DARIA : PROCHES DES GENS, POUR LONGTEMPS

Daria suit les postures de ses maîtres… Rester sincère, prendre du plaisir, garder l’humilité du rock, durer, durer, durer… Ce 4è disque des quatre angevins suit sa lignée dans une veine emocore pour faire court. Produit par un certain J.Robbins, Américain, sorti sur un label allemand, Daria s’inscrit plus dans un réseau spécialisé que dans une appartenance française, et ça, c’est plutôt un gage de qualité… Rencontre avec Camille, chanteur-guitariste.

Photo bandeau : Daria © DR

Daria avec ce nouveau disque, ça change quoi dans le groupe ?
Curieusement, je dirais que ce disque change peu de choses et presque tout pour le groupe. Peu de choses car c’est le 4eme album, nous existons depuis longtemps désormais et sommes donc dans cette continuité. En même temps, ce disque change presque tout. La manière dont il a été composé était nouvelle pour nous, nous n’avons pas beaucoup répété avant d’entrer en studio pour essayer de conserver une certaine fraîcheur et spontanéité. On s’est donc fait confiance en tant que musiciens, nouveauté également. Enfin, nous avons le sentiment que les choses bougent pour nous à Angers et en France. Dans une ère où les groupes se font et se défont au gré des hypes musicales, le fait que nous soyons toujours là depuis si longtemps inspire un regard différent aux professionnels par exemple. Je crois aussi que nous sommes plus conscients de notre parcours et de ce que nous accomplissons.

 

Vous avez orienté différemment votre musique ou c’est vraiment une continuité, une entièreté ?
Comme je te disais, il y avait vraiment une envie de spontanéité vis à vis des morceaux que nous allions enregistrer, c’est peut-être la seule « orientation » que nous avons réfléchie, et c’est nouveau pour nous. Quant à l’écriture des morceaux, nous n’avons pas changé grand chose, les morceaux sont venus progressivement, et ensuite nous avons fait le tri.

 

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Daria © DR

 

La présentation qui est faite de vous mentionne que vous allez au-delà des Thugs et de vos influences américaines (Fugazi et consorts). Que représentent ces influences pour vous, les Thugs et les Américains ?
Ces influences représentent la musique que nous aimons, qui nous habite depuis que nous avons 14 ans et donc celle qui nous a mené à prendre les instruments et monter un groupe.


Parle nous de J.Robbins, son approche, sa vision de votre groupe, votre collaboration ? Vous avez vécu un enregistrement vraiment différent ?
Oui, cet enregistrement était bien sûr différent car nous sommes allés à Baltimore aux Etats-Unis, pour le faire. J.Robbins voulait qu’on vienne chez lui et qu’on enregistre dans son studio –MagPie Cage Studio- et on a bien fait de le suivre ! Il était dans son élément, nous a proposé de faire cela de manière très live, 16 pistes sur un vieux magnéto à bandes et a vraiment offert une atmosphère idéale pour créer et poser sur bandes l’album que nous avions en tête. C’était des grosses journées de travail mais toujours ponctuées d’idées brillantes, d’arrangements, de nouveaux instruments… Au fond, cet enregistrement était nouveau car nous avons laissé une totale liberté artistique à J.Robbins –en production comme pour les mixs- et lui avons fait entièrement confiance. Et ce n’est pas choses aisée de confier un tel enjeu personnel et artistique à quelqu’un… J. a été au-delà de ce que l’on espérait.


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Daria et J.Robbins © DR


C’est un label allemand que vous rejoignez, Arctic Rodeo Recordings, peux-tu nous en dire quelques mots, comment vous êtes vous rencontrés, quelle approche de la musique ont-ils ?
Arctic Rodeo est un super label allemand que nous aimons depuis longtemps, et qui entre autre sort ou réedite pas mal de groupes ricains de la scène de Washington DC des années 90-2000. Ils nous avaient contacté pour nous dire qu’ils aimaient le groupe et notre dernier disque Red Red. Nous avons gardé contact jusqu’à leur envoyer Impossible Colours qui les a emballé et décidé à sortir ce disque à nos côtés. Leur approche en tant que label est pragmatique et rationnelle, ancrée dans la réalité de ce qu’est sortir un disque d’un groupe comme Daria, jouant une musique indépendante qui se conçoit sur le long terme et proche des gens, sur la route et aux concerts.


Sur ce disque, qu’est ce qui est raconté ?
C’est un disque qui parle de la fin d’un cycle, des inquiétudes face à l’avenir et aussi du poids du passé. En ça, c’est un disque assez intime en terme d’écriture. Il y a bien facilement autant de travail sur les textes que sur la musique dans Impossible Colours ; c’était déjà une démarche amorcée sur Red Red, mais il est vrai que j’ai apporté le plus grand soin possible à ces lignes… ça peut paraître étrange mais c’est vrai, et ça a pris beaucoup de temps !

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Vous démarrez une tournée qui débute à Nantes, passe par Paris, Angers… puis l’Angleterre et l’Allemagne, sans day-off, un vrai marathon, c’est une envie ?
En effet, nous entamons les hostilités en février sur une première partie de tournée qui va nous mener un peu partout, mais pour nous c’est toujours un plaisir de jouer. Ce début de tournée est d’autant plus excitante que J.Robbins, le producteur du disque donc et petit patron de l’indie rock ricain (Jawbox, Burning Airlines etc) nous fait l’honneur de nous accompagner sur quasiment l’ensemble des dates. Il jouera en solo mais sera aussi le 5eme membre du groupe durant les concerts de Daria. Pour nous, c’est incroyable et un rêve de mômes. Le live est notre terrain d’expression favori et nous comptons vraiment jouer un maximum pour défendre cet album. On fera le total des kilomètres du « marathon » à la fin de la tournée, d’ici peut-être un an et demi, deux ans, mais je pense qu’à la ligne d’arrivée on boira un coup de flotte au stand, s’essuiera la figure avec une serviette et on voudra repartir le plus vite possible.


La version live va prendre quelle(s) tournure(s) ?
Comme je te disais, pour cette tournée d’hiver, le live sera particulier car nous serons 5 sur scène au lieu de 4. En concert, on espère offrir une expérience sincère et authentique, à l’image de ce que l’on a souhaité faire sur l’album. 4 personnes qui jouent la musique qu’ils aiment de la façon la plus honnête possible. Pour les 20 ans du groupe, promis on se met à la pyrotechnie !


Vous êtes angevins, quel serait votre coup de coeur local et pourquoi celui-là ?
Oui, nous sommes angevins et notre dernier coup de cœur local je pense que c’est le projet hip-hop Rezinsky, intelligent, efficace et bien mené.


C’est quoi les couleurs impossibles ?
On trouvait que c’était deux mots qui curieusement allaient bien ensemble. De façon plus terre à terre, google nous dit que c’est un phénomène optique.

Site DARIA

Rédactrice en chef de ce site internet, chargée d'info-ressources à Trempo. Passionnée évidemment par la musique, toutes les musiques, mais aussi par la mer et la voile, les chevaux, la cuisine et plein d'autres choses.

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