atmosphère particulière, le hall sert de pont entre les deux univers, avec son oasis centrale (le bar) pour les animaux quelques peu assoiffés par la température ambiante. À chaque espace sa tonalité musicale, son visuel, sa teinte saturée pour nourrir toutes les faims de cette jungle déguisée.
Le Zoolux affiche complet depuis plus d’un mois, les Nantais férus de musiques électroniques attendent l’évènement SweatLodge hivernal avec impatience, et dès 22h30 les salles se remplissent pendant que les groupes et DJs entament leurs sets avec ferveur. La Micro montre des nuances de breakbeat, hip hop et dubstep avec Les Fantastiks comme armateurs de cette salle. Le ton est donné dès le début, ça dépote et ça donne envie de bouger. Ils laissent les platines à Repi Del Mundo, guest spécialement venu de Rennes pour l’occasion qui chauffe la salle façon électropicale en première partie. Les jeunes perroquets, léopards et lapins roses s’amassent au-devant de la scène, elle-même empreinte de couleurs tropicales. Les spots de lumières orange, rouge et verte plongent la fosse dans une transe délirante et festive, appuyée par les basses et sonorités exotiques du crew de super-héros nantais.
Le hall de Stereolux accueille trois DJs nantais dont les noms sont familiers : Môme Gormak, résident du Nid, C.H.IC.H.I de Illmatic et Rudval anciennement d’Infinity Creation. Les trois compères se partagent les platines et inondent l’espace longiligne qui leur fait front avec des sets éclectiques. Les vibrations fournies par les beats animent les danseurs sortant de la Maxi vers la Micro, de la Micro vers la Maxi, voguant et circulant entre les différentes notes sonores de cette soirée pleine de surprises. La techno résonne jusqu’au bar, en passant par la terrasse extérieure, jusqu’au fond du hall où s’est installé l’association Coup de Foudre pour son entresort. Ici aussi, la surprise est de rigueur : un cube de toile noire dans lequel quatre curieux sont invités à s’installer par une hôtesse haute en couleur et coiffée d’une perruque blanc argenté. À l’intérieur de ce Petit Coin de Paradis : quatre transats, des plumes blanches couvrant le sol, un homme – sortant tout droit de l’époque Disco – agenouillé, un autre placé derrière une verrière en plexiglas… Mais à quelle sauce va-t-on se faire manger ? Allongés tranquillement avec des casques duveteux sur les oreilles, on se laisse porter par les animations sonores, puis par la foudre, par la tempête et la saturation de Bpm que le Dieu-Magicien de la structure s’amuse à créer. Le concept fait des émules, les personnes sont charmées.
Au sortir de cette bulle, qui place de facto les amoureux des sensations fortes sur une plateforme élevée de l’imaginaire, la salle Maxi ouvre ses portes sur une scène extra-ordinaire. Elle se compose d’une cage gigantesque au barreaux luminescents, où se logent les platines et autres jeux technoïdes avec lesquels les DJs auront le loisir de performer leur set. Autour du cube central, deux énormes palmiers accueillent jeux de lumière et formes énigmatiques, le tout est surplombé par une banane jouant des mêmes teintes, illustrant bien le concept de la soirée : la fête – à son paroxysme – sur un décor de jungle électronique. La masse de Sweatlodgiens valide l’idée, et la fosse de la Maxi est pleine ! Autant de poils que de plumes sautent et se trémoussent sous le joug des trois DJs invités ce soir : aUtOdiDakT de Stuttgart, Jeanville de la scène techno rennaise et Redux, DJ nantais de renommée européenne, se succèdent au centre de la cage illuminée et donnent aux participants leur dose de basses percutantes. Le ton est à la techno pure et dure, dont les accents transe et acid se répercutent sur le rythme soutenu. La salle se meut aux fluctuations sonores et aux intensités lumineuses. Vue du balcon l’effet en est décuplé : une marée humaine mouvante qui s’illumine sous des flashs bleutés, rouges et jaunes, violets, donnant l’impression d’un stop-motion spontané. La chaleur monte, la soirée atteint son apogée avec puissance.
Le in-and-out entre les trois interfaces sonores se réalise dans une joie désinvolte et enivrante. La terrasse extérieure permet à tout un chacun de prendre une bouffée d’air frais, tout en regardant les joyeux drilles pédaler dans la caravane de l’entresort Cyclo-Geek dont le concept paraît obscur de prime abord, ce qui n’empêche pas les spectateurs de rire aux éclats devant les efforts dynamo-cyclistes des participants. Un jeu vidéo à base de coup de pédales, effet délirant assuré !
Retour dans la Micro, Les Fantastiks n’ont de cesse d’élever le niveau en matière de qualité et d’intensité du son. Batteur et percussionniste alimentent le set électrodub de leurs touches tribales. Mix et scratch à volonté ce soir, pour un public aux aguets. Une panthère commence à monter sur scène, suivie par une petite foule énergique d’animaux en tous genres et dévergondés. Dans cette jungle électro-mouvante, le temps passe à une vitesse hallucinante et l’heure fatidique arrive bientôt. Alors le groupe balance une tune de Stand High Patrol, la salle danse de plus belle sous les notes d’« International Farmer » aux basses lourdes et à la voix caractéristique du crew brestois. Les flashs verts et orangés laissent alors place à la lumière blanche, synonyme de l’arrêt du son. La scène du hall est la dernière à s’activer, pour quelques minutes encore. Les participants de cette SweatLodge sauvage s’y amassent, afin d’étirer le temps des festivités au maximum, C.H.I.C.H.I. Et Môme s’en donnent à cœur joie et balancent les dernières basses sur lesquelles les fêtards déguisés sautent farouchement.
À l’approche des quatre heure du matin, les visages croisés – entre le vestiaire, le hall bondé, et la sortie sous les Nefs – affichent de fameux et innombrables sourires. Les discussions vont bon train, l’énergie de la soirée monte encore, les pieds trépignent… Les jeunes hommes et jeunes femmes du Zoolux ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin : les groupes s’éparpillent et rejoignent divers afters situés dans le centre-ville, afin de profiter au maximum de l’avant-goût de printemps que la SweatLodge a su insuffler. Stereolux se vide peu à peu, laissant une empreinte festive forte dans l’esprit des participants. Le mélange des genres animaliers – maquillages et déguisements de toutes sortes – s’est finement calé sur une électro pointue dont la qualité sonore à démontré le talent des DJs, des musiciens, et des techniciens. Le visuel exploité pour encenser la soirée est du même acabit : grosse performance de la part du Studio Corium et de Louïza Sarfati. La première session SweatLodge 2015 tape dans le mille, les prochaines soirées s’annoncent hautes et explosives, tant le présage de cette ZooluxParty est d’excellent augure.
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Crédit photo: Morgane Lesné