BLACK DESERT RECORDS : enthousiasme et Do It Yourself

Saffré avait son festival il y a quelques années, St-Mars du Désert a son label depuis 2 ans… Black Desert Records ! Porté par une poignée de mélomanes, musiciens, passionnés, le label sort coup sur coup deux disques cet automne, portant à dix le nombre de références d’une toute petite structure, par les moyens bien sûr, qui vient de souffler ses deux bougies. « Basé au Pays du Hell Fest et du Muscadet » comme se plaisent à le dire ses forces vives, le label vit une rentrée bien chargée. Rencontre avec Dim et Richard.

Photo bandeau : El Royce © La Faute à Rélie

 

Comment est né le label ?
Black Desert Records est né en juin 2014, à l’initiative de Yoann Aubé du Black Desert Studio, qui est situé à Saint-Mars-du-Desert à la périphérie de Nantes. On n’a pas été chercher bien loin pour le nom… Au départ, c’est parti d’un constat commun : si des gros groupes comme Slayer ou Machine Head signent en Europe avec un label indépendant allemand, ça laisse quoi comme perspectives aux groupes en développement ? L’idée, c’est de proposer une alternative à l’autoproduction pure et dure, et par effet de masse, offrir une meilleure visibilité. Les premiers groupes à nous rejoindre ont été El Royce et Enlightened de Nantes, puis The Guardogs également de Nantes. Ensuite on a intégré Crawling in sludge de Poitiers, et les derniers arrivés Missingmile de Saint-Lô. On reste une structure à vocation locale, sur le Grand Ouest. Même si on a pas mal d’acheteurs à l’étranger.

« Nous sommes dans une niche certes généraliste, mais une niche quand même, et les habitués du label s’attendent à découvrir des nouveautés en cohérence avec le reste du catalogue »


Pourquoi une ligne artistique Rock, Stoner, Metal ? C’est important de cibler le genre musical ?
La ligne éditoriale Rock / Stoner / Metal s’est imposée à nous d’abord parce que c’est ce qu’on aime, et pour ne pas s’enfermer dans un genre trop précis. Selon le point de vue de l’auditeur, les groupes de Black Desert Records peuvent être perçus comme Rock, Stoner ou Metal. Maintenant, est-ce qu’on pourrait s’ouvrir à du Brutal Death ou du Rock Garage, je ne crois pas. Nous sommes dans une niche certes généraliste, mais une niche quand même, et les habitués du label s’attendent à découvrir des nouveautés en cohérence avec le reste du catalogue. Au niveau de la communication, c’est vital. Il existe tout un vivier de médias spécialisés qui relaient les infos du label. Si demain on s’éparpille dans tous les sens, on perd en impact et en crédibilité.

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Missingmile © DR


« Le Hell Fest a eu sur la scène locale un effet d’entraînement incroyable »

Vous dites être du Pays du Hell Fest, c’est un héritage pour vous ? Vous vous sentez proche du festival ?
Comme on s’adresse à des médias de toute la France ou à l’étranger, ça permet aussi de nous situer géographiquement… Et bien évidemment, l’affiliation musicale est évidente. On y participe en tant que festivaliers. On a vu l’événement grandir, avec des affiches incroyables autant pour la région que pour la France. Le Hell Fest a eu sur la scène locale un effet d’entraînement incroyable. Je pense que dans quelques années, il faut s’attendre à voir une explosion de groupes autour de Clisson…

Pourriez-vous développer des projets avec le Hell Fest du style un plateau découverte du label ?
Vu le statut du Hellfest aujourd’hui, qui est vraiment devenu un très gros festival, y compris à l’échelle européenne, cela semble peu probable… Les organisateurs doivent gérer de très nombreuses sollicitations. Même si l’on peut jouer la carte de la proximité, il est parfois bien difficile d’y faire jouer ses poulains. Pour l’instant, seul le groupe Enlightened a participé à l’édition 2015. En revanche, et à l’initiative des Guardogs, il existe une scène off « Le Hell Truck » qui se tient depuis deux ans, avec l’adoubement des organisateurs. On peut notamment y voir des groupes du label. On y tient un stand de merch avec tout le catalogue Black Desert Records.

Deux nouveaux disques cette rentrée, Missingmile et El Royce, vous avez un rythme de sorties important ?
Comme nous ne sommes pas un gros label qui prend en charge le disque d’un artiste de A à Z, il bien difficile d’imposer aux groupes une time-line régulière. En moyenne, on doit être à une sortie par trimestre, sachant que l’été c’est une période creuse. Tous les ans en décembre, nous proposons une compilation « Black Desert Storm » gratuite et numérique. Ça permet de faire découvrir les groupes de Black Desert Records et d’élargir à d’autres groupes ou donner un coup de pouce aux copains. En plus comme c’est cadeau, ça cadre bien avec l’esprit de Noël…

Peux-tu nous parler un peu de ces deux groupes ?
Missingmile est originaire de Normandie, dans un style Stoner / Desert Rock, qui ravira tous les fans de voix à la Chris Cornell ou John Garcia. The Blackship est leur troisième disque, il a été produit par Antony Josse de Headcharger. C’est un EP de 28 minutes, qui est disponible dans un pack vinyle bleu plus CD et bien sûr, en numérique. El Royce sont nantais et existent depuis plus de 10 ans. Black Saints Of Bourbon Street est leur troisième album et septième disque, dans une veine Heavy / Stoner. Il a été produit au Black Desert Studio par Yoann Aubé. La thématique du disque est centrée sur La Louisiane, avec comme point de départ Nantes, Saint-Dominque et le Vaudou Haïtien importé à la Nouvelle-Orléans. L’album est disponible en version vinyle et en version CD, également en numérique. La soirée de sortie du disque de El Royce aura lieu le 1er octobre à la Scène Michelet à Nantes. On pourra aussi retrouver la veille, le 30 septembre, Missingmile en live à la Scène Michelet. Un gros week-end en perspective pour Black Desert Records…

 

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The Guardogs © LA sorcière tourbillon


Quel est votre modèle économique ? Asso, SARL… ? Comment sont les finances du label ?
Black Desert Records est un label associatif. Nous sommes à mi-chemin entre le collectif, la boutique en ligne et la prestation de service sur l’aspect promotionnel. L’idée c’est d’accompagner les groupes sur les aspects les moins musicaux qui bien souvent rebutent, comme la VPC ou les relations presse. Nous fonctionnons en interne sur le bénévolat et notre budget de fonctionnement est très modeste. Notre modèle économique, c’est beaucoup d’enthousiasme et pas mal de Do It Yourself.

Vous faites vous même de la distribution, sur le net, c’est pour palier un manque ? Garder une indépendance ?
Nous fonctionnons avec des petites séries et une mise en place en magasin mobilise beaucoup de stock. Il faut un suivi régulier, impossible à réaliser sans avoir quelqu’un dont c’est l’unique travail. Vu l’état actuel du marché du disque, même si les amateurs dans le style sont des acheteurs fidèles et attachés au support physique, dans l’immédiat pour nous la distribution physique n’est pas à l’ordre du jour. A notre niveau, l’essentiel des ventes se fait sur les lieux de concert ou sur les boutiques en ligne Black Desert Records. On déplore d’ailleurs que la principale enseigne spécialisée en France ait interrompu l’accès aux productions locales dans ses rayons. En tant que label nantais, on souhaiterait au moins pouvoir être représentés dans le plus gros magasin de Nantes.

 

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« Honnêtement, vu du public, l’offre nantaise n’a rien à envier à celle de la capitale. Au niveau des groupes dans l’esthétique metal et affiliée, il y a un très gros vivier, dont certains s’exportent sur scène à l’étranger »


Comment tu considères la scène Metal, Stoner, Rock de Nantes ?
Ça va, elle se porte très bien merci… Plus sérieusement, dans la continuité au sujet du Hellfest, on a l’impression qu’il y a sur Nantes un transfert de dynamique grâce au festival. Déjà, il y a des lieux de diffusion comme Le Ferrailleur ou La Scène Michelet qui jouent pratiquement tous les soirs, avec une programmation bien musclée. Il y a  pas mal d’organisateurs motivés qui réussissent à trouver des affiches incroyables, avec des groupes étrangers qu’on aurait jamais imaginé voir ici en petit club. Il y aussi le Nantes Metal Fest, dont ça sera la cinquième édition en décembre prochain, on y retrouvera notamment Crawling in sludge et Enlightened. Et il y a aussi le West Stoner Sessions. Honnêtement, vu du public, l’offre nantaise n’a rien à envier à celle de la capitale. Au niveau des groupes dans l’esthétique metal et affiliée, il y a un très gros vivier, dont certains s’exportent sur scène à l’étranger. La scène Stoner est bien représentée. Outre les groupes de Black Desert Records, il y a Jumping Jack, sans doute le plus connu et dont on attend le prochain album, ou les copains de Big Sure, Creeping Devil Cactus, Hangman’s Blood, Masthar, Muezli… et plein d’autres encore. Le mieux c’est de venir découvrir tous ces groupes en live.

Concert Missingmile – 30 septembre Scène Michelet (Nantes)
Concert El Royce – 1er octobre – Scène Michelet (Nantes)

 

Site BLACK DESERT RECORDS

Rédactrice en chef de ce site internet, chargée d'info-ressources à Trempo. Passionnée évidemment par la musique, toutes les musiques, mais aussi par la mer et la voile, les chevaux, la cuisine et plein d'autres choses.

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