Lorsque l’on pousse la porte de ce premier disque, ISLA nous accueille et nous attire directement vers l’arrière-cour. On croit se retrouver dans l’intimité d’un jardin secret, quand c’est toute une forêt magique qui se déploie en réalité devant nous (The Garden). Cette fée au timbre de velours nous prend alors par la main avec ses mélodies ensorcelantes, ses chants de sirène et ses doubles harmoniques, pour nous plonger dans un nouveau monde. Un univers parsemé de choeurs et de percussions, parfois plus inquiétant, qui se façonne en plusieurs dimensions. Pour cela, la jeune artiste convoque des sons synthétiques, boucle sa voix aux accents tendres, fait de sa bouche un véritable instrument qui souffle, qui percute. Avec Sébastien Guérive (Da Sweep) à la réalisation, cet EP propose ainsi un mélange atypique et sensible où l’électronique sublime habilement les sonorités acoustiques traditionnelles.
ISLA sait parcourir les contrées folk, soul, blues, electronica, avec des chansons en français et en anglais, tout en dévoilant les recoins d’une belle personnalité musicale. Les mots se tricotent toujours avec poésie, comme dans Le Revers où la parole danse autour d’une simple guitare pour nous délivrer une amère histoire de tromperie. Sur White hair, les accords de ukulélé donne des airs de comptine innocente à un morceau qui traite du temps qui passe et de funestes cheveux blancs. Le tout intrigue, émeut, transporte. Celle qui a renfloué les rangs d’Aymeric Maïni peut se targuer d’être une femmeorchestre bien en chair. Il y a de délicieuses substances à dévorer dans cette parenthèse enchantée de six titres.