DAHO : L’HOMME QUI PLANCHE…

Si le jeune Bashung fut une sorte de Lucky Luke du rock à la française, Daho devient, avec cet album signé David Chauvel et Alfred, le Philémon de la pop d’ici, tant il semble en apesanteur gracieuse tout le long de « L’homme qui chante ». On peut s’étonner de ce que le Neuvième Art n’ait pas approché le cas Etienne Daho plus tôt car s’il est un homme de son, tout son parcours est fortement jalonné de son souci de l’image, son goût pour l’Art graphique de façon générale. La pochette de La Notte, La notte, signée Pierre & Gilles fait partie de ces standards ayant définitivement impressionné la pellicule de notre inconscient collectif. Symbole d’une dolce vita chic et cheap, au flouté adolescent. Le tout récent Les chansons de l’innocence retrouvée a, lui aussi, marqué les esprits avec l’étonnant cliché de Richard Dumas (Daho aux bras d’une capiteuse créature topless), provoquant des complications d’affichage dans un système médiatique invariablement pudibond.

La gestation de L’homme qui chante s’étale entre l’automne 2012 et l’été 2015 et peut se voir comme un documentaire graphique de la genèse du dernier disque de Daho : des balbutiements des maquettes à l’achèvement de la tournée Diskönoir, en passant par les aléas de la création, la machinerie complexe et rébarbative de l’industrie musicale et une appendicite transformée en péritonite aiguë qui fait dire au protagoniste, à un moment de doute, qu’il pense pouvoir être fier de son possible « disque posthume » !

 

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La force du projet tient au fait que Daho ait laissé la porte ouverte aux auteurs à chaque étape de ces trois années de création : qu’il s’agisse de prendre le thé chez lui, de travailler en studio, de répéter pour la tournée, de traîner dans Soho, l’impression d’absence de filtre rend la lecture très intime, dans une posture d’ouverture plutôt rare, à ce niveau d’exposition et de renommée. Ceux qui ne connaissent Daho que par ses chansons y découvriront un homme qui partage avec Bowie cette fringale jamais tarie de découverte permanente pour les Arts et la communication ainsi qu’une certaine appétence pour le contrôle, qu’il s’agisse de son image ou de sa musique.

Le choix de couleurs fauves et d’un trait enlevé, pour le dessinateur Alfred, colle à la dimension aérienne et sensuelle de Daho qui renvoie à son propos sur lui-même : « C’est si beau et si difficile, d’être profondément léger ». Et pourtant, au fil des pages, on réalise également que cette pseudo légèreté est le fruit de beaucoup de travail, d’interrogations, de remises en question. Paradoxe ou modestie, Daho revient souvent sur l’idée que ce sont « les chansons (qui) se servent de nous pour se matérialiser ». Le scénariste David Chauvel a orchestré le cheminement de ces trois années de façon chronologique, provoquant le sentiment inédit de vivre avec Daho toutes ces étapes.

Année de bien des consécrations, en surplus de ce bel ouvrage, l’épopée Daho s’accompagne d’un nouveau Best of, L’homme qui marche, incluant deux inédits et d’un documentaire à venir sur Arte, Etienne Daho, un itinéraire pop moderne. Mieux vaut un bon Etienne que deux « Tu l’auras » !

 

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Site ETIENNE DAHO

Blog DAVID CHAUVEL


Ce 21 novembre, ARTE diffuse dès 22h20 un documentaire de 52 minutes réalisé par Antoine Carlier avec entre autres la participation de : Olivier Assayas, Dominique A, Jane Birkin, Christophe Conte, Lou Doillon, Richard Dumas, Debbie Harry, Gérard Lefort, Elli Medeiros, Jean-Eric Perrin, Partrick Zelnik, …

 

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