La 3è édition du Dub Camp se tiendra Nord-Loire, la 3è édition du Dub Camp sera internationale, pointue, variée, intergénérationnelle, brillament conçue par Get Up, son programmateur et une commission d’adhérents, avec, en marge de la musique, un certain nombre de partis pris respectant l’environnement, l’accueil du public, le commerce local. A quelques jours de l’évènement, rencontre avec Marine et Romuald, aussi impatients qu’enthousiastes…
Photo bandeau : Dub Camp © David Gallard
Vous présentez le festival comme le 1er festival européen entièrement dédié à la culture sound-system en extérieur. Pourquoi n’y en a-t-il pas eu auparavant ?
Marine : Le mouvement sound-system est très underground, le sound-system existe dans des festivals reggae mais toujours sur les petites scènes. Depuis 2008, on organise avec Get Up des soirées sound-system qui fonctionnent bien. En 2013, on est allés à l’Unod, festival anglais de sound-system, festival en intérieur. On s’est dit qu’il fallait faire la proposition en extérieur, et qu’il fallait franchir le pas du festival vu que nos soirées fonctionnaient bien.
Votre public vient d’Angleterre ?
Romuald : On a fait une étude de public l’an passé qui a révélé que 5% des gens viennent de l’étranger, 20% sont issus de Nantes Métropole, 40% hors département. Pour ce qui est des pays, on peut citer les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Australie, l’Italie, le Danemark, le Mexique, la Nouvelle-Zélande ou encore le Japon.
M : Cela vient de l’aspect spécialisé du festival, et nous faisons un énorme effort sur la communication via des réseaux spécialisés, les réseaux sociaux bien entendu.
Aba shanti © David Gallard
C’est l’ambition que vous vous donnez ce côté international, à la fois dans la programmation mais aussi du public ?
R : C’est une communauté, des gens passionnés, prêts à faire des kilomètres pour venir en payant 90€ d’emblée pour le pass. Pour nous, c’est vraiment gratifiant de savoir que les gens viennent pour la musique et la programmation qui est variée et fournie avec les sous-catégories de reggae qui sont toutes représentées. Cela étant, on est passés à 4 jours mais à terme, on ne souhaite pas que le festival grossisse plus que ça. On reste à 7000 personnes par jour en termes de capacité. Le festival portera l’asso Get Up à terme, on reste une petite équipe, on veut préserver l’esprit familial.
M : On a une centaine d’adhérents, tout se fait avec eux, ces adhérents veulent garder cet esprit. Les retours du public sont très positifs sur ce qui est du format, de l’accueil.
Vous trouvez un équilibre financier sur cette jauge ?
R : La 1ère année, on a perdu des sous, la 2è on en a gagné, cette année, on ne sait pas. Le nouveau site induit beaucoup de frais techniques, 33% de plus, la jauge un peu plus grande va nous permettre d’absorber ces frais, mais peut-être pas totalement. On a plus de loc que l’an passé à la même période, on sait aussi que l’on vend beaucoup de places la dernière semaine. Le samedi étant complet l’an dernier, les gens n’ont sans doute pas voulu connaître la mésaventure.
Alors, ce nouveau site ? Vous quittez Pellerin pour Carquefou, pour quelles raisons ?
R : Pour des raisons réglementaires. Le site est classé sur une zone Natura 2000, on a eu deux ans d’autorisation, mais pour cette année la DREAL n’a pas souhaité renouveler l’autorisation, même si on nous sommes restés en très bon terme. On a sollicité énormément de mairies de la Métropole, Carquefou a répondu rapidement présent. Le site est proche de riverains, on va tester, on ne sait pas si on pourra réitérer l’an prochain. C’est une situation compliquée, on espère vraiment avoir un lieu définitif.
M : Le gros avantage de ce nouveau site est la proximité, tout est proche de tout, ce sera confort pour les festivaliers. Concernant les riverains, on a eu des réunions pour présenter les choses, et tout se passe au mieux.
Concernant la programmation, son côté inter-générationnel propre au mouvement, c’est une priorité pour vous ?
M : Oui, tout à fait. Les pionniers encore vivants des débuts du reggae sont des personnes que l’on respecte énormément, c’est un honneur de recevoir U-Roy, Prince Alla, Johnny Clarke… sur le festival. On mêle beaucoup de styles encore une fois, du reggae roots jamaïcain au dub (Panda Dub).
R : La programmation est pensée par Olivier et une commission d’adhérents de l’asso. C’est une affaire de dosage par style, par chapiteau, un travail de connaisseurs, un travail collectif.
M : On a voulu aussi faire jouer des sounds français et locaux, on est sur 1/3 d’artistes français et 2/3 d’étrangers. Pour ce qui est des sonos, c’est moitié moitié. Ca reste malgré tout une culture anglo-saxonne.
Nantes est une ville de sound-systems, de reggae ?
M : Il y a beaucoup de soirées sound-systems, les Dub Expérience organisés par RDH Hi-Fi par exemple, Get Up organise des Dub Club. Pour ce qui est des sonos, y en a 4 sur Nantes. Sur les formats Dub Club, il n’y a que Zion Gate qui peut poser. Pour ce qui est des selectors, il y en a beaucoup. Il y a toujours le souci de trouver des lieux à Nantes, les soirées se passent davantage en campagne. Il y a aussi des groupes comme Zgoaya, Moja, Bi.ba, One seed… Et puis, on organise aussi des soirées à Stereolux, on fait souvent complet. Il y a un public, un public qui nous fait aussi confiance.
Axis Valv-A-Tron © David Gallard
Pour revenir, au festival, de quel autre festival vous sentez-vous proche ?
M : Je dirai Couvre Feu. Olivier le directeur a démarré comme bénévole là-bas. La culture chapiteau, le bénévolat, le système D seraient les points communs entre nos deux festivals.
L’aspect développement durable, accès aux handicapés etc, tout cela fait plus que jamais partie intégrante du projet ?
R : Tout cela fait partie des ambitions et des valeurs de l’asso, ses salariés et ses adhérents. On a un certain nombre d’actions respectueuses de l’environnement comme les gobelets réutilisables, vaisselle compostable, les toilettes sèches, des partenaires locaux comme la Brasserie du Bouffay, le tri. 65% des déchets ont été valorisés lors de la dernière édition.
M : À terme, le public doit trier lui-même, on passe du temps à expliquer toutes ces démarches. Pour ce qui est des produits, ils sont tous bio et locaux, beaucoup de propositions végétariennes. On travaille des agriculteurs locaux via Terroir 44, les Paniers Solidaires, le Jardin de Cocagne. On collabore aussi avec l’Atelier du Retz Emploi par rapport au mobilier, à la vaisselle, de la récup’ pour la déco, on favorise le transport doux avec des propositions de covoiturage via une page facebook, des navettes de bus qui relient l’aéroport au festival en passant par la gare, ainsi que des navettes gratuites depuis le site du festival jusqu’à Haluchère, de 2h à 5h du matin. Tout ceci avec un peu d’huile de coude correspond à la philosophie du festival.
R : On met en place un point apport volontaire sur le site, il s’agit d’un espace où des bénévoles de l’asso Aremacs qui récupère les déchets et les restes de restauration. Sur l’accessibilité, on travaille avec Quest’handi, on a mis en place des « zones » pour les personnes à mobilité réduite, femmes enceintes, on donne la gratuité aux accompagnants de porteurs de carte d’invalidité, les toilettes sont accessibles aux PMR, des douches pour les personnes en fauteuil.
M : Tous les ans, on essaie de progresser, on apprend en faisant.
Channel One © Marta Rodríguez de Tena
Quel est le concert que vous attendez le plus ?
M : La session reggae sisters qui aura lieu le dimanche, c’est quelque chose de rare que de proposer une session avec uniquement des femmes.
La place de la femme a tendance à changer un peu dans le milieu reggae ?
M : Oui, la culture sound-system se démocratisant, elle se démocratise aussi dans ce sens. Mais il y a peu de groupes live avec des femmes, c’est un fait.
R : Pour nous, c’est un honneur de proposer ce plateau de femmes. J’attends aussi beaucoup les prestations de Zion Gate, Kebra Ethiopia, d’Axis et Dub Addict. Mais plus globalement, on attend de voir les gens contents, on l’espère, de voir les gens danser, c’est un travail de plusieurs mois, et le festival est l’aboutissement du travail.