Du muet au déclamé, voici pour faire court la progression et l’évolution du projet musical Western trio devenu Western à quatre. Le groupe rock-jazz qui galopait sur ses premières envolées instrumentales il y a sept ans, intègre un aîné et quatrième complice en la personne de Federico Pellegrini, qui va orienter la chevauchée et lui donner une énergie supplémentaire. Pour fêter ce nouvel album, le rendez-vous est donné au Pannonica le samedi 28 mars dès 21h avec quelques surprises à la clé. Rencontre avec Jean-Jacques, guitariste du groupe.
Photo bandeau : Michael Parque
Peux-tu revenir sur les origines de Western né de Western trio ?
Western trio était une formation instrumentale avec batterie (Fabrice L’houtellier), clavier (Laurent Hilairet) et guitare (Jean-Jacques Bécam) née en 2008. Après un 1er album sortie en 2011 chez Yolk, les invitations du trompettiste Erik Truffaz et déjà d’un certain Federico Pellegrini sur un morceau, nous avions le souhait d’approfondir cette collaboration avec le chanteur des French Cowboy. Le projet un peu mégalo d’un 2ème album de Western trio lancé en 2013, était d’enregistrer un double album (un disque instrumental en trio et un autre avec la présence de Federico). Dans l’évolution de notre travail, on s’est rendu compte que les morceaux instrumentaux avaient moins de force que les vocaux. Fabrice, Laurent et moi avons pris conscience des limites dans notre proposition uniquement instrumentale. Ça a donc été un glissement progressif. Aujourd’hui Western est né – à quatre donc – avec l’achèvement de cet album, et on est hyper content de cette évolution.
Il fallait vraiment intégrer une voix dans les orientations que vous vouliez donner au groupe ?
Comme je l’évoque précédemment, tout ça n’a pas été prémédité. En découvrant petit à petit les propositions vocales de Federico, on s’est laissé convaincre, un peu comme un jeu de séduction. En tant que musiciens qui naviguent un peu dans les esthétiques jazz, on avait ce fantasme pop ! Et puis, on a eu le sentiment de donner du sens à ce qu’on jouait. « Breathe », un des neuf titres de notre album, est une bonne illustration de ça. Ce morceau devait rester instrumental au départ, je l’avais juste envoyé à Federico pour qu’il s’imprègne de la couleur des morceaux instrumentaux, et bien évidemment, il n’a pas pu s’empêcher d’écrire un truc. Au final, « Breathe » est pour moi le texte le plus abouti de cet album, une référence à la vie éphémère des papillons et une invitation… à pas trainer sur cette terre. Je vous rassure, c’est le seul texte de l’album qui soit dans cette tonalité.
Comment se confrontent les « générations » ou plutôt expériences, les univers différents que sont le jazz et le rock ? En d’autres termes, vous et Federico ? Western et un French Cow- boy (heureux hasard non ?) ?
La confrontation des univers et influences de Federico, Laurent, Fabrice et moi, va au-delà des influences jazz et rock ou encore zouk-punk… On en a tous juste plein les bottes des étiquettes et des cases, tout ça est archaïque. Je trouve qu’il y a eu une vraie bienveillance dans nos échanges mutuels pour composer ce disque ensemble, on a vraiment pu s’enrichir de nos expériences mutuelles, c’est peut-être la rencontre de générations qui a permis ça : Federico a 10 ans de plus que moi, et Fabrice 6 de moins. Et oui, un French cowboy dans Western, une proximité lexicale qui n’était pas non plus préméditée, il faut espérer que ça nous déverse pas trop par la suite. On commence à lire des trucs comme « Western, le nouveau projet du French cowboy Fedrico Pellegrini ».
Vous avez ouvert le champ musical comment ?
Federico a composé textes et mélodies à partir d’instrumentaux précédemment enregistrés. Le trio a enregistré en juillet 2013 à l’école de musique de La Chapelle Basse mer. Dans cette école fermée pour l’été, on avait apporté plein de lampes de bureaux pour nous faire un petit cocon propice à la composition, et qui nous permettait d’oublier qu’on était dans une école. Federico quant à lui, a enregistré chez lui à Noirmoutier et Nantes, entre novembre 2013 à juillet 2014. Nous avons beaucoup échangé pendant cette période, modifié les instrus, donné des coups de ciseaux, modifié les voix, remodifié les instru… Et on a mixé au studio de Seb Guérive en juillet puis septembre 2014, enfin!
Ce disque a de vraies sonorités de musiques de film. Des envies de jouer pour un ciné- concert ? Si oui, ce serait sur quel film ?
Oui, oui, oui, ça fait quelque temps qu’on en parle avec le trio mais on n’a jamais entamé ce travail. Eh bien ça pourrait être pourquoi pas « Western » de Manuel Poirier avec Sergi López. Ça ajouterait encore aux confusions lexicales. Et puis ça ferait classe « Western joue Western ». Dans les souvenirs que j’ai de ce film, il y a un peu l’idée d’un road movie à l’américaine transposé dans l’ouest… de la France, en Bretagne. C’est marrant, notre 1er clip sort ce mercredi 25 mars, il est réalisé par Tamara Seilman, et il est un peu construit sur cette idée, pourtant là encore c’était pas prémédité, je vous jure !
Pourquoi le label KShantu ?
Parce qu’Olivier et Poussin qui dirigent le label, ont cette conscience que l’industrie musicale de 90’s c’est juste terminé, et qu’il est temps d’inventer des structures à dimension humaine ou le projet artistique des groupes est central. Il n’y a plus grand monde aujourd’hui capable de signer un groupe en licence pour le tour et le disque, sans jamais l’avoir vu sur scène. Pour nous, ça veut dire que c’est vraiment les oreilles qui priment. Je tenais personnellement à solliciter en 1er lieu des structures locales pour pouvoir échanger plus facilement et travailler en collaboration, ne pas être un produit d’une structure mais bien être acteur du développement, de la même manière qu’on a pu le faire et qu’on le fait toujours d’ailleurs avec le collectif 1name4acrew. Enfin, on est plutôt fier d’appartenir à ce catalogue plutôt indé avec des artistes tels que The Healthy Boy, Quadrupède ou Gratuit.
Fêter la sortie du disque au Pannonica, il y a une raison particulière ?
J’aurais bien sollicité Jean-Michel Dupas de Stereolux, mais on déjà eu l’occasion de jouer dans la micro deux fois ces deux dernières années. On veut quand même pas être lourd dingue avec les programmateurs. Et puis le Panno nous est vite apparu plus adapté pour une soirée de sortie de disque conviviale. La jauge en mode debout à 200 places est idéale, et c’est peut-être une manière de nous raccrocher à nos racines jazz.
Cette soirée va prendre quelle forme ?
On aura le plaisir d’inviter en exclu les chanteuses qui ont participé à l’enregistrement de notre album : Les Spectorettes, Supermodel. On va diffuser notre clip précédemment cité et les Spectorettes proposeront un dj set. Bref, ça devrait être une bonne grosse fête.
La suite ? Des concerts ?
La tournée se met en place, elle se fera sûrement en plusieurs étapes car le projet est finalement nouveau, pas mal de programmateurs attendent de voir ce qui se trame. On a déjà quelques belles dates calées au printemps sur le réseau SMAC notamment. Localement, on aura l’occasion de jouer au VIP de Saint-Nazaire le 18 avril, et au Printemps des Nefs le 8 mai. En tous cas, on a fini notre résidence à la Fabrique Chantenay (l’Olympic) la semaine dernière, nous on est prêts !!!
Clip de « Money beat », réalisée par Tamara Seilman, assistée de Juliette Prouteau et Pierre-Marie Charbonnier, sorti aujourd’hui même !