HINT, LE RETOUR ?

Dix-sept ans que les Angevins de Hint n’ont pas foulé les planches nantaises, c’était à L’Olympic et ceux qui y étaient s’en souviennent forcément. En 1999, j’avais 12 ans et ne vivais plus sur Nantes. Le nom de Hint ne m’est donc apparu que bien plus tard, et ma connaissance de leur musique n’est effective que depuis récemment, à travers l’enregistrement en direct d’une tournée commune avec Ez3kiel (Collision Tour), une audacieuse pépite.
Ce soir-là fut en effet mon dépucelage auditif en live concernant ce groupe culte dans le paysage souterrain de France. J’avance néanmoins en terrain plus connu avec Room 204, trio rock bruitiste et déconstruit, discret vétéran de la scène locale, et le plus récent duo electro-noise tribal Anglais Gum Takes Tooth, dont le dernier album (Mirrors Fold) m’a tout bonnement subjugué.

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Le public, dont la moyenne d’âge doit osciller entre 35 et 40 ans, est venu en nombre, alors même que Room 204 ouvre les hostilités. Les Nantais, qui comprennent un Papier Tigre, un Papaye et « le type qui joue avec des game boy dans Seal of Quality », ne font pas de détour en expulsant tout leur savoir-faire, le pied à peine posé sur le sol de la Micro. Le rendu est abrasif pile comme il faut, la nuque frétille et se réchauffe à l’écoute des titres de l’excellent Maximum Végétation, et la demi-heure file beaucoup trop vite. On est tout de même dans de bonnes dispositions, et on en profite pour taper la bise aux frimousses connues pas encore croisées.

Gum Takes Tooth prend alors possession des lieux, installe stratégiquement ses machines et ses lumières. Il y a des fils partout et une batterie qui en émerge, pour donner les premières mesures d’une longue transe cryptique. Malgré des petits problèmes comme des roulements de cymbale inaudibles ou un parti pris noise parfois légèrement envahissant, les Anglais semblent déterminés à faire bouger les corps, sans vraiment de succès hormis une poignée d’oreilles réceptives. A la fin du set, des non-connaisseurs de la bête m’ont rapporté que l’aspect répétitif, cyclique de leur musique ne fonctionnait pas sur eux, ce qui me fait penser qu’une ou deux écoutes au préalable n’est pas un luxe pour apprécier le direct, et en capter les subtilités, bien qu’ici le rendu soit pas au top, je le concède.

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Une tige plus loin, le retour dans la salle se fait plus compliqué. Du monde, beaucoup de monde se masse et s’entrechoque doucement alors que Hint entame ses premières foulées industrielles reconnaissables. Ça grince et ça crache sans concessions, et nous voici plongés dans une faille spatio-temporelle, au milieu des 90’s. D’accord, je ne suis pas en âge de m’en souvenir pleinement, mais ça se sent dans le fond des tripes ces choses-là, ça laisse des traces plus ou moins conscientes. Une ambiance, un visuel mouvant en arrière-plan composé d’images de VHS, la boite à rythme martiale, le son uuuultra lourd, partiellement et grassement cuivré d’un binôme totalement heureux d’être là et qui le fait savoir. L’auditoire s’enflamme de fait instantanément et ne lâchera rien jusqu’au dernier rappel : « un vieux truc de 1993, sorti en K7 », délice noise/indus écrasant qui évoque nécessairement le meilleur de Godflesh, inspiration évidente des Angevins et clôture idéale d’un concert épique, déclaré sans smartphones nuisibles. Une furieuse prestation qui chatouille fortement l’envie de voir Hint continuer sur sa lancée et pourquoi pas se pencher sur de nouveaux titres. Mais pas le temps d’en discuter davantage, j’ai le dernier bus à attraper pour rentrer chez moi, la tête pleine de bruit délectable.

Toutes photos : Hint © Hervé Leteneur

Site HINT

30 ans, cinglé de musique avant tout, scribouilleur depuis septembre 2011 pour le webzine Metalorgie.com et depuis octobre 2012 pour le magazine (désormais numérique) TohuBohu, mes intentions écrites visent à partager/exposer mes découvertes, informer un brin sur la richesse musicale insoupçonnée qui s'agite dans nos sous-sols.

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