DBSTRASSE : CARNET DE BORD SONORE

Batteur, accordéoniste chromatique puis guitariste, Benjamin Durand apprend la musique dès 7 ans. Après avoir rejoint le Conservatoire de Nantes, il sortira un tout premier ep en 2009 en compagnie d’Alban Chauveau, avant de publier l’album « Le long de la grève ». Sur ce disque, la chanson « Rendez-vous » est chantée par Doris. Le début d’une collaboration qui mène à la création du duo. Ce duo vivra quelques mois à Berlin et revient avec un disque dans la valise, disque qui sortira eu printemps prochain. Rencontre avec Doris et Benjamin autour de ce séjour et du prochain disque.

Photo bandeau Tempelhof – Berlin © Anabelle Durand

A l’origine projet solo, désormais duo, grâce à ce séjour de deux ans à Berlin, peux-tu préciser un peu cette évolution ?
Benjamin : La chanson « Rendez-vous » qui se trouve sur mon premier disque a eu de très bons échos. On me disait souvent « ça sonne bien vos deux voix… ». J’avais également envie pour mon prochain disque d’avoir une interprète féminine, d’écrire une histoire qui serait jouée à deux. À Berlin, Doris et moi avons développé un répertoire en duo. Nous avions deux spectacles : un répertoire pop-jazz acoustique revisitant les chansons de Gainsbourg et mes propres chansons. Au fil des concerts, mes chansons, interprétées auparavant seul, devenaient duo… Doris qui n’était qu’invitée sur quelques titres, a naturellement trouvé sa place. Je redécouvrais alors moi-même mes propres chansons. Le duo leur donnait une nouvelle parure. Donc oui, très logiquement, l’idée de continuer en duo s’est imposée.

Le projet est devenu DBStrasse, en clin d’oeil à la rue où vous viviez et aussi les initiales de vos prénoms (Doris et Benjamin), qu’est-ce que vous retenez de ce séjour, d’un point de vue musical mais aussi humain ?
Doris : L’ambiance particulière de Berlin, une vivacité culturelle incroyable et en même temps une forme d’apaisement et de calme. Tout participe dans cette ville à une véritable émulation entre musiciens. Le territoire est riche d’une multitude de lieux, propices à la création et aux rencontres.
B : Grâce à ma bourse OFAJ, j’ai vraiment pu me consacrer pleinement à la création, car en France, je suis aussi musicien-intervenant et enseignant. Cela a été très agréable de se forger un œil neuf. D’un point de vue humain, Berlin est géniale, à la fois cool et dynamique. J’ai l’impression qu’on ne se marche pas dessus, que chacun peut s’exprimer, vivre à sa guise. D’un point de vue musical, je retiendrais la curiosité des Allemands pour la langue française, on nous demandait souvent la signification de telle ou telle chanson. Lorsqu’on jouait Gainsbourg, il y avait aussi une bonne écoute, les Berlinois nous citaient souvent « Je t’aime, moi non plus » et « La Javanaise ». En ce qui concerne les concerts, j’ai apprécié le fait qu’on nous donne facilement notre chance. Et aussi les rencontres d’une soirée, jouer dans une galerie d’art auto-gérée, partager la scène avec une performance de danse, bœufer avec un contrebassiste japonais fan de l’homme à la tête de chou…

 

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DBStrasse – Berlin © Anabelle Durand

 

Croyez-vous qu’un endroit soit clairement source d’inspiration et dans quelle mesure ?
D : Je pense en premier lieu au Landwehrkanal, à côté duquel nous habitions. Les déambulations au bord de l’eau ont été un moment privilégié de réflexion. Une autre chanson (qui ne figure pas sur l’ep), « J’aime danser » a pris pour point de départ les nombreux clubs berlinois et la vie nocturne.
B : Oui, Tempelhof nous a directement inspiré pour un titre…C’est l’ancien aéroport de la ville. C’est un endroit magique depuis que sa fonction première a été détournée. En effet, un aéroport symbolise plutôt l’activité marchande frénétique, une certaine vision d’un monde capitaliste. Ici, Tempelhof est devenu un symbole de l’oisiveté, d’un monde récréatif où les habitants réinvestissent et réenchantent ce lieu. On y fait du vélo, on pique-nique, il y a des jardins potagers, des cerf-volants… Bref, c’est un endroit au temps suspendu et aux charmes certains.

Qu’est-ce qu’il y a dans ce disque que vous n’auriez sans doute pas intégré si vous étiez restés à Nantes ?
D. et B. : Toute l’histoire de ce disque (ce sera une sorte d’album-concept). Le premier titre évoque le départ « Road Trip » par exemple, le fait de partir. « Tempelhof » décrit l’ancien aéroport où nous sommes allés maintes fois…

 

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Tempelhof – Berlin © Anabelle Durand

 

Un ep sort en mars 2016, vous avez recouru au crowdfunding avec un objectif de 900€ atteint, comment considèrez-vous ce type de financement, et sans lui auriez-vous pu sortir le disque ?
B : Notre crowfunding impliquait deux choses je pense. D’un côté, une forme de souscription pour les personnes souhaitant pré-commander l’EP, d’un autre côté, un projet auquel on demande de croire, d’adhérer, une sorte de petit pari qui semble dire « vous avez les cartes en main pour aider ce projet ». Après, pour la production du disque, nous sommes en dessous du coût réel (idéalement, il nous faudrait 1200 euros) mais le fait que certaines personnes nous financent, et donc nous produisent, nous pousse et nous responsabilise. Il y a une plus grande transparence aussi.

Des concerts à venir ?
D. et B. : Nous préparons un set live pour la release party. Nous espérons jouer à Nantes et à Berlin. Cela aurait du sens pour nous.

 

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Spree Park – Berlin © Doris Abela

 

Votre groupe ou artiste berlinois fétiche ?
D : Je pense immédiatement au musicien Edgar Froese et à son groupe Tangerine Dream ! Un style inclassable, aux prémices de la musique électronique.
B : Difficile de ne nommer qu’un groupe, il y a eu plein de belles choses à voir et entendre. On pourra citer Thomas Azier qui vit à Berlin, jeune artiste hollandais qui joue une électro-pop plutôt chouette, une belle découverte en live. Et la chanson « Supergeil » pour rire un peu, un clip pub pour une chaîne de grande surface avec un acteur un peu vieillissant (Friedrich Liechtenstein), un petit buzz au moment de sa diffusion. Mais aussi tous les petits lieux culturels dans lesquels se cachent des pépites !

 

Bandcamp DBSTRASSE

Rédactrice en chef de ce site internet, chargée d'info-ressources à Trempo. Passionnée évidemment par la musique, toutes les musiques, mais aussi par la mer et la voile, les chevaux, la cuisine et plein d'autres choses.

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