MANSFIELD TYA : TOUCHé(E) EN PLEIN COEUR

Le concert de Mansfield.Tya à Stereolux ce jeudi soir d’octobre a touché au cœur. Non pas comme une poésie bon enfant, policée et polie. Plutôt comme une langue en guise de lame, serrant les tripes tel un déluge de romantisme noir. Le registre dans lequel jouent les deux musiciennes et performeuses s’inscrit à la limite du dark et de la candeur. Frontière menue sur laquelle, en funambules gracieuses, Julia et Carla se déplacent avec aisance. Elles entament leur set en percussion, debout face à la fosse, éclairées par une lumière bleu électrique. Mansfield.Tya nous met directement dans l’ambiance. Le public, attentif, plonge sans retenue dans l’atmosphère double exprimée par le duo. « Des coups, des cœurs », « La fin des temps », « Cavaliers », « Bleu lagon » nous entraînent dans ce mélange trouble et fluide à la fois. Sonorités aux rythmiques appuyées, lourdes, sous le chant cristallin de Julia et le violon agile de Carla. Une reprise de Niagara où la connexion entre les deux artistes et le public est flagrante, « Pendant que les champs brûlent » inonde la salle d’une aura sensible, pleine de sourires, frissonnante. « Pour oublier je dors », complainte d’un meurtrier appuyée par les notes d’orgue allie la cruauté de l’histoire à la douceur du timbre de l’interprétation vocale. À mi-chemin du set, elles interprètent « Loup noir » co-écrit avec Shannon Wright, seul titre en anglais, force d’une voix et d’un texte incroyable. Et la cadence tourbillonne… Le groupe enchaîne les titres anciens et ceux du nouvel album Corpo Inferno (sorti sur le label Vicious Circle), avec une aisance et une joie particulièrement visible sur les visages des deux femmes. Elles délivrent une spontanéité et une présence scénique prenante. Le titre « Je ne rêve plus » est d’une sincérité poignante face à la légèreté du morceau « le dictionnaire Larousse ». Au fur et à mesure de la soirée, Mansfield.Tya se déploie et la qualité de leurs univers musical et poétique s’impose sans  nul doute. Le temps passe à une vitesse folle, applaudissements dans la fosse, Julia et Carla reviennent successivement pour quatre rappels. Elles nous donnent leur version des enfers, devant laquelle nous sommes – et restons – aux anges. Fin de la soirée sur « Logic Coco », rires dans la salle et sourires francs sur le visage des musiciennes. L’osmose entre les deux artistes est si palpable que la beauté de leur musique se transmet directement. Ça parle au cœur, ça prend aux tripes… Ça hérisse les poils et nous soulève l’échine. Superbe moment, merci à elles.

Photo bandeau – Mansfield Tya – Stereolux © Morgane Lesné

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Mansfield Tya – Stereolux © Morgane Lesné

Site MANSFIELD TYA

Rédactrice, amatrice de musiques électroniques et d'arts interactifs, je me passionne pour les pratiques culturelles émergentes de la société contemporaine.

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