Que son trip hop déroule ses spirales fascinantes sur des scènes intimistes, en studios ou en radio, Mello ne laisse pas de marbre. Et si le cas se présentait, il s’agirait alors d’un marbre particulièrement malléable, en état de fusion. Il serait chauffé par les rouleaux de batterie percussifs et scintillants de Jacquou Gentet, injecteur de frappes rock et propulseur de saillances jazz. Il opérerait sa transformation liquide avec le keyboard classique et expérimental d’Arthur Sinet. Le fluide bouillonnant poursuivrait son chemin de verse dans les matrices dessinées par les lignes de basse incurvée de Pierre-Loup Pivoin. Et il trouverait forme sous la pointe de cristal de la voix de Margaux Poinsot. Collide, leur mini-album semble avoir été forgé et sculpté ainsi, statue puissante et sensible, solide et délicate, vissée sur une assise organique. Bien que la force fragile, les murmures ténus, les soulèvements mélodiques déchirants et l’ambiance feutrée de la formation s’apparentent aux instrumentations de How To Destroy Angels, l’ensemble musical et esthétique, en équilibre sur plusieurs dimensions oniriques, semblent également imprégner d’un arrière fond floydien, réminiscence d’un voyage au cœur de la « face cachée de la Lune ». A l’instar de l’aventure écliptique de Dark Side of The Moon, Mello fait raisonner l’ombre des corps célestes, ce profil masqué envahi par des glaces inconnues du soleil. Le groupe en tire une lumière pudique dans son jaillissement mais fulgurante dans son éclat, source d’une chaleur inespérée, d’une douceur inattendue et d’une brillance certaine.