CHRISTIAN ROCK FIEVRE

Il a suffit de très peu de temps et de très peu de gestes pour que la bonne parole s’accomplisse. L’oeil est d’abord inévitablement attiré par le jaune soleil de la pochette, ornée d’un Jésus Christ pyramidal qui nous promet déjà des sommets (merci Thierry Bedouet). Puis l’on découvre avec stupeur l’intérieur de l’objet et ses incroyables portraits réalisés par douze apôtres du crayon, fiers représentants hexagonaux de l’illustration et de la BD parmi lesquels on trouve mes chouchous Quentin Faucompré et Terreur Graphique. Enfin, l’étape ultime : l’écoute, religieuse, et qu’on espère vierge de tout préjugé. Forcément, c’est l’épiphanie.

Notre Christian Rock Fièvre
Qui siège en iconoclastes cieux
Que ton nouvel opus soit sanctifié
Que ton règne de rock illuminé vienne
Que ta volonté oecuménique soit faite sur la terre comme au ciel
Donne-nous aujourd’hui notre galette de ce jour
Pardonne-nous nos fausses notes
Comme nous pardonnons aussi à ceux qui ont toujours chanté faux
Et ne nous soumets pas à la tentation du 1er degré
Mais délivre-nous de l’évident pastiche
Car c’est à toi qu’appartiennent l’évangile musicale, le dadaïsme et l’espoir
Pour des siècles et des siècles
AMEN

Une prière maladroite s’échappe de mon esprit. Qu’importe, il faut que tous apprennent la bonne nouvelle. Saint Le Gouëfflec et Frère Bernstein & the holy pioupioufuckers viennent de nous délivrer le premier disque de rock chrétien non-chrétien ! En deux phrases lumineuses, le concept est sacrément bien expliqué sur le site de Christian Rock Fièvre« D’ordinaire, le rock chrétien se sert du rock pour célébrer le Christ. Ici, on se sert du Christ pour célébrer le rock ». Le prolifique Arnaud Le Gouëfflec (à la fois écrivain, scénariste de BD, musicien et professeur de français) mène ainsi ce projet éclairé sous la houlette du producteur Rotor Jambreks, accompagné du groupe Jorge Bernstein & the pioupioufuckers.

 

Un disque unique où des cris de punk répondent à une voix mûre de chanson française aux faux airs de Miossec. Où la pop s’incruste à l’aide de choeurs, de claps de mains et de jeux de langage. Où le garage, le rockabilly et le stoner se côtoient sans querelle de chapelle. Où le rock’n’roll twiste le Saint-Esprit, le tout ponctué de sons de cloche bien sûr. Comment terminer pareil opus ? Avec un morceau mystique et une voix caverneuse qui nous égraine des morceaux choisis de l’Apocalypse de Saint-Jean-Baptiste… Et c’est comme ça qu’on se surprend à chanter « Ponce Pilate », comme pris d’une fièvre divine. Même en-dehors du jour du Seigneur.

Visuel bandeau © Thierry Bedouet

 

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Bandcamp Christian Rock Fièvre

Gribouille aussi un peu pour Bigre. Rigole souvent au micro de Boum Bomo sur Radio Prun'. Possède un enthousiasme musical qui va de la pop au hip hop, des légendaires ABBA aux moins connus beatmakers, en passant par la variété française des années 60/70/80. Cultive rencontres, découvertes et danses singulières.

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