Alors que Marty McFly s’apprête à débarquer dans notre futur d’ici quelques jours, l’association nantaise Deep Soundz propose un voyage à rebours qui swing… Une immersion musicale entre les années 30 et les années 60 sous forme de soirée: la SoulShakers Vintage Party. La deuxième édition a lieu ce vendredi 9 octobre au Rond-Point, à Nantes. L’occasion pour nous de poser quelques questions au meneur du projet, Tom Select, DJ diffuseur de couleurs musicales.
Photo bandeau © Lorraine Blourde
Qui se cache derrière l’association Deep Soundz?
Alors je m’appelle Thomas Tellez alias Tom Select, DJ et co-animateur de l’émission Take Jazz sur Radio Prun’. Je suis membre actif et DJ résident de l’association Deep Soundz. Elle-même présidée par mon collègue d’émission, François Potier (la partie secrétariat-trésorerie étant prise en charge par mon frère Benoît Tellez). Et à ce petit noyau, s’ajoute une quinzaine de bénévoles.
Qu’est-ce qui vous a motivé pour créer cette asso?
L’envie de défendre des musiques oubliées ou sous-représentées, et ceci en organisant des événements originaux ou à contre-courants. Les esthétiques musicales pour lesquelles nous avons le plus d’affinités sont la soul, le jazz, le rythm and blues et le funk, mais nous restons ouverts à tous les styles.
J’en veux pour preuve l’événement « Cool Garden », qui s’est déroulé pour son 3e dimanche, le 27 septembre dernier, derrière le Château du Tertre au bord de l’Erdre. La thématique musicale que nous recherchons pour cet événement ne correspond pas à un style, mais à une couleur, une atmosphère, je dirais même une philosophie. L’idée nous est venue avec un ami, Blacksad, de proposer un événement où l’on pourrait partager toutes les musiques que nous ne pouvons habituellement pas jouer en soirées parce que soumis au diktat du dancefloor. Tous les styles peuvent correspondre à partir du moment où les sonorités sont tranquilles, planantes et en harmonie avec la cadre naturel. En fait, on espère apporter aux participants un dimanche posé, où ils pourront se ressourcer, faire le plein de bien-être. On pense d’ailleurs à un espace massage pour les prochaines éditions en juin…
Gloria Jones – Tainted love (l’original, conseillé par Tom Select)
A Nantes, et de manière plus large dans les Pays de la Loire, la soul a une visibilité plutôt réduite par rapport au rock, au hip hop, à l’électro ou encore au jazz, des genres qui ont leurs structures et leurs événements porteurs… Est-ce que la création du projet viendrait aussi de ce manque-là?
Je ne dirais pas qu’on a créé l’asso pour cette raison-là. C’est juste qu’on avait vraiment envie de défendre une certaine idée de la musique, les musiques sous-représentées et pas que la soul, sans qu’il soit question d’étiquette. Mais en effet, pour ce qui est de la soul, je suis toujours un peu déçu lorsque je vois Sharon Jones, Lee Fields ou encore Charles Bradley programmés au Chabada à Angers ou encore au VIP à Saint-Nazaire. Sur Nantes, beaucoup d’amateurs de musiques afro-américaines des années 50 aux années 70 ne s’y retrouvent pas en ce qui concerne l’offre musicale proposée, surtout lorsqu’il s’agit de concerts live. Par exemple, comment se fait-il que Vaudou Game n’ait pas encore été programmé sur Nantes ???
En avril dernier, vous avez lancé le concept de la SoulShakers Vintage party. D’où vient ce nom?
Je ne sais pas exactement d’où provient cette expression, mais pour moi ça correspond à d’excellentes compilations sorties chez le label Record Kicks. On a ensuite rajouté « Vintage Party » pour exposer clairement l’esprit de la soirée.
Ce type de soirée nous fait vraiment voyager dans le temps entre concert, DJ sets, danse et coiffure vintage… C’était le but en choisissant un tel programme d’immersion?
Oui complétement ! Au tout départ, on voulait une soirée qui couvre musicalement la période des années 30 aux années 60. Pour pouvoir y entendre du swing, du jump blues, du R&B, de la soul, du mambo, du boogaloo… Et aussi les prémices du funk !
Et puis, on a été aussi inspiré par une grosse soirée à Caen qui s’appelle « le Week-End commence ici », plutôt ciblée sixties, mais dont l’ampleur et le délire nous ont tout de suite fasciné ! Tout le monde y était beau et j’avoue avoir pris un plaisir particulier à faire la fête tout en étant classe, c’est l’esprit qu’on recherche pour la SoulShakers ! D’ailleurs les coiffeurs de Pop’n Cut font partie intégrante du concept. On a conçu avec eux un répertoire de coiffures types, des années 30 aux 60’s. Chaque coiffure est réalisable en un quart d’heure pour qu’un grand nombre de personnes puisse en profiter. Et l’effet sur la soirée est immédiat ! On est tous transporté dans le temps, tout ça sans Dolorean ni convecteur spatio-temporel…
Après Gemma & the Travellers lors de la 1ère édition, vous avez invité le Bermuda Brass Band (fanfare au funk tapageur) pour ce vendredi 9 octobre. Comment se fait la programmation musicale?
Pour l’instant c’est moi qui m’occupe de cette partie. Les groupes programmés doivent nécessairement « coller » à l’esthétique de la soirée: le vintage, des années 30 aux années 60. Nous essaierons dans la mesure du possible de toujours programmer un groupe de musiciens, car rien ne remplace la musique jouée live en termes d’émotion brute. En revanche, rien ne pourra remplacer le DJ sélecteur, dans la multiplicité des sonorités, des formations musicales et des époques qu’il vous fera traverser. Disons qu’il en faut pour tous les goûts!
Le Bermuda Brass Band est une formation nantaise. Est-ce qu’il y a d’autres groupes ou artistes du coin et dans l’esthétique soul que vous aimez/et souhaiteriez soutenir?
Oui, bien sûr, même si je ne vois pas de groupe de soul au sens strict du terme. Il y a, par exemple, Elodie Rama, qui est déjà renommée, et des artistes montants comme Audrey Lopes ou Joe Michel.
Que faire pour se préparer à cette soirée SoulShakers et être au top ?!
La Soulshakers – Vintage Party balaie quatre décennies aux couleurs artistiques très différentes tant sur le plan musical que sur la mode ou les danses. Il y a donc de quoi faire.
Pour se vêtir, ne pas hésiter à regarder les différentes modes de ces époques sur Internet. La série « Peaky Blinders », par exemple, est parfaite pour s’imprégner de l’ambiance des années 20, qui se rapproche beaucoup de celle des années 30; et « Mad Men » retrace l’Amérique des années 60. Il est également possible de se rendre chez la Môme Vintage, friperie rue de Strasbourg à Nantes, où vous pourrez dénicher des vêtements vintage à petits prix et Sophie sera ravie de vous donner des conseils.
Cette 2ème édition sera d’avantage tournée vers la Northern Soul, avec l’initiation danse de Julie et le DJ set de Paul Pozition. Pour en savoir plus, le film « Northern Soul » est parfait pour y saisir l’ambiance musicale et appréhender la danse. Il existe également le film « Soulboy »; et on trouve beaucoup de vidéos sur le net.
Avez-vous d’autres projets en cours avec l’asso Deep Soundz?
Pas de nouveau projet dans un avenir proche, l’objectif est d’abord de consolider et d’étoffer les projets actuels, tels que la Soulshakers et la Cool Garden, tout en structurant l’asso. Toutefois on pense organiser des conférences sur des thématiques en jazz un de ces quatre…
Souvenir de la SoulShakers #1 © Lorraine Blourde
