Le marabout en question se nomme Johann Guihard, à moins que ce ne soit celui qui se soit fait ensorcelé un beau jour de 2013 avec comme mission d’inventer des musiques du continent africain et des Caraïbes. Cette mission, il va tacher de l’accomplir avec son orkestra, cinq compères issus plutôt du monde du jazz pour faire sonner des morceaux à grands coups de cuivres (3 saxophones), guitare, batterie et sousaphone. Seven lives : titre énigmatique pour un disque qui l’est tout autant, aussi énigmatique que mystique. Sept vies en l’espace de huit morceaux qui ont ceci en commun qu’ils traduisent tous une forme de transe. Que ce soit des envolées grooves et rythmées façon Ethiopiques (cf. Warteef Jigeen ou encore Mojo), des passages plus downtempo et lancinants à la manière du Cinematic Orchestra (cf. Seven Lives), des virgules funky électrisantes (cf. L’Affreux Beat) ou encore des cavales « soca » (cf. Socalypso), Marabout Orkestra fait sonner ses portées de manière plus ou moins rapide et totale. On est littéralement portés, emportés par les phrases musicales mais aussi par la dextérité d’interprétation de haut vol. Entièrement instrumental, ce carnet de route écrit par Johann Guihard traverse l’Atlantique dans les deux sens et survole le temps, manifeste une profonde jubilation, quelque chose de sensitif, spirituel et corporel. Alchimie parfaite entre acoustique et électrique, entre tradition et contemporain, entre folie et sagesse, Seven Lives serait une apologie de l’équilibre. Au-delà de cela, c’est un disque impétueux et heureux !
Photo bandeau : Marabout Orkestra © Mathilde Bruand