DELTAS – L’EAU POUR LA CONTEMPLATION

Premier véritable album d’un trio magique réunissant Andra, musicien de Tiken Jah Fakoly, Richard des Lo Jo et Vincent claviériste de Zenzile, Ligerian Blues fait se croiser les cordes, se mêler les cultures, se fondre une amitié, naître un imaginaire en nous, apaisé et délicat. Enregistrés en bord de Loire, à La Fontaine du Monts, les chansons de Deltas s’écoutent pour se retrouver, comme on se retrouve au regard d’un paysage. Rencontre avec Vincent

Toutes photos : Deltas © Ulrike Monso

Quels point(s) commun(s) ont les eaux ligériennes et maliennes ?
La Loire et le fleuve Niger sont deux fleuves qui se ressemblent énormément malgré la distance et des conditions météos totalement différentes. Des paysages magnifiques portant vers la contemplation.

En faisant le parallèle entre la Loire et les deltas du Mékong, du Niger ou encore du Mississippi, pensez-vous que la force de la nature est source d’inspiration ?
La nature nous entoure, elle nous porte, bien que l’être humain semble l’avoir oubliée. Les fleuves sont pour nous une image de la fluidité, comme la musique de Deltas que nous essayons de rendre paisible, ondulante et sereine. Les eaux des deltas irriguent les vallées comme les vaisseaux sanguins irriguent nos corps.

Sur quels partis pris vos avis se rejoignent ou peuvent différer au sein du groupe ?
Nos avis se rejoignent plus que ne divergent surtout dans le fait que Deltas nous correspond. C’est simplement notre bien être ensemble, et la volonté d un partage culturel fort qui nous a amené à créer notre projet Deltas. Comme le dit Andra, c’est notre famille musique, et notre amitié fraternelle est indissociable de ce que l’on joue.

Est-ce que cette « appartenance » à Deltas a modifié chez vous le rapport à la musique que vous aviez et que vous avez avec vos groupes respectifs ?
Je crois que chacun d’entre nous s’enrichit de cette collaboration et cela rejaillit dans tout ce que l’on peut faire en dehors de Deltas. Deltas est véritablement le fruit d’un échange entre nos deux cultures (française et malienne) et surtout l’envie de créer une identité propre hors des canons de nos deux cultures. C’est un métissage et aujourd’hui, c’est devenu vital d’aller dans ce sens, être ouvert sur les autres et sur notre monde, tout en proposant une expression artistique personnelle.

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Vous avez auparavant sorti un 45t et un 7 titres sur Kazamix Records. Voici l’heure du 1er véritable album. Qu’est ce que cela représente pour vous ?
Cet album est le fruit de plusieurs années de collaborations, périodes par périodes. Le fait que Super Records et Buda Musique nous aient donné la possibilité de lui faire voir le jour, cela nous remplit de bonheur et de fierté. Et si ce disque apporte du bonheur a ceux qui l écoutent, notre plaisir n’en sera que plus fort.

Les visuels du premier disque sorti en 2013 et de celui-ci ont ceci en commun qu’ils représentent une main. Quelle est la symbolique s’il y en a une ?
Le choix de la main n’est pas anodin. Les mains jouent la musique. Par les lignes, elles sont aussi notre identité, la cartographie de notre corps. C’est donc très similaire avec les fleuves …

La biographie dit que « Cet album est la suite logique d’une histoire qui a commencé il y a 30 ans il mûrit depuis 5 ans avec l’arrivée de Andra Kouyaté ». Comment depuis 30 ans ?
Je pense que Richard voulait dire par là qu’après 30 ans de musique (pour lui), ce disque est donc l’étape en cours de nos vies de musiciens.

Vous avez enregistré au studio de La Fontaine du Mont, pourquoi pas à Bamako ?
Pour ce disque, nous sommes resté en bord de Loire pour des raisons pratiques et financières. Ayant eu la possibilité d’enregistrer à La Fontaine du Monts, lieu géré par la famille Lo Jo, nous n’avons pas hésiter une seconde. Je profite de ce petit espace pour remercier encore Denis Péan pour l’accueil qui nous a été fait. Pour ce qui est de partir à Bamako pour enregistrer, pourquoi pas le prochain.

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Plusieurs projets inspirés de musique malienne comme Stranded Horse se retrouve à jouer dans des salles « rock », à figurer sur des labels rock. Pensez-vous que cette musique parle particulièrement à un public large ? Et si oui, pour quelle(s) raison(s) ?
Partout ou les gens nous inviteront pour jouer, nous irons. Et si les musiques telles que la notre se retrouvent plus souvent dans des salles de musiques actuelles, c’est que la diversité est en marche. De toute façon, à mon sens, la musique est trans générationnelle et peut être qu’une certaine douceur dégagée de ces musiques contemplatives est parfois une bouffée d’oxygène dans ce monde brutal et frénétique.

Quelle serait la meilleure chose qui puisse vous arriver ?
Que notre projet trouve un écho assez large qui nous permette de faire voyager notre musique à travers le monde et pendant le plus longtemps possible… Et que notre amitié grandisse encore à en devenir une famille.

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Rédactrice en chef de ce site internet, chargée d'info-ressources à Trempo. Passionnée évidemment par la musique, toutes les musiques, mais aussi par la mer et la voile, les chevaux, la cuisine et plein d'autres choses.

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