EAGLES GIFT – THE BOYS ARE BACK IN TOWN

Un 2è album, An Astral Journey, sorti au début de l’automne, suivi d’une première vraie tournée française : le psyché rock des Angevins d’Eagles Gift a le vent en poupe en cette fin d’année 2016. Rencontre avec le chanteur-guitariste et fondateur du groupe Romain Lejeune.

Photo bandeau : Eagles Gift – Titouan Massé
Autres photos : Nicolas Meurillon



Alors, cette fin de tournée française ?
Oui, on a terminé à Amiens, début novembre. Dix dates au total. Maintenant on travaille avec un tourneur, mais à nos débuts on faisait tout nous-mêmes. Comme les autres groupes d’Angers, on faisait quelques dates à droite à et gauche, mais ça restait sporadique. Cette fois, c’était plus « pro », beaucoup moins à l’arrache que d’habitude, mais du coup c’était aussi très cool !

L’accueil du public ?
On a eu droit à un peu de tout. C’était principalement dans des salles conventionnées, des SMAC, comme celle du Chabada. On a fait quasiment que des premières parties (Yak, DeWolff…), donc ça dépendait des artistes avec qui on partageait la scène. Plus ils avaient du succès, plus on jouait devant du monde. On a fait quelques dates dans des salles à moitié pleines ou au tiers, et d’autres archi pleines, comme à Stereolux. Les concerts les plus sympas c’était à Lille, à Nantes et à Tours.

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Et puis il y a eu aussi le concert « à domicile », à Angers, au Chabada…
Oui, c’était un peu plus compliqué… Le Chabada, c’est un peu comme jouer devant la famille. Beaucoup de musiciens le disent d’ailleurs : jouer devant ses parents, c’est le truc le plus dur au début ! Le Chab’, pour nous, c’est devenu un peu comme une seconde maison. On y est tout le temps, on répète là-bas, on y fait des résidences… Quasiment la moitié du public était composée de potes ! En paradoxalement, c’est aussi très simple d’y jouer, car on connait bien le lieu d’un point de vue technique. Alors, on est censés faire un concert nickel, sans soucis, même si ce n’est jamais le cas à l’arrivée ! Oui, c’était un peu compliqué… Mais ça reste une bonne date quand même.

Quand je vous ai vu jouer à Angers, vous avez quasiment ignoré votre ancien répertoire. Pourquoi ?
C’est parce qu’on a calqué notre set sur une durée assez courte, 40-45 minutes, du fait que l’on faisait pas mal de premières parties. Et sur cette durée, on ne pouvait pas se permettre d’inclure beaucoup d’anciens morceaux. Et puis on a surtout monté cette tournée pour défendre le nouvel album. C’est vrai qu’au Chabada, où on jouait en tête d’affiche, on aurait pu jouer plus longtemps et davantage de titres du premier album, mais comme on était en milieu de tournée, on n’a pas voulu trop chambouler le set non plus…

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A propos de nouvel album, l’ingénieur-son des Black Angels, Brett Orrison, était censé le produire. Il vous avait même fait un premier mix, mais qui a été rejeté… Qu’est ce qui s’est passé ?
C’est difficile à expliquer. Disons, pour résumer, que je trouvais cette première version moins bien que ce que l’on entend sur le premier album. Du coup, c’était inconcevable de sortir un nouveau disque moins bien que celui d’avant, qui lui-même avait été conçu à l’arrache, dans mon appartement, en trois semaines ! Moi, j’ai composé très vite ce deuxième album, et les gars n’ont pas eu forcément le temps de bien assimiler toutes les parties à jouer. On s’est pointés en studio alors que l’on n’était tout simplement pas prêts. En plus, pour être franc, j’ai vraiment trouvé les mixes de Brett assez médiocres. J’avais l’impression d’un truc amateur, qui sonnait très « sortie de répet’ », pas quelque chose de travaillé. Stéphane, qui est notre technicien-son pour le live, nous a confirmé que ça ne sonnait pas du tout comme sonne le groupe habituellement, et que ce n’était pas non plus représentatif de l’énergie que l’on peut avoir sur scène, par exemple… C’était peut-être la vision de Brett de notre musique, mais je pense surtout que c’est quelque chose qui a été bâclé !

Ce nouvel album est sorti fin septembre. Comment vous jugez son accueil ?
On était forcément un peu stressés. Ce disque a mis du temps à venir et on était un peu attendus au tournant par certains… Et puis le deuxième album, c’est toujours le truc le plus compliqué à faire pour un groupe. Le premier bénéficie toujours d’un effet de surprise et passe en général assez bien. Et ensuite, quand le groupe est bien installé, c’est aussi assez facile pour le troisième ou le quatrième. Mais c’est clair que le deuxième, c’est un peu chaud… Bon, au final tout s’est bien passé. Les critiques sont bonnes, les ventes sont très bonnes. C’est cool. Quasiment tout le stock filé aux Fnacs par notre distributeur s’est écoulé ! Ce qui n’était pas gagné à la base pour un groupe dit « alternatif » comme le nôtre. Il s’est aussi bien vendu sur internet. Bref, on va peut-être devoir refaire presser des exemplaires ! Après, nos ambitions restent encore assez modestes. On a notre propre label, Wild Valley, donc à partir du moment où on vend suffisamment pour se faire un peu de bénéfice, c’est que du bonus : on a aucun salarié au sein du label, personne d’autre à payer derrière. Tout est réinvesti dans le groupe.

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Vous pensez déjà tous au troisième album ?
Peut-être qu’il arrivera plus vite que le précédent… On verra ! Là, déjà, une grande partie des bénéfices de l’album a été injecté dans l’achat d’un van, histoire de pouvoir continuer à tourner de manière un peu plus professionnelle. On pense aussi aller jouer à l’étranger, dans deux ou trois pays, mais pour ça il faut aussi payer un attaché de presse local, de la promo locale. Tout ça va représenter un certain coût pour nous. Mais on y songe sérieusement.

A l’exception d’Hugo, le batteur, tous les musiciens d’Eagles Gift jouent aussi dans d’autres groupes (VedeTT, San Carol, Sheraf…) Vous arrivez à gérer ça facilement ?
Oui, ce n’est pas encore trop compliqué de réunir tout le monde, que ce soit pour les répétitions ou les concerts. C’est vrai qu’il y a d’autres projets pour Chris, Stw et Simon, mais pour l’instant, et malheureusement pour eux d’ailleurs, ces autres groupes ne parviennent pas encore à tourner énormément. Donc ça laisse pas mal de temps à chacun pour Eagles Gift.

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Comment tu vois l’avenir d’Eagles Gift, du fait justement que les autres musiciens pourraient être tentés de placer leurs priorités ailleurs, dans d’autres formations ?
Comme Eagles Gift marche vraiment bien, que l’on est les seuls à avoir un vrai tourneur, avec des tournées qui commencent à avoir un petit peu de « gueule », je pense que tout le monde voit un peu ce projet comme le projet « number one »… Donc pour l’instant aucune question ne se pose sur l’éventualité de remplaçants, de changement de line up… Bon, c’est vrai que si on jette un œil sur Facebook, on a l’impression que chacun d’entre nous fait un milliard de trucs différents ! Mais au final, ça reste encore assez gérable.

Mais toi Romain, on pourrait se poser également la question de tes priorités, parce que tu tournes aussi pas mal avec ton autre groupe, The Blind Suns…

C’est peut-être finalement pour moi que c’est le plus compliqué ! On a quand même fait plus de soixante dix dates cette année avec les Blind Suns… Mais Eagles Gift, c’est aussi mon groupe, donc à moi de m’organiser pour que les dates ne se chevauchent pas. Ce qui est cool, en tous cas, c’est que le fait de tourner aussi avec les Blind Suns permet d’élargir encore plus le réseau, et les contacts pour Eagles Gift et d’autres artistes de mon label, comme Tiger Lion ou La Houle, un groupe angevin shoegaze qui va bientôt nous rejoindre.

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Pour finir, si tu devais retenir une seule image, un seul souvenir de cette année écoulée avec Eagles Gift ??
Je pense que ce serait la lecture de la toute première chronique du nouvel album. Et le pire, c’est que je ne me souviens même plus qui l’a publiée ! C’est vrai que cette sortie d’album a quand même été très stressante, il s’était écoulé beaucoup de temps, beaucoup d’argent avait été investi, beaucoup d’énergie dépensée… Beaucoup trop sûrement pour un groupe comme le nôtre. Mais c’est comme ça que les choses avancent, c’est le jeu… Alors, quand j’ai découvert cette première chronique positive de l’album, je me suis dit : « yes ! C’est bon !! » Intérieurement, j’étais passé avant par les pires scénarii : « l’album est nul…Il ne se vend pas… C’est la fin du groupe…On perd tout l’argent investi… » Mais quand j’ai lu ce fameux article, je me suis dit que c’était bon, qu’on avait gagné le droit de continuer à exister…

Site EAGLES GIFT



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