Hint fut l’une des figures de proue du rock angevin des années 90. Duo né en 1993, Arnaud et Hervé repartent pour jouer quelques concerts depuis le projet Collision du label Jarring Effects vingt ans plus tard. Halte nantaise ce jeudi 25 février, quelques seize années après leur dernier passage nantais, c’était à l’Olympic en 2010 avec Ezekiel. Ajouté à cela le fait que leurs trois albums soient réédités par le label nantais Kshantu, leurs morceaux n’ont jamais été aussi vivants ! Rencontre avec Arnaud.
Photo bandeau HINT © David Looses
Hint a 23 ans cette année. Pourquoi vous êtes-vous reformés ?
On avait parlé de refaire des concerts à la fin des deux années du projet « Collision » avec Ez3kiel, mais on avait laissé trainer sans en reparler tous les deux… Comme pour le projet « Collision » cinq ans auparavant, c’est le label Jarring Effects qui nous a proposé de nous reformer pour jouer à la dixième édition de son festival Riddim Collision. La Phaze venait de s’arrêter, je lançais Dead Hippies et j’avais un peu de temps (spécialement pour numériser et remonter toutes les VHS, bandes vidéo et diapos, gros chantier !). Hervé était d’accord pour tenter le coup et il y a donc eu ces trois premières dates « test » fin 2013 : Lyon, Reims et Tours. Nous n’avons fait aucune répèt’ mais à la première balance, tout était là : le son, l’énergie et le plaisir. Il y a eu du monde dans les salles, beaucoup de plaisir et un retour du public qui nous a sincèrement surpris. Comme il y avait des demandes de programmateurs, on a décidé de refaire une petite dizaine de concerts par an, tranquillement, sans pression.
Quelle(s) chose(s) ont changé et qu’est ce qui n’a pas changé par rapport à la 1ère période ? Peut-on parler de 1ère période d’ailleurs ?
Sur la musique, pas grand-chose. On joue sur les mêmes séquences, les mêmes instruments, les mêmes structures. Par contre, on joue nettement mieux qu’à l’époque (l’âge !) ! L’autre différence concerne la vidéo. A l’époque, on trimballait un énorme vidéoprojecteur de 400 lumens et on était obligé de jouer quasiment dans la noir. Aujourd’hui, les salles sont équipées de petits vidéoprojecteurs de 5000 lumens, ce qui nous permet d’avoir un vrai show-light (orchestré par Cyssous et Mike).
Dans quelle mesure votre musique peut-elle être encore terriblement actuelle ?
Notre musique n’a jamais été à la mode et n’a donc jamais été démodée. Nos disques étaient tellement personnels, introspectifs et intuitifs, qu’ils ne rentraient pas dans un genre défini ou un style de son. On a touché peu de monde, mais à vie. C’est pour ça qu’on peut se permettre de tourner le même set dix-huit ans après. On est très étonnés, et fiers du petit impact qu’ont eu certains de nos titres.
Vos 3 albums ont été réédités par Kshantu, tout était épuisé ? Vous avez vendu beaucoup de ces rééditions ?
Le 100% White Puzzle a été épuisé très rapidement, il reste les derniers exemplaires de Dys pour le concert à Stereolux, et il reste encore un peu de Wu-Wei. Ces disques sont disponibles sur le site du label. Sinon, il doit rester des double-CD best-of 93-99 chez Jarring Effects.
Est-ce que l’expérience accumulée depuis la fin de HINT, tes autres projets comme LA PHAZE, influent sur comment tu joues à nouveau les morceaux de HINT ?
Non, je ne joue pas de la même manière dans ces différents projets, mais j’ai mon son, identifiable. Par contre, ces quatorze années intenses avec La Phaze m’ont apporté la rigueur, une grande capacité à travailler, une plus grande maîtrise de mon instrument, et surtout une vision absolue du live : envisager chaque concert à la fois comme un plaisir intense partagé et comme un ring de boxe où l’on joue sa vie.
Quel autre groupe angevin de votre époque aimerais-tu vraiment voir rejouer ?
Les Thugs !!! Il m’a été impossible de voir le moindre concert du « No-Reform Tour » de 2008, j’en suis malade. Ce groupe est fondamental, à tous niveaux, et pas parce qu’il venait d’Angers…
Vous jouez avec Room 204 ce jeudi 25 à Stereolux, ça t’inspire quoi ?
Cela tombe bien, je ne les ai jamais vus en live. Je trouve passionnante cette scène « math-rock » dont ils font partie (avec Pneu, Marvin, feu-Fordamage, etc…) ; ils envisagent la façon de jouer et tourner à l’ancienne, de façon très sincère. Ca ma rappelle vraiment le début des 90’s quand on tournait dans des camions pourris, avec des groupes à « forte personnalité » comme les Portobello Bones ou les Bästard…
Petite question plutôt axée sur ta personne, tu rejoins Mathias Delplanque sur scène pour jouer l’album Drachen, pourquoi ?
Avec Mathias, on s’est rencontré sur le workshop musiques électroniques de Trempolino, qu’il anime à Berlin. On avait bien accroché. Son nouvel album Drachen vient de sortir sur le label Ici-d’ailleurs et il m’a demandé de l’accompagner à la guitare pour les concerts. Dès qu’on a commencé à jouer ensemble, c’était immédiat, fluide et beau. Les premiers concerts ont lieu à Blois, Brest et Nantes (Blockaus DY10, vendredi 1er avril)…