Moment fort de la programmation culturelle de Indre, ce jeudi 3 avril voyait De Kift et Fantazio Gang investir un chapiteau à Indre. Bien belle soirée que certains ont regretté à défaut d’avoir pu acheter un billet, le concert se tenant à guichet fermé. La suite de la saison Ici ou là s’avère tout aussi brillante : Lo Jo, Vincent Ségal/Ballaké Cissoko et j’en passe…. L’occasion de revenir sur un projet différent et remarquable car sans lieu fixe, avec une implication des habitants importante. Citoyenneté, associatif, éthique, convivialité, qualité artistique sont les mots clés de ce projet !
Rencontre avec Olivier Langlois, directeur et programmateur.
Par Cécile Arnoux
Photo : DR
Comment résumes-tu la programmation de cette saison qui s’est ouvert à Indre il y a dix jours ?
C’est une session très musicale. On s’était un peu éloigné de cette esthétique ces derniers temps. Et puis les coups de cœurs artistiques du moment ont donné cette tonalité pour les mois à venir. Mais nous ne nous interdisons pas de diversifier à nouveau les propositions sur les prochaines programmations.
Les choix artistiques sont vraiment pointus et de grande qualité : Lo Jo, De Kift, Vincent Ségal/Ballaké Cissoko pour ne citer qu’eux. Est-ce une orientation culturelle ?
Non ce n’est pas une orientation culturelle. Ce sont d’une part nos coups de cœurs artistiques du moment et d’autre part la suite d’histoires que nous avons tissées avec certaines de ces formations. Nous aimons retrouver des groupes sur plusieurs années, dans des formes différentes. Il y a un lien qui s’écrit entre elles et le public qui nous suit. Je pense à De Kift qui vient pour la troisième fois, Freddy Boisliveau dans Milord, qu’on a déjà accueilli avec Monofocus, Minifocus. Lorsque nous annonçons leurs retours, il y a une véritable curiosité de la part des spectateurs et le cercle s’agrandit. Ils étaient à peine 150 devant de Kift en 2008, cette année ils seront plus de 300, le chapiteau est trop petit. C’est excitant humainement de les retrouver et super agréable de savoir qu’ils vont jouer à guichet fermé. C’est une sorte d’accompagnement artistique.
Il n’y a pas de lieu fixe à Indre, mais plutôt des concerts chez l’habitant, sur la voie publique, sous chapiteau. Cela donne du lien ? Cela permet-il de faire des projets particuliers qui prennent plus encore de sens dans ces contextes là ?
Oui cela donne du lien entre les propositions artistiques et les habitants du territoire. Le fait de nous déplacer dans toute la ville, de varier les lieux et les formes de représentations nous rapproche des habitants d’un quartier, d’une rue. Ils se sentent plus concernés ; et puis, nous travaillons avec une association composée d’une centaine d’habitants. Ce sont de vrai relais, dans leur environnement, leur entourage. Ils donnent une dimension humaine à nos rendez-vous, une chaleur. Ce qui fait que les spectateurs viennent autant pour l’accueil, la convivialité, la surprise du dispositif que pour la programmation.
Au-delà de la diffusion, tu portes d’autres projets culturels sur la commune ?
Oui. Selon nous, la diffusion ne peut être déconnectée de mises en lien avec le territoire. Nous imaginons d’ailleurs souvent quelles connexions culturelles nous allons pouvoir tisser et avec qui localement, avant les choix artistiques. Ensuite, nous essayons de trouver l’adéquation entre des spectacles et les connexions que nous souhaitons. La venue de Lo’Jo en mai répond à cette logique. Quasiment chaque année, nous imaginons avec l’équipe de l’école de musique, des croisements entre musiciens amateurs et professionnels. Lorsque nous l’avons proposé à Denis Péan, il était enthousiaste et même force de proposition pour alimenter notre idée. Résultat, nous avons mis tout le monde autour d’une table et imaginer comment leur présence sur plusieurs mois à Indre pourrait se décliner. 35 musiciens amateurs vont vivre des ateliers avec Lo’Jo et partager la scène avec eux et des concerts pédagogiques seront joués en direction des écoles. Une nouvelle histoire. Nous avons aussi en mémoire le projet Safari Intime, porté par la Cie Opéra Pagai. Sorte de safari humain avec un propos artistique fort sur nos comportements humains mais aussi une possibilité d’implication d’habitants. 6 mois de préparation avec la Cie ont permis d’impliquer 80 personnes, certaines comme comédiens, d’autres pour prêter leurs maisons, ou encore pour héberger les artistes, baliser le parcours… C’était en 2010 et on nous en parle encore souvent. Je pense que cette aventure a marqué la ville. C’est ce type de trace que nous cherchons à laisser.
Comment te positionnes-tu au sein de cette métropole assez impressionnante en termes de propositions de spectacles ? Comment peut-on faire “la différence” ?
Effectivement, l’offre est dense. C’est pour cela que nous n’avons pas souhaité mettre en place un projet similaire à ceux qui existait déjà. Nous avons tenté de nous différencier à deux niveaux : d’une part par les formes de représentations multiples (chapiteaux, espaces publics, salons, jardins…) différentes d’une salle classique et par une forte connexion aux habitants, en partageant avec eux toutes les facettes du projet, excepté la programmation. Je crois que la réussite du projet s’explique par ces positionnements, cette souplesse.
Y-a-t-il des projets artistiques de structures dont tu te sens proche ? Si oui lesquels ?
Oui forcément. Nous nous inspirons de démarches similaires. Notamment le projet « Pronomades » dans les Pyrénées, ou encore “Les Tombées de la Nuit » à Rennes, deux projets qui tentent des expériences participatives avec les forces vives de leurs territoires. Sur des échelles beaucoup plus importantes, mais dans le même état d’esprit.
Quelles seraient tes envies futures ?
Tester cette approche à plus grande échelle. Pour en mesurer les effets avec d’autres composantes sociales, culturelles et budgétaires.
Infos : http://www.ici-ou-la.fr/
Programmation à venir
Vincent Ségal & Ballaké Sissoko > VEN 23 MAI
Lo’Jo > SAM 24 MAI
Chubichaï > JEU 12 & VEN 13 JUIN
Miettes > SAM 14 JUIN
Le Bastringue > SAM 12 JUIL