Nouvelle sortie plus qu’intéressante du weblabel nantais Quatre : Faligan. Derrière ce patronyme obscur se cache Meriadeg Ogebin, sa guitare, sa basse et ses machines, ainsi que deux complices, Pierre Antoine Parois (batteur de Papier Tigre et Room 204) ainsi que Lénaïg Orgebin aux choeurs. Disque que l’on qualifiera volontiers de rock et conçis, sorti le 23 juin dernier « Je n’irai pas à Monaco » affirme une certaine radicalité poétique, une musicalité brute et une transe sonore. Meriadeg Orgebin nous en dit plus.
Photo bandeau Tempelhof Berlin © Cécile Arnoux
Que faut-il comprendre par Faligan ?
Il n’y a pas grand chose à comprendre ; Faligan c’est un peu moi, mais un moi partiel, caricaturé, fantasmé. Il me fallait un pseudonyme qui parle de ça. J’ai donc emprunté le nom d’un arrière grand père de mon père, une partie de moi lointaine, un peu abstraite, une sorte de strate enterrée de mon identité.
Est-ce que tu expérimentes des trucs que tu expérimentais au sein de Chausse-Trappe qui n’existe plus ?
Je ne suis pas sûr d’expérimenter. Par contre, si tu veux parler de la continuité d’une trajectoire musicale, alors oui, il y a des liens. J’ai mes obsessions, mes goûts et mes influences. Que je fasse jouer des guitares posées sur des amplis, que j’enregistre des morceaux pop, que je compose en groupe, je suis habité par tout ça et ces choses se mêlent, je suis une seule et même personne, je suis un seul et même musicien.
Tu mènes deux autres projets, un sous ton patronyme civil et un autre, Draache. Faligan vient palier à quelque chose ? Un jeu ou un truc pour quand tu as du temps comme tu le présentes ?
Je le présente tel qu’il est. C’est très ludique. Pour faire ces morceaux, je part d’une rythmique ou d’un plan de guitare, j’enregistre vite fait cette base, quitte à la refaire plus tard. Je commence à ébaucher la structure et les arrangements en même temps en ajoutant la basse ou des synthés. Parallèlement je gratte souvent de trois idées d’amorces de texte. En général, en une journée l’idée est là, une voix témoin est enregistrée. Après il ne reste plus qu’à utiliser ça comme une matière, une base. Il faut aussi parfois apprendre à le jouer correctement et surtout à le chanter, (je ne suis pas chanteur). Mais dans l’ensemble, les morceaux se sont faits spontanément.
Tu aurais pu chanter en anglais sur cet album ou pas, le texte en français te semble important ?
Je n’ai rien à dire en anglais, je ne suis pas anglophone. Je pourrais utiliser quelques mots d’autres langues que le français pour leurs sonorités mais je ne l’ai pas fait. En fait, la question de la langue utilisée en musique me pose question. Quand j’entends du rock en français, je pense souvent que c’est de la chanson française rock, les instruments du rock sont la guitare électrique, la basse, la batterie, et la langue anglaise. Pour moi, le rock est défini par des sonorités. Que faire avec ma langue maternelle, qui n’est pas rock pour deux sous ? Celle qui me permet de dire des chose, la langue de la spontanéité ? J’ai donc voulu m’y coller, pour voir. Une des questions était: si j’essaie de faire de la pop en français, est ce que ça sera de la chanson française ou de la pop en français ?
Qui est Palefroi qui signe le bel artwork du disque ?
Palefroi c’est un duo de graphistes et sérigraphes hyperactifs installés à Berlin, composé de Marion Jdanoff et Damien Tran. C’est Antoine Bellanger (Quatre) qui les a contactés, et il a bien fait.
Le label Quatre pourquoi ?
Quatre? Parce que j’ai fait écouter un morceau à Antoine qui a voulu entendre la suite, et qui m’a proposé de le sortir. ça m’a fait du bien qu’il m’aide à extirper un truc de mon ordi.
Quel rapport à l’enregistrement as-tu pour ton propre projet toi qui enregistre beaucoup de groupes ?
J’enregistre pas tant de groupe que ça, je suis essentiellement occupé à sonoriser des groupes en live ou a enregistrer ma propre musique (sachant qu’une bonne partie reste dans les disques durs).
En tout cas, quand tu enregistres ta propre musique , tu peux dégager une ou deux ou toutes les pistes de guitares ou autre sans poser la question à personne et sans manquer de respect à qui que ce soit. En tant que technicien son en studio, si un morceau ne sonne pas parce qu’il est mal composé, parce qu’il y a trop d’arrangements, c’est délicat de demander à supprimer ou déformer des choses, il faut souvent faire avec, entre autre pour ménager l’égo des musiciens.
Ce projet n’est pas amené à faire de la scène, pourquoi ?
Parce que que le procédé de « fabrication » de ces morceaux est propre au studio d’enregistrement. En plus, ça me prend une fois tout les 36 du mois d’avoir vraiment envie de faire de la pop, par jeu et par curiosité.
Tu considères ce disque alors comme un livre ? Pas amené à être rendu vivant
Non je considère ce disque comme un disque. Je vois le disque (ou plutôt l’enregistrement) comme la possibilité de faire une musique qui n’a pas été et ne sera jamais réellement jouée comme telle.
Si tu ne vas pas à Monaco, tu peux avoir envie d’aller où ?
Je sais pas. Là par exemple, je vais aller dans mon lit.