MR REED & MIXCITY : ALLIÉS HIP HOP JAZZ SOULFUL

La connivence musicale franco-américaine sera à l’honneur de la soirée de ce vendredi 26 février à Stereolux. Le festival Hip Opsession reçoit, entre autres, le MC de Brooklyn, Mr. Reed, acoquiné déjà depuis quelques mois avec les Nantais de MIXCITY. Quelques aller-retours à survoler l’Atlantique auront scellé une collaboration, marquée avant tout par une amitié et bien sûr des envies communes : découvrir l’autre et sa culture au travers de la musique, improviser, croiser les genres. A ma gauche Mister Reed, à ma droite, Jean-Patrick Cosset, rencontre…

Photo bandeau : Mr. Reed © DR

D’ou​ vient cette collaboration et comment s’est-elle concrétisée ?
Mr. Reed : Cette collaboration vient de notre intérêt réciproque pour les autres « scènes ». La « scène » à laquelle j’appartiens est celle de New-Yok City et celle de MIXCITY est française. Jean Patrick de MIXCITY était en quête d’un musicien new-yorkais « authentique ». En collaborant avec moi, il a découvert mes capacités de musicien et particulièrement dans les domaines de la musique contemporaine, du hip-hop ou encore du jazz. Je pense qu’il n’évalue pas seulement mon intérêt pour la collaboration, il a capté mon envie d’aller loin géographiquement pour atteindre nos objectifs. Je suis à Nantes pour  cela, n’est-ce pas ? On s’est rencontré la toute première fois au Brooklyn Bowl, un lieu légendaire, j’y proposais une performance. Il m’a vu, et m’a contacté via facebook pour décrocher une possible collaboration, ce qui a aboutit à ma participation au morceau Fly with me, sur le dernier disque Less is more. Partant de là, nous avons joué au festival Jazz en Place, à Dinan, durant l’été 2015. Jean-Patrick était au clavier et moi au micro, nous avons joué dix fois, à guichets fermés. Cette tournée de quinze dates qui démarre ces jours-ci nous permet désormais de jouer avec l’ensemble du groupe, ce qui a toujours été notre intention première. Nous sommes tous deux des leaders dans nos groupes, alors c’est extrêmement jubilatoire d’avoir un support familier que sont les musiciens, que ce soit pour les nouveaux morceaux de Jean-Patrick ou pour reprendre mes propres chansons. En contrepartie, je vais développer cette collaboration en calant des dates de MIXCITY avec moi aux États-Unis, Canada ou tout autre pays demandeur, tout en les connectant avec d’autres collaborateurs. C’est un joli pont que nous bâtissons et exprimons entre la France, Nantes en particulier, et New-York, même si je me plais à dire Brooklyn en particulier. Notamment, parce que je suis le « président de Brooklyn ».

​M. Reed, qu’est ce que t’inspires musicalement MIXCITY ?
Mr. R : Ma collaboration avec MIXCITY me permet de remplir mes objectifs, en créant une coopération qui jette un pont entre nos deux cultures et révèle un intérêt commun entre nos deux expériences, qu’elles soient françaises ou américaines. Les Français sont les alliés les plus anciens des États-Unis, et c’est assez beau de voir qu’en ces temps de désintérêt politique, chez nous comme à l’étranger, il y ait une collaboration de la sorte. Notre musique démontre que nous pouvons créer une forme d’art qui parle de nos jours à des gens dont le vécu et les croyances sont différentes. Notre musique peut aussi bien plaire aux enfants qu’aux adolescents, jeunes adultes, adultes, anciens, tout en restant assez avant-gardiste pour inciter à réfléchir et à connecter.

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Mr Reed & MIXCITY – résidence Stereolux 24/02/2016 © Cécile Arnoux


​Mr Reed, comment considères-tu la pratique musicale des Français, en l’occurrence de Mix City ?

Mr. R : Le style musical français est très habile. Si vous connaissez les biographies respectives de chacun des musiciens de MIXCITY, ils sont tous extrêmement doués, érudits et expérimentés. J’ai remarqué que la musique classique avait fortement influencé la musique française, ainsi que les musiques du Moyen-Orient, latines et africaines. Ces musiques ont inspiré tous les musiciens français que j’admire. Le style français peut être un style très précis d’une maestria qui va du classique au jazz gypsy de Django, de la pop de Gainsbourg à la soul et au hip-hop de MIXCITY. C’est plutôt cool de voir les influences que révèle MIXCITY. Les jazzmen français ne sont pas uniquement admiratifs du jazz américain, c’est significatif pour le monde. Les Français ont apporté leur propre élégance non seulement au jazz mais aussi au hip-hop, à la soul, la pop, la dance etc…

Dans la présentation du projet, on peut lire « ils confrontent leurs visions, européenne et américaine, de ces musiques métisses ». Quelles sont ces visions selon vous ?
Mr. R : En fin de compte, je crois que notre vision est une vision partagée qui nous mène à faire ces collaborations, des collaborations qui servent de pont pour nous et pour d’autres musiciens à faire des allers retours entre la France et les États-Unis, tout en continuant à tourner beaucoup ensemble ou individuellement. Nos propres expériences de groupes, en lien avec nos origines et désormais notre communauté musicale, ainsi que notre respect mutuel nous ont réunis.
Jean-Patrick : Je pense toutefois qu’il y a bien deux visions. La mondialisation des cultures nous donne l’impression que tout peut nous appartenir ou être accessible. Mais je pense qu’on ne peut pas remplacer un tissu culturel dont elle est imprégné depuis des générations. Je pense qu’en tant qu’Européens, nous avons un certain prisme dans notre vision de la culture afro-américaine qui nous donne une certaine originalité dans la façon de l’aborder.

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Mr Reed & MIXCITY – résidence Stereolux 24/02/2016 © Cécile Arnoux

M. Reed, as-tu déjà collaboré avec un artiste français ?
Oui, j’ai déjà collaboré avec des artistes français et je vais continuer.

Comment travaillez-vous ? Avez-vous des codes ?
Mr. R : Nous nous échangeons la musique par internet, puis nous nous voyions de visu, dans le pays de l’autre. Je viens en France, Jean Patrick vient aux États-Unis. Durant les concerts, bien sûr, nous adressons des signaux aux autres membres du groupes pour certaines mesures, des gestes de la main.

Dans la présentation du projet, vous dites que vous laissez une large place à l’improvisation, ça se passe comment ?
Mr. R : Oui, cette improvisation est nécessaire pour ajouter des éléments organiques, de la fluidité et du développement à nos arrangements. C’est en partie pour la simple raison que nous faisons concomiter deux mondes que le public peut voir séparément. Cela permet aussi, pour le confort des musiciens, d’avoir des espaces qui s’étirent, et pour moi, de m’habituer à l’unicité de ces nouvelles chansons que je co-arrange et co-écris, ou bien d’être totalement nouveau dans ce processus de collaboration avec MIXCITY. L’improvisation est très importante dans le procédé d’écriture.
JP : Les choses se passent comme avec des surprises : des accidents heureux et des choses qui échappent à notre contrôle. Cela étant, nous essayons de réduire les prises de risques par endroits pour avoir un show a la fois interactif et dynamique.

Pour vous, qu’est ce qui fait que le jazz se marie aussi bien au hip hop ?
Mr. R : Ils sont dérivés l’un de l’autre. Le hip-hop dépend énormément à la fois de l’improvisation et de l’interpolation, deux composants fondamentaux au jazz. Les textes et les productions les plus adroites du hip-hop sont très conformes à l’état d’esprit du bebop. Le hip hop, comme le jazz, continue à faire voler en éclat un nombre infini de sous-genres. Les deux styles musicaux dépendent d’esthétiques semblables si ce n’est de la même esthétique.
JP: Je pense que c’est une histoire de famille et de filiation !

MIXCITY feat MR.Reed
Mr Reed & MIXCITY  © Michael Parque


Après ce titre sur le disque « Less is more », vous allez faire une série d’une douzaine de dates, et avant cela, une résidence se tient à Stereolux, qu’allez-vous y travailler ?

Mr. R : Depuis mon arrivée, nous avons répété tous les jours. Nous voilà précisément à trois jours du début de la tournée, et quatre jours du concert à Stereolux.
JP : Nous y travaillons essentiellement le répertoire du groupe dans lequel nous ouvrons la musique pour laisser de la place à notre invité. Il y aura des duos avec notre chanteur mais aussi des morceaux totalement ouverts à ce que Mr. Reed puisse chanter en lead  dessus et se les approprier totalement . Il y aura aussi quelques compositions de Mr Reed.

​​M.Reed, as-tu l’habitude de ce genre d’exercice de résidence ?
C’est assez habituel pour la tournée. C’est ce que nous appelons un « crack schedule ».

Pour vous, la suite de cette collaboration ce sera quoi ?
Mr. R: Être amis. C’est la raison pour laquelle nous parvenons à nous voir en ce moment, et lorsque nous aurons accompli tout ce que nous espérons accomplir dans nos carrières respectives, il doit rester une amitié jouissive. J’espère que Jean-Patrick continuera à prendre part aux grands moments que je vis en France.
JP : Continuer un développement à cheval sur la France et les États-Unis, notamment avec la mise en place d’une tournée en Amérique du Nord, continuer à enregistrer pour développer les choses côté discographique.

En concert vendredi 26 février, Stereolux, Festival Hip Opsession, avec The Doppelgangaz + Onyx & Snak the Ripper ft. Jaclyn Gee – 20h

Site MIXCITY

Facebook Mr. Reed

Rédactrice en chef de ce site internet, chargée d'info-ressources à Trempo. Passionnée évidemment par la musique, toutes les musiques, mais aussi par la mer et la voile, les chevaux, la cuisine et plein d'autres choses.

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