Le festival pluridisciplinaire du Chaînon Manquant démarre ce 13 septembre pour la 25è édition. 70 spectacles pour 112 représentations, 15.000 spectateurs attendus, de la musique, du théâtre, de la danse, des arts de rue et du cirque, du jeune public, des spectacles humour, un programme complet présentant des découvertes et spectacles qui ont suscité l’intérêt des professionnels adhérents au Réseau Chainon. Susciteront-ils le vôtre ? En attendant de les découvrir, rencontre avec Kevin, le directeur du Réseau Chainon.
Photo bandeau : Ouest © Simon Hermine
Tu es arrivé récemment au Chainon, comme directeur. Qu’est ce qui t’a motivé à prendre cette fonction ? Avec quelle(s) idée(s) en tête ?
C’est d’une part l’ouverture sur d’autres disciplines artistiques et d’autre part la découverte d’un Réseau que je connaissais mal et d’un système original pour diffuser la création émergente. J’ai eu l’envie dès mon arrivée de prendre mon bâton de pèlerin et promouvoir ce circuit culturel économique solidaire et équitable. Il y avait 224 adhérents à mon arrivée et j’espère que l’on finira l’année avec près de 290 salles adhérentes. Avec la crise que nous traversons, le Chainon est un excellent moyen pour les artistes et les diffuseurs de gagner du temps tout en générant une belle économie.
Quel regard artistique portes-tu sur la région, toi qui a pu approcher la scène de cette région notamment via ta fonction de conseiller artistique pour les Inouis du Printemps de Bourges ?
C’est bien évidemment une région extrêmement riche en création, en réseaux et en moyens humains. Mais ce qui me frappe, c’est la solidarité entre les différents acteurs culturels du territoire et leur mobilisation. La fédération régionale, le Chainon en Pays de la Loire, regroupe à elle seule 44 adhérents actifs qui sillonnent véritablement le territoire pour découvrir les artistes. Ils sont très proches des créateurs et les soutiennent pour qu’ils puissent dépasser les frontières du territoire avec leur spectacle. Dans d’autres régions, ce lien entre les créateurs et les diffuseurs n’est pas aussi facile ou naturel.
F. Ripoche, L. Sheriff, S. Louvain – Le Ballon Rouge © DR -ciné-concert jeudi 15 septembre, 10h30 et 14h
Dans quelle mesure les 7 grandes familles artistiques présentées trouvent une homogénéité et une pertinence à être présentées sur un même évènement ?
Ces 7 disciplines sont présentes dans la programmation de nos adhérents et dans celle de la majorité des salles pluridisciplinaires en France. La plupart des festivals présentent une voire deux disciplines, rarement plus de trois. Mis à part le festival d’Avignon (in & off), le Chainon Manquant est le seul festival à présenter ces 7 disciplines. C’est comme un « best of » de ce qui a été repéré sur les territoires de nos adhérents et sur les grands évènements culturels de l’hexagone. Le Chainon Manquant donne un instantané de la création pluridisciplinaire et offre au public une expérience unique : la possibilité de voir du jeune public le matin, de la danse à midi, du théâtre en début d’après-midi, du cirque au goûter, de l’art de rue à l’apéro et de la musique ou de l’humour en soirée… On se couche exténué au Chainon….mais comblé d’art vivant !
Le festival est décrit comme un festival d’émergence. Quel regard portes-tu sur l’émergence et les difficultés pour les artistes émergents à être diffusés ?
L’émergence est bien évidemment une clef de voûte artistique et économique de notre système culturel. Nous avons besoin de renouvellement, d’accompagner les jeunes créateurs et de les soutenir dans leur développement. C’est ce qui nous permet de garder une forme d’exigence et de pertinence artistique. Certains acteurs notamment dans les musiques actuelles ont compris cette importance et ont mis des dispositifs pour permettre aux créateurs de se faire repérer, de montrer leur art à un public, à des diffuseurs. Dans d’autres disciplines, c’est moins évident. Il n’est pas simple par exemple pour une compagnie de théâtre par exemple de Poullaouen dans le Finistère de se faire connaître sur tout le territoire français si elle n’investit pas sur une série de dates à Paris ou à Avignon. Ce qui peut grandement la fragiliser économiquement et parfois mettre tout simplement fin à son activité. Dans le cadre du Chainon, nous rémunérons tous les artistes. En conséquence, présenter leur spectacle à 50, 100 ou 200 programmateurs selon les jauges ne leur coûte rien. C’est ainsi que nous percevons notre engagement moral de diffuseurs envers ces créateurs.
Gabriel Saglio & les vieilles pies © Benjamin Guillement – concert le samedi 17 septembre, 21h
Comment les adhérents du réseau parviennent-ils à se mettre d’accord sur une programmation ? Y-a-t-il une part de consensus ?
Nous avons un fonctionnement pyramidal. Une partie de la programmation émane d’un dispositif de repérage original : les Region(s) en Scène(s). Il s’agit de journées de visionnage d’une douzaine de projets artistiques par région destinées aux professionnels (bien souvent ouvert au public). Ces 8 « mini-chainons » ont lieu de janvier à septembre et sont organisés régionalement par les adhérents eux-mêmes. Pour qu’un projet soit choisi et présenté, il faut que plusieurs membres de la fédération l’aient vu et le soutiennent. L’autre partie de la programmation émane de propositions des adhérents de toute la France et de projets que je peux repérer sur les grands évènements culturels de France (Printemps de Bourges et plus particulièrement les inouïs, Avignon, Aurillac, etc..). J’interviens au final pour retenir sur ces multiples possibilités 70 projets à présenter au Chainon Manquant selon nos contraintes techniques et financières…et sous réserve de l’accord du conseil d’administration.
En bref, cette sélection est le fruit des regards croisés de 250 programmateurs et assumée entièrement par les 250. Chaque programmateur voit entre 300 et 500 spectacles par an. J’en vois presque 900… Sortez les calculatrices ! Cela fait un sacré champ d’investigation…
Un mot sur Laval ?
Naviguant entre le Finistère et Paris, je ne connaissais Laval que par sa gare…et encore, rapidement selon les trains ! Et je suis sincèrement, véritablement tombé amoureux de la ville. Laval a une beauté discrète. Il faut quelques temps pour qu’elle se dévoile. Une simplicité, une douceur et une immédiateté qui caractérise aussi les lavallois. Une fin de journée en faisant du vélo sur le halage jusqu’à l’Huisserie, un apéro au Jaja Divin et une pizza Silvio à la Casa del Sole…et c’est le paradis sur Terre !
Ton disque de chevet ?
Elvis Presley m’a bercé tout l’été !!! Je suis tombé sur une vieille compilation qui trainait depuis des lustres dans le salon et que j’ai embarqué au dernier moment…
Tout en reconnaissant son importance dans l’histoire de la musique, je n’avais pas forcément chaviré dans la presleymania… Trop tard elle m’a rattrapé. Ca va pas être simple de porter la banane ! Sinon le prochain Delerm que je découvre risque de m’accompagner longtemps dans ma vie. Un véritable chef d’œuvre… A découvrir le 7 octobre !