DERBY DERBY – LOVE/DANCE

Loin de la tapageuse équipe des Roller Derby Girls nantaises, célébrées dans le récent clip de Katerine, Compliqué, le derby dont on va parler ici est au carré – Derby Derby –, masculin et axé sur un triolisme d’obédience résolument expérimental, bruitiste et ambient.
Ce premier album la joue single puisqu’il consiste en deux longues plages enchaînées, Love puis Dance, qui baptisent de manière humoristique ce copieux essai. Le power trio est constitué de Sylvain Didou à la basse, de Fabrice L’houtellier à la batterie et de Alan Regardin à la trompette électrifiée. Fine équipe, s’il en est.
Dès l’ouverture, le cadre est posé : passé une intro oppressante et cinématographique, la batterie se fait martiale pour être rejointe, quelques minutes après, par un basse tout aussi austère qu’obsédante. L’ensemble vient enrober un drone chamanique de trompette qui fait des clins d’œil à Tony Conrad (le fameux violoniste minimaliste vu aux côtés du Dream Syndicate, de La Monte Young, de Charlemagne Palestine ou de Faust) ou John Cale, dans les prémices du Velvet Underground ou du premier Stooges (avec le méditatif We will fall)… On songe parfois à la belle économie de moyens rencontrée chez les californiens de Om ou d’autres combos stoner expérimentaux… Le temps s’étire, le son est épais et, vingt minutes de transe plus tard, on fond dans la partie Dance, qui voit la batterie prendre un accent plus rock et la basse se libérer de sa servitude volontaire. Les volutes de trompette se multiplient, avec des motifs abrasifs qui viennent surpiquer le canevas du groupe à la façon d’une guitare free et noise.
Bien que rattachés à une scène jazz et expérimentale – justifiant leur présence sur le label nantais Ormo Records – Derby Derby porte en lui une énergie brute très communicative qui plaira à une palette bien plus étendue d’aficionados de musique globalement libre et dionysiaque, au-delà des chapelles habituelles du genre.
D’outre-tombe, Timothy Leary nous guide sur la façon de recevoir ce disque de Derby Derby : «Turn on, tune in, drop out » !

Photo bandeau : Derby Derby – Michael Parque

 

Site DERBY DERBY

2 Commentaires

  • Répondre mars 7, 2017

    Parque Michael

    Bonjour,
    J’ai beau chercher je ne vois pas mon crédit photo dans votre article, merci de corriger.

    • Répondre mars 8, 2017

      Cécile Arnoux

      le groupe ne l’avait pas précisé, mais c’est rajouté.

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