Au préalable, tu arrêtes toute agitation, tu te débranches, tu t’installes, paisible, les magiciens arrivent. Au frôlement des premières notes, un alizé balaie les derniers soucis parasites encombrant ton cerveau. Titi Robin dessine les contours de son nouveau tour de magie, recouvrant tes relents rationnels de ses envolées aériennes en glissades et cascades, et tu suis le cours limpide depuis la source jusqu’à l’écume de la mer. Le voyage dans ton imaginaire s’ébauche quand Michael Lonsdale de sa voix d’une précision d’horloger te suggère des voies possibles vers une poésie méticuleuse, minimale. Le cristal de la note suspend le temps qui s’apaise, tu te surprends nu devant lui. Laisse les mots couler en rivière, ils parlent pour toi , te tirent vers ton état foetal. Inestimable richesse que de pouvoir lâcher prise, s’abandonner à l’étonnante volupté de ce couple voix-cordes, dépouiller le trop de son existence et sonder sa mémoire. La magie de Titi Robin se révèle dans la suspension de la note après un petit bouquet d’arpèges qui te laisse le temps de poser tes propres mots, de fixer une image ou composer un parfum avant que le flow ne reprenne son cours. Musique sans surcharge et pourtant riche de nuances, grâce aux instruments utilisés (bouzouq ou rôbab, guitare), les compositions de Titi Robin sont des plages d’écumes pour y déposer ses propres poèmes que Michael Lonsdale en grand Sage du peuple des conteurs nous taille pour en faire des roses des sables. La musique est poème quand la poésie est musique.