LE BATISKAF

Le Batiskaf passe la dizaine ! Studio de répétition et d’enregistrement porté par un groupe d’amis, d’artistes et techniciens, le Batiskaf célèbre l’anniversaire ce 3 juin avec un festival qui présentera 4 groupes locaux. Retour sur le projet avec son pilier, Lionel.

Photo bandeau : Le Batiskaf © DR

Peux-tu revenir sur la naissance du Batiskaf ? C’est à l’initiative de qui ? Pour quel(s) objectif(s) ?
Après une dizaine d’années de travail d’ingénieur du son en studio, vers la fin 2004, je me suis dit que ça serait pas mal de ne plus avoir à louer des studios pour les projets que je réalisais, d’avoir un lieu à moi. Mais en connaissance du milieu, j’avais compris qu’il était très risqué de monter un studio, difficile de faire vivre ce type de lieu uniquement sur l’enregistrement. J’ai donc réfléchi à un projet plus complet, qui combinerait plusieurs activités comme les répétitions, les résidences, la vidéo, et qui serait en phase avec les besoins et les demandes des musiciens de mon réseau… J’avais besoin de partager cette idée et cette aventure. J’ai tout de suite pensé à mon acolyte de toujours, Ronan de Mary pour se lancer avec moi. Je l’ai appelé on a discuté, il a réfléchi 2 secondes 16 et m’a dit Ok, sans hésiter!! On a complété l’équipe avec Pierre Leroy, qui en tant que musicien et travaillant dans le conseil en Entreprise avait adhéré à la présentation que je lui avais faite du projet. Il nous a amené son expertise sur le montage de projet, et nous a accompagné jusqu’en 2011. En 2012, j’ai avec Ronan remonté une équipe plus large, composé de Ronan Fouquet, ingénieur du son, Florian Brunet pour la com et les montages de projet disques et évènements, Amine Bousta qui nous apporte son expertise sur la gestion et l’administration, et Céline Rigaudy qui s’occupe de la diffusion.

Qu’est ce qui s’est passé en 10 ans, quelle est la situation du Bastiskaf en 2016 par rapport à 1996 ?
Il s’est passé tellement de belles choses en 10 ans ! Tout d’abord, on a reçu de grands artistes, la crème  nantaise comme Hocus Pocus, C2C, Pony Pony Run Run, Jeanne Cherhal, Elmer Food Beat, Malted Milk, Leïla Bounous Smooth, Dtwice, Moongaï, et bien d’autres, mais aussi des artistes internationaux comme Beth Hart, le bluesman americain Josh Miller, les irlandais d’ Acrojunk,.. Tout cela a évidemment tiré le studio vers le haut !! Maintenant, ce sont de nouveaux groupes que nous produisons qui continuent à nous motiver, comme Trash Lids, White Elephant, Bouche de Crocodile et Easy… Depuis 10 ans, ce sont des centaines de formations musicales qui sont passé par le BATISKAF ! Le lieu est ouvert 365 jours par an et ce sont plus de 200 musiciens qui viennent au studio pour vivre et développer leur projet musical chaque année. Et puis, il y a eu l’aventure Periskop, une web émission vidéo Live que nous avons dans un premier temps tourné au studio, puis au Ferrailleur pour se mettre plus à l’aise et augmenter encore la qualité de notre proposition. Au total, une trentaine d’émissions diffusées sur la toile et sur les ondes en partenariat avec SUN radio. Le projet est actuellement en stand by car nous souhaiterions trouver un diffuseur TV, mais c’est un projet/concept qui tient vraiment à coeur de toute l’équipe. Je suis confiant quant au fait que l’on remettra ce projet prochainement sur les rails !

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Trash Lids © DR

Comment tu considères les offres de studios dans l’agglo ? Avez-vous le sentiment d’avoir un type de groupes particulier et si oui, lequel ?
Il y a assez peu de gros studios dans l’agglo, mais restent encore des lieux historiques comme Le Garage Hermétique ou Arpège, Crescendo. Par contre, avec l’avènement de l’informatique et l’intéressement des musiciens au monde de l’enregistrement, beaucoup de micros structures ont poussé, ce qui est une chose positive. Plus il y a de propositions pour les musiciens, mieux c’est!
Et la concurrence est une chose saine qui nous oblige à nous remettre continuellement en question pour apporter toujours plus de qualité au travail que nous proposons. Maintenant il est certain que les home-studio avec la régie dans le salon et  le chanteur dans le couloir de l’appart’ ne peuvent pas être comparés à un vrai studio possédant un grand plateau et plusieurs cabines, susceptible de recevoir et enregistrer des grosses formations en live. Avec un plateau principal de 60m2, 3 cabines additionnelles et un matériel de pointe, nous nous situons aujourd’hui dans le secteur pro en ce qui concerne les projets d’enregistrement et de mixage, ce qui nous permet de recevoir tout type de projet, du jazz à aux musiques actuelles en passant par la réalisation de clips ou la post production audiovisuelle…
Malgré tout, il me semble qu’il sera toujours essentiel de proposer notre lieu aux groupes de tous niveaux, et cela à des prix abordables. C’est essentiel pour donner la chance aux nouveaux groupes de se développer et donner de la visibilité à leur projet. De notre côté, ça nous garde éveillé sur les jeunes pousses prometteuses.

Comment vois-tu les studios rattachés à des grosses structures (Trempo, le Terminus 3, Labo 188) ? Quelle complémentarité y-a-t-il à trouver ?
Ces studios sont essentiels dans le travail de préparation des projets disque des groupes. Les équipes qui les pilotent ont un rôle crucial dans l’apprentissage vers les groupes de la pratique du studio, et c’est un très bon moyen pour permettre aux formations d’arriver au moment de l’enregistrement final dans des studios comme le nôtre avec une vision précise du produit à enregistrer, du travail à fournir. Il ne faut pas oublier que ça leur permet aussi de réduire le temps passé à l’enregistrement final, donc de réduire les coûts ! A mon sens, les studios rattachés aux grosses structures publiques sont primordiaux et totalement complémentaires de notre activité. On ne peut que souhaiter que ce type de pôle de préparation à l’enregistrement continue à se développer, et ai surtout du soutien dans les moyens de fonctionnement, ce qui facilitera d’autant plus l’émergence de nouveaux talents !

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Cachemire © Envoie la Cam

Vous proposez une soirée ce 3 juin pour fêter les 10 ans, pourquoi un concert, pourquoi ces groupes ?
Nous avions déjà fait un évènement plus confidentiel pour les 4 ans du studio. En 2013, la volonté de proposer un festival sur 2 jours allait de paire avec l’anniversaire du Batiskaf.  Il nous semble que la meilleure manière de remercier les groupes qui gravitent autour du Batiskaf et les gens qui suivent notre projet est de proposer un concert. Il ne faut pas oublier que c’est aussi le meilleur moyen pour les groupes de se faire connaitre, plus facile que de la promo de disque ou un plan de com via les réseaux. Cette démarche correspond donc parfaitement à notre volonté de continuer à mobiliser notre énergie pour aider les groupes à vivre et développer leur projet musical.
Les 4 groupes qui joueront le 3 juin sont en relation étroite avec le studio. J’ai enregistré et mixé le disque d’Ayers cette année (il est d’ailleurs sorti le 19 mai dernier), qui ouvrira la soirée. White Elephant et Trash Lids sont deux formations pour qui nous allons produire un album et accompagnons sur le management. Quant à Cachemire, ils viennent régulièrement travailler au studio, en répétition ou en résidence. Et Farid Chanhih, le batteur, est un ami de longue date et ça fait un moment que je suis leur ascension, qui est impressionnante d’ailleurs. Dans une thématique plus rock que lors du Festival 2013, il nous a donc paru évident de propose ce plateau, et on est très content de pouvoir présenter ces groupes au public.

 En 2013, vous aviez mis en place un festival, pourquoi ne pas avoir poursuivi ?
Il était prévu en 2015 mais pour des raisons d’organisation et de manque de soutien financier ( les groupes et les équipes techniques qui avaient oeuvré en 2013 l’avaient fait de façon gracieuse, nous voulions pouvoir passer un cran et être en mesure de rétribuer tout le monde), nous avons préféré reporter cela au 3 juin de cette année en profitant de l’évènement pour fêter les 10 ans du studio. 

Affiche-Batiskaf-Festival-2016

 Quelle est ta vision de la scène locale ?
Elle est foisonnante, plusieurs centaines de groupes, c’est super ! Par contre, mon souhait serait de voir ré apparaître plus de petits lieux de diffusion pour permettre à toutes ces formations de pouvoir s’exprimer sur scène.

Quelle serait la plus grande fierté du Batiskaf ?
D’être encore là 10 ans après et de continuer à mettre toute notre énergie au service des artistes 😉
D’avoir réussi à proposer un outil agréable et performant, des projets originaux qui permettent aux groupes une visibilité de qualité de leur projet musical.
Enfin bien sûr d’avoir une super équipe qui défend des valeurs chères à mes yeux, la passion de la musique, le sens du partage, la volonté de transmettre aux nouvelles générations cette passion et l’envie d’inventer encore et toujours de nouveaux projets !

Que faut-il vous souhaiter pour les 10 ans à venir ?
Que ça continue pour les 10 prochaines années !

 

Site BATISKAF

Rédactrice en chef de ce site internet, chargée d'info-ressources à Trempo. Passionnée évidemment par la musique, toutes les musiques, mais aussi par la mer et la voile, les chevaux, la cuisine et plein d'autres choses.

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