Demain, la Grècque Angélique Ionatos et le Galicien Antonio Placer inaugureront La Soufflerie avec un spectacle donné à l’Auditorium de Rezé. Deux symboles de la voix, deux symboles des cultures du monde, une parfaite jonction musicale entre l’Orient et l’Occident. Symboles forts de ce que se veut être La Soufflerie, cette première soirée marque le projet artistique que s’est donné ce nouvel équipement culturel et son équipe. Rencontre avec Maurice Cosson, directeur général et artistique de La Soufflerie.
Visuel bandeau – La Soufflerie © DR
Peux-tu revenir sur la genèse de ce nouveau projet rezéen ?
C’est un projet de longue date. D’un côté, nous inaugurons l’Auditorium. Dans cette « ville musique », l’auditorium était déjà envisagé lors de la réhabilitation du Château de la Balinière et la mise en place du Centre musical. Le temps a permis de mûrir le projet, et finalement d’ancrer cet équipement à l’entrée du quartier du Château, à mi-chemin entre la Balinière et la Barakason. De l’autre, il y a eu la volonté de la nouvelle municipalité, conduite par Gérard Allard, de réunir les force vives des structures musicales pour créer un pôle musical unique au service de la diversité des voix et des musiques, pour le rendre plus visible, plus cohérent, plus transversal. C’est la Soufflerie, établissement public de coopération culturelle.
Qu’est ce que doit souffler La Soufflerie ? En quoi peut-il apporter quelque chose de nouveau au-delà des nouveaux équipements ? Du côté plus artistique je veux dire.
La Soufflerie, c’est d’abord le souffle, la respiration des voix, des musiques, des artistes, des spectateurs, des citoyens. Il s’agit, au-delà des trois équipements, de décloisonner les esthétiques musicales, de les croiser, de faire voyager les publics, de faire en sorte qu’on tisse des passerelles entre modes d’écoute, assis ou debout, en acoustique pure ou en amplification, de croiser les publics plutôt que de les juxtaposer. C’est un vrai enjeu.
Y-a-t-il des nouvelles orientations, des nouvelles envies ?
L’idée est de porter l’ensemble des musiques, de la musique ancienne aux musiques actuelles et émergentes, en passant par les musiques du monde, la musique contemporaine, les voix parlées-chantées….autour d’un axe fort : la voix. Nous souhaitons accompagner au mieux les équipes artistiques, qu’elles soient présentes sur le territoire, qu’elles irriguent… La médiation et l’action culturelle sont au cœur de notre projet.
Djazafaz Combo © DR – en concert à la Barakason le 23/01/2016
Comment les trois lieux, Barakason, Théâtre Municipal et Auditorium vont-ils s’articuler ?
Nous avons une base : l’Auditorium : c’est le siège social de la Soufflerie, nous y avons nos bureaux, notre accueil du public. Les propositions de la Soufflerie vont se faire à partir de ces trois équipements : la musique et la voix acoustiques à l’Auditorium, les musiques amplifiées de préférence à la Barakason et en écoute debout, et le théâtre municipal a une fonction plus polyvalente avec ses 460 places, un bel équipement pour des artistes repérés ou référents, et d’autres formes, tels que le théâtre musical ou les arts du cirque. Mais là aussi, nous tenterons de « bouger les lignes ». On peut écouter de la musique actuelle en acoustique à l’Auditorium, et pourquoi pas un concert baroque’n’roll à la Barakason ! Ces trois lieux vont s’articuler par une cohérence globale autour de l’axe de la voix.
Au-delà des spectacles proposés, y-a-t-il des axes type action culturelle ou autres qui vont être densifiés ?
Oui il le faut, et tous les acteurs-programmateurs de la Soufflerie sont sollicités pour imaginer la médiation. Nous avons beaucoup travaillé et développé l’action culturelle, l’éducation artistique depuis 2010, le lien au territoire par des temps forts ou des compagnonnages artistiques. Cela doit continuer et traverser les musiques proposées, et notamment le baroque et les musiques actuelles. Nous allons créer des « parcours », inventer des projets où les spectateurs, les habitants sont associés à des ateliers, à de la pratique, voire à des concerts qui laissent une place à la participation.
Le rapprochement avec la Barakason ouvre le champ sur les musiques amplifiées. Comment vois-tu cela, qu’est-ce que tu as envie de développer sur ce champ un peu différent de ce que tu avais l’habitude de défricher ?
La Barakason va proposer les musiques amplifiées en écho au projet global de la Soufflerie, et en complémentarité avec le paysage de l’agglomération nantaise et de la région. Il y a un beau travail à faire sur les musiques vocales : slam, rap, hip hop, …les musiques urbaines du monde, très créatives, la folk et la pop vocales, et une attention particulière aux « jeunes pousses », ce qui a toujours été l’ADN de la Barakason…Accompagner des groupes, des collectifs ou développeurs d’artistes, il y a plusieurs manières d’imaginer des résidences, des « cartes blanches »….
Vaudou Game © DR – en concert à la Barakason le 21/04/2016
Le projet est lancé alors que la saison culturelle est déjà entamée. Comment sur la saison prochaine qui démarrera en septembre/octobre vois-tu le projet s’inscrire ?
2016/2017 sera en effet la vraie première saison de la Soufflerie. Elle se déclinera selon des temps différents, pour renouveler l’intérêt du public, et prendre le temps et la temporalité pour la construction avec les acteurs du territoire. Une saison « à l’année », qui paraitra en juin, deux semestres de musiques actuelles en septembre et en janvier, deux Focus : un Focus Métropolis sur 3 jours, dont la première édition a lieu du 17 au 19 mars pour aller explorer les musiques et cultures d’une grande métropole du monde : Le Caire cette année, et un deuxième Focus à imaginer en décembre : un Focus jeunesse/familles, à destination du public adolescent et jeune, autour des paroles musicales : slam, conte musical, concerts, poésie sonore….précédés d’ateliers participatifs. Il s’agit de rythmer la saison différemment.
Quelle(s) serai/ent l’évolution ou les évolutions d’un tel équipement dans les 5 ans qui viennent ?
Pour l’instant nous lançons ! Nous nous lançons ! Il faut bien trois années pour que la Soufflerie installe son nouveau format et ses nouvelles lignes. Nous évaluerons au fil du temps, et aménagerons. Ce qui est certain, c’est que le projet de la Soufflerie doit vivre, et il s’inscrit dans le temps long !