Quelques mois après la disparition de Pulsomatic, deux membres de l’équipe font le pari d’un nouvel agenda culturel nantais. Avec un premier numéro à sortir ce jeudi 28 avril, Grabuge gage sur une spécialité affichée : l’agenda, avec pas moins de mille dates saisies à la main pour ce numéro 1. Rencontre avec deux complices, Pierre-François et Julien, que l’envie
La naissance de Grabuge coincide-t-telle avec la disparition de Pulso ?
À la suite de la liquidation de Pulso, nous nous sommes demandés ce que l’on pouvait faire… Après quelques semaines de chômage et d’annonces emploi déprimantes, nous avons préféré partir de ce que l’on savait faire et de ce qu’on aimait faire. On s’est donc lancés dans Grabuge. Nous pensions qu’il y avait un réel besoin et encore des choses à faire. Et puis, si nous ne l’avions pas fait, quelqu’un l’aurait fait à notre place, peut-être avec moins d’amour.
D’ailleurs la fin de Pulso vous inspire quoi ?
C’est triste, bien sûr ! Et c’est probablement le symbole de la crise financière du monde culturel. Nous n’avons pas créé Pulso, mais nous en étions les lecteurs et avons fini par y travailler. C’était comme jouer dans ton groupe de rock préféré. C’était une part très très importante de notre vie et de celle de tous les salariés du journal. J’ai l’impression que ça a aussi eu de l’importance dans la vie des lecteurs.
Qu’est ce qui vous motive à monter un agenda culturel ?
Celui du Pulso nous manquait, nous étions les premiers à nous en servir. On pense que les gens qui sortent et les curieux ressentent le même manque. Quel que soit le support, papier ou web, personne d’autres ne proposait un agenda aussi complet. Nous savons le faire et l’on est jamais mieux servi que par soi même.
La presse gratuite et associative est bien difficile à financer ? Quel est votre sentiment sur la question, et avez-vous des idées, des méthodes, des combines nouvelles ?
Honnêtement, nous sommes partis de notre envie, pas du financement. Nous n’avons pas de méthode miracle (qui n’implique pas de coucher), on essaye de faire un travail qualitatif en réduisant les coûts au maximum, en ne payant pas pour un service que l’on peut produire nous-même. Nous pensons que c’est la solution, mais nous n’avons produit qu’un seul numéro. Reparlons-en dans deux ans !
Sans trop en dire, quel sera le contenu de Grabuge, sa ligne éditoriale ?
Après avoir rentré manuellement plus 1000 dates dans l’agenda, la partie éditoriale, c’est l’heure de la récréation ! Il y a des tics qui restent après des années à écrire dans Pulso, comme les titres aux jeux de mots discutables. On a envie de rigoler d’un sujet grave, de parler sérieusement d’une soirée débile. Il y a de la musique, du théâtre, des expos et d’autres choses… Nous essayons d’avoir une vision d’ensemble du spectacle vivant et de la vie nocturne au sens large, mais c’est surtout les trucs que l’on a envie de voir et les articles qu’on aimerait lire. On a aussi pas mal d’idées à venir, des fils rouges assez délirants entre les numéros, ça va venir au fur et à mesure.
Comment trouver une complémentarité avec l’existant ? Yournal ? Le Haut Parleur ? En avez-vous une ?
L’A-GEN-DA ! Complet, exhaustif et fait avec amour. Comme disait le père d’un copain, « si tu veux que ça marche, fait le truc que les autres ne veulent pas faire » ! Il y a beaucoup de sites internet se voulant agenda culturel qui demandent aux gens de rentrer et d’organiser les infos à leur place. Ca ne marche pas comme ça. Seules les salles qui ont un chargé de com’ à temps plein peuvent le faire (et encore, il y a tellement de sites comme ça), mais tout le monde peut avoir cette info en deux clics. Le plus dur, ce sont les petits bars, les petites assos, les lieux alternatifs, c’est aussi ça le boulot ! Il faut creuser, aller chercher l’info, relancer les gens etc. C’est vrai qu’il y a beaucoup de journaux gratuits sur Nantes, mais l’arrivée du Yournal est une bonne nouvelle ! Nous ne sommes pas sur la même ligne éditoriale, on peut même dire que ça se complète. Et il faut du sang neuf !
Grabuge en un mot ?
Plutôt un film, The Revenant(es).
