ARCHIVE # 7 : ECO-FESTIVALS #1 : VECTEURS DES VALEURS MUSIQUES ACTUELLES

Archive 7, un dossier sorti l’été dernier, en 2 parties sur les éco-festivals, leur dimension écologique donc, mais aussi sociale et économique.
Pourquoi ? Parce que le sujet est pertinent, parce que Sandrine en a fait une très bonne synthèse, parce que la musique s’empare de ces problématiques, et parce qu’en région Pays de la Loire, il y a de très très bons exemples comme le Dub Camp, le Hellfest, Au Foin de la Rue et Couvre Feu…

Volet 1 :

En France, des festivals de moyenne à grande échelle s’intéressent à l’impact écologique et citoyen de leur démarche, au-delà du succès de leur programmation musicale. Selon leur degré d’engagement, une partie d’entre eux se voient attribuer la dénomination d’éco-festivals. Quelles spécificités et caractéristiques se cachent derrière ce terme ?

Idéologie et concept

Dans le cadre d’un festival, le transport représente en moyenne 70 à 80 % des émissions de gaz à effet de serre, tandis que l’éclairage consomme l’essentiel du budget d’électricité. Selon les chiffres 2007 de l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise des Énergies), une grande manifestation accueillant 5 000 personnes consommerait 1 000 kWh d’énergie, nécessiterait 500 kg de papier et génèrerait environ 2,5 tonnes de déchets. Sur de plus grands rassemblements, la production de déchets peut aller de 80 à 100 tonnes. Ce type de constat, peu porteur en terme d’image, a réveillé la conscience écologique de certains organisateurs plus que d’autres, et les a incité à prendre des mesures pour réduire leur empreinte écologique. Exemple du festival Cabaret Vert de Charleville-Mézières, qui, en toute transparence, présente en chiffres son plan d’action de bonnes pratiques.

Source : Site du Festival Cabaret Vert

Au-delà d’un meilleur respect de l’environnement, ils ont également pensé une démarche plus globale de leurs festivals intégrant les concepts de l’économie sociale et solidaire, jusqu’à ceux du commerce équitable. C’est le cas du festival Couvre Feu de Frossay qui fait appel à des fournisseurs de Loire-Atlantique en restauration sur place.

Sur les sites, on retrouve donc la présence de producteurs locaux, l’usage d’énergies vertes, de toilettes sèches, gobelets réutilisables, produits compostables, équipements en matériaux de récupération, la pratique du tri sélectif… Du papier recyclable est aussi privilégié pour les opérations de communication, tout comme la billetterie peut être dématérialisée. De plus, une dimension sociale vient s’ajouter au concept afin de mieux rallier tous les acteurs du festival à sa cause.

Cela se traduit sur place par diverses actions de sensibilisation aux questions de développement durable, climat, biodiversité. Les publics en sont informés au travers d’un programme d’animations pédagogiques et de médiations de toutes sortes (tables rondes, ateliers, conférences, débats, projections, rencontres, activités ludiques…). Les festivaliers y sont notamment briefés sur les gestes éco-citoyens à adopter comme par exemple les alternatives au transport individuel grâce à des systèmes de navettes, de covoiturage, de partenariats avec les sociétés de transports en commun ou voire la SNCF. Idem avec des prestataires hébergement.

Cette dimension sociale peut s’élargir aux personnes soit en situation de handicap et à mobilité réduite, soit de milieux défavorisés en leur proposant des facilités d’accès aux festivals (politiques tarifaires, sanitaires, accueil, parkings, espaces adaptés, actions avec associations et organismes sociaux locaux…). Le site d’information Say-yess.com sur l’Économie Sociale et Solidaire, publiait en juin 2016 un article sur les festivals de musique privilégiant l’accessibilité sous différentes formes. Les festivals HIP OPsession et Au Foin De La Rue apparaissent cités.

Enfin, des festivals choisissent de mettre en place un autre type de sensibilisation du public abordant les champs de la santé et de la prévention des conduites à risques. Des bénévoles et professionnels renseignent et documentent sur les effets de l’alcool et stupéfiants, sur les risques auditifs et MST, etc… En témoigne le Hellfest, qui prévoit des stands d’accueil pour accompagner les festivaliers dans leur prise de choix.

Au final, on obtient tout un projet et un concept de montage de festival vert que Marie Sabot, présidente du festival We Love Green (Paris) et Jean Perrissin, responsable du développement durable au festival Cabaret Vert, pionniers en la matière, exposent lors de conférences et rencontres.

Labels et chartes

L’ONG de protection de l’environnement A Greener Festival récompense les éco-festivals les plus éthiques et respectueux en matière d’écologie en Europe et dans le monde. We Love Green figure parmi les rares festivals français à avoir reçu plusieurs fois la récompense internationale Greener Festival Award, et ce, dès sa première édition en 2011. Il fut également labellisé Green’n Clean par le réseau Yourope (Fédération européenne des festivals).

En France, il existe plutôt des chartes établies soit par les festivals eux-mêmes, soit par des collectifs de festivals de régions, soit par des conseils généraux ou régionaux. On peut retenir les chartes du Collectif des festivals (Bretagne) et COFEES (Collectif des Festivals Eco-responsables et Solidaires en PACA). Les sites du Collectif des festivals, ou de la plateforme d’accompagnement des festivals éco-responsables Provence-Alpes-Côte d’Azur aér, proposent par ailleurs une mutualisation de supports en ligne et services de qualité pour les organisateurs désireux de lancer un événement culturel durable. Ressources thématiques, formations, enquêtes, rencontres, annuaires, fiches pratiques sont autant d’outils méthodologiques non négligeables dans la prise en compte de toutes les dimensions propres au DD préalablement évoquées.