BIG WOOL – S/T

C’était à Angers, il y a 2 ans. Nicolas Zambon (ex-VedeTT) a ressorti sa guitare, Guillaume Le Cahain (ex-Coco Grrrls) sa basse. Ils ont commencé à jouer ensemble. Pour voir. Puis sont arrivées la voix et la guitare de Maxime Dobosz (San Carol) et la batterie de Vincent Lechevallier (Pony Pony Run Run). Peut-être était-ce les teintes blafardes du ciel hivernal, peut-être était-ce les disques que chacun écoutait à cette époque, ou encore l’envie de se perdre dans quelque chose d’inconnu, de différent de leurs anciens ou actuels groupes respectifs ? A quoi bon analyser les raisons de cette union ? Ce qui est vite ressorti de leurs répétitions sonnait comme une évidence, une volonté sans faille de jouer avec les silences, les ruptures, de jeter un voile de cendre sur les codes trop prononcés de la pop, de jouer de leurs instruments comme quatre peintres en recherche d’identité viendraient d’instinct poser leurs pinceaux sur une seule et même toile, après quelques verres d’absinthe. Des peintres sonores installant leurs amplis au bord d’une falaise, face à une mer grise et menaçante, à moins que ce ne soit au beau milieu de landes battues par le vent… Sur leurs palettes, les teintes diluées et lumineuses d’une certaine idée du rock, comme certains le pratiquaient dans les années 90, voire même un peu avant… Les termes shoegaze et post rock était à l’époque sur toutes les lèvres. Mais à quoi bon ressortir les vieilles étiquettes ? Oui, les membres de Big Wool (Il faisait froid le jour ou Baptistine Bariller est venue rajouter son violon sur quelques titres… Il a fallu sortir les laines) aiment ou pourraient aimer Slint, Yo La Tengo, Death Cab For Cutie, le folk rock des Tindersticks… Enregistré aux studios angevins de l’île d’Amour, le premier disque du groupe met un peu en avant tout cela, mais aussi beaucoup d’autres choses. Un peu de saxophone, des vagues de spleen (magnifique Friends Again) succédant à de brèves montées d’adrénaline (The Fall, She), des textes introspectifs où les histoires d’amour ne sont jamais synonymes de sourires béats, et surtout des invitations aux ballades en solitaire ; tout d’abord d’un pas décidé sur les accents les plus rock, puis plus hésitant quand les frottements de cordes se font plus distincts et le chant plus poignant… Fermez les yeux un instant : le froid est piquant, le ciel d’un blanc laiteux, les âmes engourdies et les humeurs fragiles face aux arbres dépouillés. Pourtant nous sommes bel et bien à la veille de l’été et Supertrigger, dernier morceau du disque, chasse progressivement les brumes pour laisser place à une mer d’huile. Big Wool ajoute quelques gouttes de pop nonchalante à son post-folk intimiste, délaissant momentanément les étendues désolées pour la chaleur et l’intimité des salles de concerts.

Photo bandeau : Big Wool – DR

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