Ce mardi soir à Stereolux, c’est chorale ! La communauté dans la fosse est bigarrée et peu habituelle. Public qui affiche une moyenne d’âge de 25 ans, moyenne puisque le public est composé majoritairement de parents quadragénaires et de leurs bambins. Un public familial donc motivé en partie par les cinq premières minutes de la soirée. Sur scène, une trentaine d’enfants de CM mené par les dix doigts et la bouche d’Erwann Noblet (chanteur de Layenn, et prof de technique vocale) accompagnant les quatre Américaines de The Anonymous Choir. Mise en bouche réussie qui fait surgir la fierté des parents.
La suite sur scène, et c’est assez rare pour le sur-ligner, voit les femmes majoritaires, grand bien nous fasse ! 24 femmes pour 9 hommes au sein de la chorale nantaise Y Birds, 4 femmes pour Anonymous Choir.
On attendait le nouveau répertoire et la prestation d’Y Birds. Pour ces 33 visages aussi concentrés que souriants, la tache n’était pas si simple. Jouer devant un parterre de connaissances, jouer dans un lieu où l’on vient si fréquemment découvrir et savourer de la musique, jouer avant The Anonymous Choir, la pression est là, mais l’honneur tout autant. Y Birds professe une certaine technique, les timbres et hauteurs de voix délimitant des groupes de chant qui, à l’unisson, provoque un ensemble vraiment vibrant. On regrettera toutefois que le nouveau programme délaisse les originaux indés pour des morceaux plus classiques et grand public comme Queen, Toto Coelo ou encore Son Lux. Le dBmètre ne dépassera pas les 81dB, les fidèles sont attentifs et comblés.
Place à The Anonymous Choir. La chorale habituellement composée de onze Américaines est réduite à quatre chanteuses, mais très vite, la frustration s’efface. Emmenée par Nona Invie de Dark Dark Dark au chant principal et au piano, le quartet invite dès les premières secondes à la communion. De Bonnie Prince Billy et son I’m goodbye en passant par le mythique No surpriseS composé par Radiohead, I’ve Been Trying de Curtis Mayfield ou encore Don’t let it bring you down de Neil Young, le répertoire puise dans des titres fabuleux et brillamment réarrangés qu’un silence religieux fait retentir plus fort encore. Jamais on n’aura vécu un tel moment, partagé une telle attention à Stereolux, une atmosphère mystique, une forme de recueillement. On reconnait les compositions initiales, mais elles s’éloignent subtilement des originaux. Les reprises parfaites en somme ! Leonard Cohen est l’invité d’honneur de la soirée. Winter lady, morceau que Nona annonce comme son préféré, Birds on a wire, I’m your man, le mythique Hallelujah qui résonne plus que jamais, l’ineffable programme voué au Canadien disparu ravit et émeut. Les voix sont transcendantes, posées où il faut, les harmonies créées sont particulièrement ingénieuses, on est proche de la grâce. Et quand les voix nantaises s’unissent aux élocutions américaines sur The Partisan (on ne pouvait pas rêver d’un titre plus symbolique que celui-là dans ce qu’il relate), la messe est dite…
Photo bandeau : Y Birds & The Anonymous Choir à Stereolux (Nantes) , 6/12/2016 – Cécile Arnoux