Ce samedi soir à Nantes se déroulait la Sweatlodge Party d’hiver, soirée placée sous le signe de la duplicité : la Double Face Party a enflammé Stereolux pendant près de six heures de basses tonnantes, de costumes délirants et d’une foule animée à la sauce bipolaire ! Les trois scènes de Stereolux ont balancé des vibrations chamarrées aux 1600 férus de fête débridée.
Toutes photos © Morgane Lesné
Le hall accueille des DJs déjantés venus d’ailleurs, balançant des tunes ovniesques, à l’image de Crabe (Bruxelles) – son à mi-chemin entre le hardcore, le punk, indescriptible et génial – et sa voix dirty à souhait ou bien encore G-Ger Sound System (Lorient) place des tunes techno à la limite de l’acid, puis intercale au fur et à mesure de la soirée des sets funky électro-rock.
Autant dire que la jonction entre la Maxi et la Micro sert de piste de danse délurée – entre le fumoir et le bar il y a foule d’un bout à l’autre… Vers l’entrée, un entresort typiquement sweatlodgien accueille les hôtes non costumés : la Cellule de Déguisement où six clown-gardes se tiennent, allure de l’Armée Rouge mais dont les médailles symbolisent des têtes-de-mort plutôt que des faucilles. Tu entres, tu sors, nez rouge sur le front et paillettes à gogo – sur l’intonation vibrante « Et… Bonne sooiiiirée ! ». Plus loin, encastrée au fond du Hall, La Machine à Rythmes propose son installation interactive de création sonore, au beat marqué par le pédalier s’ajoute un choix de basses, de médium et d’aigus que tu intercales à ton bon vouloir, la machine tourne en direct et balance de l’original sound.
La Micro est investi du crew des Fantastiks – scéno et déco en couleurs, modules au plafond sur lesquels se posent des images jungle exotiques, la salle donne le ton des vibrations attendues ce soir. Les artistes d’Organic Soul envoie un set aux couleurs cubaines, soul-reggae soutenu par la voix groove et jazzy de la chanteuse Yoalis. Les Fantastiks se déchaînent et balancent de l’électrodub agrémentée de percussions poussives. L’équipe des Djs en collants, capes et bandeaux noirs animent une salle blindée et dansante dont la jauge ne désemplit pas. Le crew est rejoint par Rootystep et Merry de Stand High Patrol… Les musiciens s’en donnent à cœur joie, jusqu’à la dernière minute.
Entre-temps, au croisement des différentes places de la soirée, les costumes des participants montrent la motivation des loustics nantais qui se prêtent au jeu de la transfiguration et du changement d’identité… Le lâcher-prise que permet la musique électro – sous toutes ses formes – et l’ambiance festive des SweatLodge Party prend une ampleur grandiose au travers du costume, du masque et des maquillages rocambolesques qu’elles vectorisent à plein régime.
Au-dehors, alors que la file d’attente pour accéder à Stereolux s’allonge (une bonne centaine de mètres), un camion est adossé à la billetterie de la salle : vivres, denrées alimentaires de base, vêtements et matériels de camping sont collectés par Artists In Action, collectif solidaire des migrants et portés par les sound system initiateur de la Free Party en France. Le coté festif de la soirée s’inscrit comme corrélatif du mouvement de solidarité envers les personnes vivant dans « La Jungle » de Calais – lieu servant de camp de transit entre la France et le Royaume-Uni pour des milliers de migrants fuyant leurs pays.
Du coté de la Maxi, ambiance dark, noise et indus’… La DoubleFace prend tout son sens : l’électro à forte tendance techno y est célébrée, au moyen d’une qualité sonore fine. Le warm-up noise de Reid Hope King est rapidement suivi de la performance électro-visuelle de Temps Réel, la fosse est déjà noire de monde et mouvante à souhait. Vers 1h30 s’installe Redux sur scène, plateau de gauche. Entouré de palissades se couvrant de teintes violettes ou bleutées, le DJ nantais entame un set d’une heure sur une tonalité technoïde au bpm élevé et à base d’une ligne de basse qui tabasse… Du fond de la salle, on voit la foule qui se déhanche et remue, l’installation visuelle située au-dessus de la fosse habille le plafond de jeux de lumière en zigzag. Des faisceaux luminescents rouges, jaunes, blancs traversent l’espace de part et d’autre de la Maxi tandis que les deux hibouchats de SweatLodge, placés en miroir, encadrent la scène. Joefarr prend la relève sur le plateau situé à droite, ambiance sombre et envolées sonores en haute altitude, impossible de ne pas se laisser aller à taper du pied et à battre le rythme ardu avec le reste du corps.
De toute part se croisent des mi-hommes mi-femmes, des mi-zombies mi-humains, des pandas, et autres animaux à fourrure synthétique, des mi-putes mi-vierges, des chemises mi-fleurs mi-rayures… La dualité a pris toute sa place et l’imaginaire de la DoubleFace a répondu à l’appel multiple des désirs sonores : l’électro – dub et techno – dans toute sa splendeur.