CINE-CONCERT ZENZILE

Berlin est sans conteste une des villes si ce n’est LA ville européenne la plus chargée d’histoire, la plus avant-gardiste à différents points de vue (architecture, réseau de transports etc.), la plus fournie en matière de culture. Et le film de Walther Ruttmann, « Berlin, die Sinfonie der Grosstadt » qui date de 1927 résume parfaitement l’effervescence de cette métropole au début du siècle, effervescence toujours d’actualité d’ailleurs.

Image

Au-delà du sujet déjà oh combien intéressant, qui intègre l’image d’une ville, les gens qui la font vivre, l’architecture qui la caractérise, les mouvements qui l’animent, les lumières qui l’éclairent et les espaces qui la composent, Walther Ruttman propose une approche en image extrêmement esthétique. Ce film muet, à prendre comme un documentaire, exprime de manière très forte tant l’idée de mouvement qui anime le réalisateur, que celle du temps, des 24h qui juxtaposent jour et nuit. Il est question du monde du travail et de la forte industrialisation de l’époque, des transports qui quadrillent la ville, de l’amusement,  de sports en tous genres, d’enfants et d’écoles, de bistrots/cabarets… de la vie en somme !

Son

Sur un sujet aussi intéressant, un traitement graphique et cinématographique aussi brillant, Zenzile met la barre haut, ne serait ce qu’en choisissant ce film. Pas évident de coller à un esthétisme et une narration aussi belle. Le quintet angevin, que l’on a connu à ses débuts pour ses créations purement dub, a depuis brouillé les pistes notamment au travers de ses dernières productions discographiques. Et l’exercice ici entrepris par Zenzile confirme ce brouillage de pistes. Le groupe enfonce le clou et ouvre encore davantage son spectre musical.

Les deux mon capitaine !

Si la dominante sonore reste une certaine musique « ambient » ou narrative, les ambiances alternent au rythme des images et de ce que vivent les personnages filmés. Des solos de saxophone pour illustrer des enfants qui jouent ou vont à l’école, des parties plus rock qui accompagnent des scènes de foule prenant le tram ou le train, des claviers ou machines aux sons lunaires pour porter des scènes où il ne se passe pas grand chose dans les rues tôt le matin, Zenzile prend clairement le parti de coller au propos cinématographique en amplifiant des situations, en les contrastant, comme l’image est contrastée. Le groupe joue de façon relativement soutenue. Pas de scènes de silence si ce n’est entre les quatre actes. Les musiciens savent à la fois se faire discrets et présents, et le spectateur oscille entre concentration sur l’image, concentration sur le son, ou concentration partagée entre les deux. Alors que l’image carrée noir et blanc prend visuellement beaucoup de place en fond de scène, le jeu de lumière subtil sur les musiciens rappelle qu’ils sont bien là et que la musique est jouée live. Mais cette même discrétion dans la lumière nous fait parfois les oublier.  Au-delà de la beauté du film et de la musique, la parfaite alchimie entre image et musique nous happe, nous subjugue et décuple le plaisir des sens. La force de la musique de Zenzile rend l’image de Ruttmann encore plus vivante !

La musique composée pour ce film par Zenzile sera éditée sur support disque le 28 octobre prochain sur le label Yotanka.

Voir le site de ZENZILE

Photo Zenzile (bandeau) : Philippe Vioux
Photos Zenzile (ciné-concert à Stereolux ci-dessous) : Cécile Arnoux

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Vidéo tournée à Stereolux le mardi 13 mai 2014

Rédactrice en chef de ce site internet, chargée d'info-ressources à Trempo. Passionnée évidemment par la musique, toutes les musiques, mais aussi par la mer et la voile, les chevaux, la cuisine et plein d'autres choses.

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