Paris est une fête. Et croyez-moi, Saint-Nazaire aussi, lorsque il est donné de voir sur scène, par le simple fait du hasard, l’Orchestre National de Jazz au VIP, la mythique salle de concert de la ville portuaire. Car Le VIP consacre le Jazz cette semaine. Une semaine de concerts, de documentaires, de films et autres réjouissances autour d’un genre avec lequel, à titre personnel, je n’ai pas de très grandes affinités. C’est donc la curiosité qui me fait me déplacer ce soir du jeudi 16 mars 2016. Et une fois de plus, celle-ci a été récompensée en découvrant ce soir-là, la nouvelle formation de l’Orchestre National de Jazz. Nouvelle car tous les 4 ans, l’orchestre évolue et change de direction artistique, donc de musiciens. C’est la règle. Dirigé par Oliver Benoît (homme désormais providentiel à mes yeux, puisqu’en passe de me réconcilier avec le jazz), l’orchestre a déjà sorti deux disques : Paris, Berlin, et deux autres disques correspondant deux 2 autres capitales européennes devraient sortir dans les deux années à venir. Je ne peux que vous inviter à aller les écouter.
C’est une riche matière sonore, envoyée depuis la scène avec ferveur et virtuosité, qui nous a tous emporté. Onze musiciens sur scène, tous plus plus investis les uns que les autres, ne faisant qu’un avec chacun de leurs instruments. Une formation sans concession, pour une représentation d’un jazz moderne qui fait plaisir à entendre. Le violon est fou, la batterie est douce puis elle cogne quand il faut, ce bon vieux Hammonds n’est jamais très loin, la trompette est belle, le piano à queue se fait discret mais il sait se faire entendre, le trombone fait le malin, la basse pose cartes sur table, le sax est mutin et la guitare d’Olivier Benoît quand à elle, laisse le champ libre aux autres instruments. Peut-être est-ce pour mieux diriger l’orchestre. Malgré les partitions posées ça et là, l’improvisation n’est jamais bien loin. Tout le public est tenu en haleine par ce qui se joue là, devant nos yeux ébahis : des compositions mouvantes, colorées, libres comme l’air et à la fois tellement maîtrisées. Tout le monde peut ressentir ce vent de fraîcheur et ce souffle qui nous arrive en pleine poire, telle une vague qui viendrait nous fouetter les joues. Le jazz est bel et bien vivant ce soir, vibrant, excitant, enthousiasmant ! Free jazz, acid jazz, rock jazz : peut importe ! Et si l’espace d’un concert, on faisait l’économie de mettre un nom ou une étiquette, pour privilégier le plaisir d’écouter ?
On pense tout de suite aux productions du formidable label montréalais Constellation (GYBE!, Colin Stetson, Fly Pan Am et tant d’autres). À ces disques qui osent, qui proposent quelque chose de neuf, au risque de déconcerter parfois. Ces disques et ces groupes qui se font et se défont, au gré des projets musicaux, juste pour le plaisir de jouer, d’être libre et pourquoi pas, d’inventer de nouveaux langages.
Le jazz peut devenir un carcan. Mais un musicien peut faire le choix d’en sortir, pour proposer autre chose, pendant que certains puristes s’échineront toujours à parler du passé comme étant une référence. Un musicien peut faire le choix du futur. C’est ce choix là qu’ont fait tous les musiciens de l’Orchestre National de Jazz, emmené par Olivier Benoît. Bravo et merci !
Photo bandeau : Olivier Benoît © Denis Rouvre