Sébastien Boisseau est un babillard contrebassiste officiant au sein d’une douzaine de projets, tant comme leader que partenaire. Animé par la musique et par les gens, celui qui s’invite avec un complice à jouer et discuter dans les salons, défend une approche humaine du jazz et des musiques improvisées, pour mieux contrecarrer la dominante industrielle qui régie la sphère culturelle y compris la musique, quelle que soit sa couleur. Entrevue en amont d’un concert LAMA (Les Autres Musiques Aujourd’hui), ce dimanche 24 avril à Monnières, au Pays du Muscadet.
Photo bandeau : 1 salon, 2 musiciens © Toinette
Chaque « Salon », dans le quartier des Dervallières à Nantes, a donné lieu à un double portrait photographique réalisé par Toinette.
http://www.toinettephotographe.com
Tu as monté et continue de gérer le label Yolk, tu parcours le monde avec de nombreux projets, tu es artiste associé au Petit Faucheux, tu as monté ce concept Musique de salon… serais-tu hyperactif ?
Hyper-passionné, c’est sûr ! Je reçois et j’apprends énormément à travers la musique. J’ai déjà vécu de nombreux rêves de gosses, et je travaille dur pour continuer à jouer la musique que je veux avec les musiciens que j’estime. La dimension collective est centrale dans ma pratique et ma conception (Yolk en est un bon exemple), et au fil des années les connexions s’additionnent tout comme les occasions de donner en retour. Je n’aime pas la tournure industrielle qui s’applique généralement à la musique. Donc, il est vrai que je déploie beaucoup de cette énergie reçue pour faire exister d’autres manières de faire. D’ailleurs, après deux ans d’expériences fantastiques au Petit faucheux, je suis de nouveau disponible pour m’associer à de nouveaux partenaires pour travailler sur ces questions (rires).
Peux-tu nous parler de Musique au salon, la genèse du projet, qu’est ce qui foncièrement t’as poussé à monter le concept ?
Au départ, il y a cet objectif de montrer aux habitants des Dervallières ce qui se passe dans la Fabrique qui héberge le label Yolk. Comment présenter mon savoir-faire à cet endroit où le jazz n’a pas de place identifiée, en restant le musicien que je suis ? J’ai choisi de prendre du temps et de tisser des liens de confiance et de proximité. Pour faire simple, j’ai proposé à un groupe d’acteurs (habitants, associations), sur un territoire déterminé, de s’impliquer dans l’organisation d’un cycle de rencontres musicales. Les « hôtes » se chargent des invitations, de l’accueil et de la préparation du lieu. Soit le salon est existant, soit, dans le cas d’une association il est à créer et à décorer. Le jour J, je me présente avec un(e) musicien(ne) surprise. Il ne s’agit pas vraiment d’un concert en appartement, mais plutôt d’un mix entre un salon littéraire et une réunion Tupperware®. J’ai imaginé ces rencontres en m’appuyant sur ma conviction que le Jazz se construit sur des valeurs qui s’adressent à toutes et tous. Des valeurs qui vont bien au-delà d’une transaction commerciale se réduisant à l’achat d’une place de concert ou d’un disque, des valeurs qui peinent à s’exprimer dans un système de consommation généralisée. Improviser c’est changer et échanger, écouter et s’adapter, construire un ensemble avec des idées différentes, accepter les décisions des autres, c’est être en éveil maximum sur le cours des évènements pour en être acteur, c’est, face à l’inconnu, transformer la peur en magie, c’est se questionner chaque jour ! Appréhender et comprendre tout cela musicalement ne doit pas être réservé aux seuls amateurs éclairés. Je n’y crois pas. Je pense même que ces notions, qui remontent aux origines du jazz, résonnent plus que jamais avec les enjeux actuels de notre vie en société.
Odile accueille le duo de Sébastien Boisseau avec Will Guthrie © Toinette
Comment penses-tu que ce concept puisse être expérimenté dans d’autres villes ?
C’est du cas par cas. L’action a été menée à Tours et Nantes, en parallèle. Cela a été possible grâce à l’aide de personnes, d’associations ou d’équipes qui connaissent leur terrain, à des soutiens de collectivités ou d’une salle comme le Petit Faucheux, grâce à la notoriété du label Yolk et enfin grâce à une temporalité longue et un gros investissement personnel. Les choses se sont déroulées de manière différentes à Tours et à Nantes, les acteurs et les enjeux étaient différents, mais des passerelles se sont crées entre ces deux séries de salons. Je rencontre actuellement des personnes sur des territoires différents dans la région. Mes questionnements rejoignent ceux d’acteurs de différents territoires. L’objectif est d’identifier le cadre général, l’ampleur que l’on souhaite donner à l’action, les moteurs, les enjeux, les directions qui se présentent, les premières portes d’entrée, les possibilités de financement. C’est tout l’intérêt des salons, un travail d’équipe, une cohérence d’ensemble, sur un territoire. C’est un travail qui soude et qui questionne. Le vignoble nantais pourrait être un formidable territoire également et les salons peuvent s’articuler avec les ambitions de la nouvelle équipe de Jazz sur Lie. En Mayenne, je rencontre la SMAC 6PAR4 à ce sujet …
Considères-tu que diffuser la musique hors des circuits plus ou moins institutionnels est bénéfique, et que les « programmateurs et directeurs de lieux » ne sont ainsi plus les seuls à « décider » de ce qui doit être découvert, écouté ?
En fait, c’est un peu comme se demander s’il serait bénéfique de manger de la grande cuisine en dehors des restaurants gastronomiques (rires). Je le pense, oui, c’est bon pour le ventre et aussi pour les oreilles. La musique se diffuse de manière différente en fonction des époques et des évolutions de la société. En vrac, et chez nous, il y a eu l’époque des musiques de cour, des princes et des mécènes, celle de l’église, celle des bals du samedi soir, celle des galas et des revues de cabaret, celle de Malraux et des grandes institutions … A chaque moment de l’histoire ses pratiques, ses modèles, ses codes, ses prescripteurs, ses financeurs, ses freins … Aujourd’hui, nous sommes passés par l’ère industrielle de la musique (et de la musique industrielle), par la matérialisation (disques) puis par la dématérialisation (fichiers), par les Zénith, les « raves party » et les stades. Il semble bien qu’une partie des personnes qui font la société d’aujourd’hui ont envie et besoin de proximité, d’un accueil où l’humain est au centre, et de participer à un modèle économique sain. La musique a besoin de contextes pour exister. Un contexte, c’est un espace qui permet au son et au sens de circuler entre ceux qui donnent et ceux qui reçoivent. Ce que j’apprends grâce à l’expérience des salons, c’est que le jazz et la musique improvisée peuvent s’apprécier partout où ce contexte est humanisé, y compris en dehors des scènes et des réseaux. C’est justement le coeur de ma démarche ; multiplier les contextes qui permettent de sortir des représentations stupides et dégradantes au sujet de ces musiques et de leur considération par le public. Alors que j’entends depuis de nombreuses années que le public du jazz est vieillissant, que cette musique est très difficile d’accès, qu’il faut être un initié pour entrer dedans, les participants aux salons, environ 700 à ce jour, font preuve d’une grande curiosité et d’une présence intense. J’invite qui veut à un salon pour constater qu’une fois que le lien est enclenché, ce sont bien les oeuvres et la démarche des artistes qui sont au coeur de l’attention et des questions du public.
Comme on recommence à cultiver ses légumes, à co-voiturer, à soutenir l’économie sociale et solidaire et les circuits courts, les gens aiment également être acteurs d’une autre façon de « consommer » la musique. Certains appellent ça un travail de fourmi, d’autre la part du Colibri, peu importe le nom, seuls comptent les effets et le sens. Je pense que bloquer ce processus, c’est risquer à terme la mise en péril définitive de théâtres ou d’espaces scéniques magnifiques. Ne pas soutenir les initiatives qui permettent, sans complexe, sans discrimination sociale, sans structures professionnelles, d’être au plus près des oeuvres et des artistes, d’apprendre à toucher la matière artistique que l’on habite à Mouzillon, Pré en Pail, Paimboeuf, Mazé, ou dans un quartier de logement social d’une grande ville, c’est laisser le champ libre au matraquage et au formatage médiatique. Il s’agit d’innover, et de soutenir aussi ceux qui proposent un autre maillage.
Odile accueille le duo de Sébastien Boisseau avec Will Guthrie © Toinette
Cette alternative est-elle une des solutions à trouver pour garantir le statut aux musiciens d’intermittent, est-elle réellement profitable aux musiciens d’un point de vue économique ?
Etre intermittent n’est pas une finalité en soi ! Seulement, pour la plupart d’entre nous, c’est le moyen de pouvoir investir notre temps, entre deux contrats, pour travailler l’instrument, chercher des concerts, répéter, composer … tout ce qui n’est jamais pris en compte dans le salaire d’un concert. Il y a des ressources qui disparaissent (comme les revenus liés aux enregistrements), d’autres qui pointent leur nez comme ces alternatives.
D’un point de vue économique, les conditions de rémunération des musiciens dans les réseaux professionnels se dégradent depuis plusieurs années. Le réseau de diffusion traditionnel est totalement saturé. Chaque année des centaines de jeunes musiciens de tous horizons sortent des rangs des écoles et des conservatoires et peinent à s’insérer. Les subventions baissent et le fonctionnement des salles de concert coutent cher. Les conditions d’accès au droit au chômage (le régime de l’intermittence du spectacle) se durcissent et en sont progressivement éjectés ceux que ce régime spécifique est normalement censé protéger. C’est tout cela surtout qui impacte fortement les musiciens. Comme ailleurs dans la société, le fossé se creuse entre ceux qui gagnent beaucoup et ceux qui tentent de joindre les deux bouts. Alors si des alternatives apparaissent pour recréer des espaces de diffusion non-budgétivores (pardon pour le gros mot), pour ré-alimenter le public avec autre chose que du pré-maché, réveiller les territoires et amener de nouvelles ressources aux musiciens, il faut foncer et trouver les moyens de développer un modèle économique complémentaire et vertueux. Ceux qui participent à ces alternatives comprennent également mieux les rouages, les enjeux et la valeur, y compris économique, de la performance artistique.
Vous avez eu une aide de la Ville de Nantes pour le projet aux Dervallières mais les concerts chez l’habitant sont-ils amenés à être soutenus par de l’argent public selon toi ?
Si la dimension d’intérêt général est assurée en ouvrant ses portes au public et non à son public, que les conditions qui permettent de valoriser le travail des artistes sont réunies, pourquoi pas ?
Il serait regrettable de dévaluer les missions des collectivités en les rendant seulement comptable du coût d’un fauteuil de spectacle. Leur mission est précisément de rendre possible ce qu’une logique de marché interdit pour cause de rentabilité financière. D’évaluer la portée des actions et leur inscription dans un tissu sociétal qui respecte la diversité. J’ai déposé et obtenu des demandes de soutien à la ville de Nantes, auprès de l’Etat et du Département afin d’impliquer des habitants, des acteurs sociaux, une photographe, des graphistes et des musiciens professionnels dans un projet artistique complet. Nous avons organisé une restitution de cette aventure avec l’édition d’un coffret regroupant la musique et le travail photographique, des témoignages écrits ont illustré une exposition retraçant les salons à travers des portraits regroupant les artistes et les hôtes dans l’ambiance des différents lieux … 30 salaires d’artistes ont été versés. Au total, à Nantes, nous avons joué et répondu aux questions de près de 400 personnes, dans l’intimité d’une pièce, pendant environ 2 heures à chaque salon. A l’échelle d’un quartier, 400 personnes qui participent à une expérience artistique qui leur donne la parole ainsi que la prise de conscience qu’ils ont déjà à leur disposition de nombreux outils pour comprendre ce qu’on leur présente trop souvent comme inaccessible, je trouve que c’est une belle innovation. Nous l’avons fait grâce à l’argent public.
Le duo Sébastien Boisseau /Matthieu Donarier chez Fari © Toinette
On assiste depuis plusieurs années à la progression de cette alternative aux concerts, comment toi et les musiciens qui t’accompagnent vivez le concert ? Certains musiciens affirment que c’est plus difficile de jouer devant peu de personnes, en l’occurence souvent des bons amis, que dans un festival par exemple ?
Oui, je vois ce que tu veux dire. Sur scène il y a comme un cadre habituel, avec la sono, les lumières, les retours, la disposition du groupe, à force se créent les conditions d’un espace scénique qui devient familier, ça rassure, le terrain est connu … Quand tu joues hors scène, dans une petite pièce, il faut s’adapter, inventer avec le lieu qui n’est pas forcément conçu pour cela, on voit tes rides ou tes boutons d’acné (rires). Mais la capacité d’adaptation est l’une des singularités des musiciens improvisateurs. En revanche, ce qui est très stimulant dans le cas des salons, qui s’adressent précisément à des personnes qui ne nous connaissent pas et qui n’ont pas de culture de l’impro, c’est que le public n’est pas acquis d’emblée. Il ne sait pas à quoi s’attendre, il faut le convaincre de nous rejoindre dans la concentration et dans l’écoute … là il y a une saine pression et un beau challenge !
Vous proposez un temps de discussion avec les habitants autour de l’improvisation ou du jazz, c’est vraiment nécessaire ?
Quand un grand chef cuisinier t’explique pourquoi il choisit une combinaison d’ingrédients étrange, comment il en est arrivé à ce choix et pour quelle stimulation gustative, c’est très enrichissant. Je l’ai vécu une fois, c’est incroyable. Tu comprends alors qu’il maîtrise son art à la perfection et tu as l’impression de découvrir ta propre bouche ! Aux salons, il s’agit plus d’un atelier d’écoute active, que d’un concert au sens traditionnel. Nous ne sommes pas programmés par quelqu’un ou par une salle, c’est bien nous qui allons à la rencontre. J’insiste sur le ressort de la surprise, pour éviter les préjugés, pour bien comprendre et démonter les mécanismes induits par les représentations abusives sur nos musiques. Alors ça fait du bien à tout le monde de pouvoir s’exprimer ; à nous aussi, c’est vraiment plaisant de guider les gens dans l’écoute. Non pas pour leur faire aimer à tout prix, non pas pour formater leur écoute, mais au contraire pour permettre d’ouvrir et de connecter les sens. Il faut tout de même réaliser que la représentation collective générale du jazz tourne autour d’un musicien plutôt noir, sûrement drogué, et souvent mort depuis longtemps (rires). Que le mot « jazz » lui même est utilisé pour nommer modèle de parfum, de voiture, ou de produit bancaire. Revenons à la musique, l’immense majorité de la population écoute à 100 % de la musique rythmée à 4 temps. En général assez fort, dans un format de son compressé, sur des enceintes ou des casques de qualité médiocre. Alors quand deux musiciens jouent en acoustique, qu’ils utilisent d’autres ingrédients que la pulsation, qu’ils s’amusent avec les timbres et les métriques inhabituelles, ou avec des formes longues, ça peut en dérouter plus d’un. La discussion doit inviter à placer les clichés à la poubelle, pour dérouter effectivement, sans panique.
Le duo Sébastien Boisseau /Matthieu Donarier chez Fari © Toinette
Y-a-t-il des musiciens (sans les nommer bien sur) pour lesquels cet exercice ne serait pas possible ? Et pourquoi ? Qu’est ce que requiert ce type de concert ?
A vrai dire, les musiciens que j’invite sont sensibles à ces enjeux, et je suis très attentif à cette sélection, donc le problème ne s’est pas encore posé. Il faut simplement avoir conscience du fossé qui se creuse entre nos aspirations artistiques et les habitudes de consommation des spectacles. Ce sont ces questions qui sont mises sur le tapis par le prisme de ma pratique musicale, de mon expérience et bien-sûr en y associant mes invités. Ce n’est pas vraiment une surprise de constater qu’il y a de nombreuses convergences entre ce que vivent les musiciens et ceux qui se trouvent dans le public. Le monde se cloisonne violemment, à coup d’étiquettes, de communautés internet ou religieuses, de mur de béton et de barbelés, mais nous vivons dans le même monde, nous subissons tous les mêmes problèmes, nous sommes des pièces d’un même puzzle. Il faut trouver le moyen de rester en contact avec nos réalités. On pourrait se dire que certains artistes ne sont pas concernés par ce type d’action, qu’ils n’ont pas besoin de ça. Mais la confusion vient souvent du fait que les artistes qui sont (sur)médiatisés représentent une infime partie de la profession. Par exemple, Il y a 5000 musicien(ne)s de jazz professionnels vivant(e)s recensé(e)s en France aujourd’hui. Vous qui lisez ces lignes, combien en connaissez-vous autour de chez vous ? Sommes-nous vraiment si « connectés » que cela ? Et qui n’est pas aujourd’hui étranglé par un modèle industriel, basé sur la rentabilité, et les retours sur investissement ? La musique qui m’intéresse ne rentre pas dans un tiroir, ou sur un rayonnage de supermarché. Elle est simplement vivante, elle change d’humeur et de goût tous les jours. Ca ne la rend pas facile à vendre en magasin évidemment. Ceux qui m’accompagnent dans les salons sont prêts à échanger sur ces rouages.
Tu participes également au projet LAMA, peux-tu nous en dire plus ?
LAMA pour Les Autres Musiques Aujourd’hui. J’ai découvert cette association en Bretagne, en y jouant avec Matthieu Donarier et notre duo Wood. Cette association forte de 800 adhérents entre Doëlan et Clohars-Carnoët a été imaginée et impulsée par le musicien Eric Thomas. En revenant chez moi, j’ai proposé à un voisin de répliquer le modèle dans le vignoble, autour de Monnières. C’est une démarche voisine de celles des Salons. Il s’agit d’organiser une surprise musicale, une fois par saison, sans esthétique pré-déterminée, dans des lieux qui sont détournés de leur fonction habituelle (un garage, une cantine, un jardin …). Les habitants de villages se mobilisent dans une association et créent un enclos un peu improbable pour accueillir un « vrai » concert cette fois. Les taches se partagent au gré des envies ou des compétences, les artistes sont rémunérés légalement et décemment grâce aux adhésions, aux dons et aux entrées, un vigneron différent est associé à chaque édition du LAMA pour présenter une de ses cuvées. Nous sommes plusieurs à choisir la programmation, et je contacte directement les musiciens qui m’ont toujours fait confiance jusqu’ici. Une partie du public est parfois déboussolée, mais tout le monde apprécie ce moment qui mélange surprise, découverte, simplicité, ambiance familiale, musique et musicien(ne)s de grande qualité. Le prochain LAMA c’est le dimanche 24 avril, en plein vignoble, pour les petits et les grands, il faut juste s’inscrire sur le site www.lama44.fr
Dans quel lieu privé rêverais-tu de jouer ?
Waourf la question qui tue… Hier, je t’aurais dis chez toi, et là ce matin, allez dans le salon de M. Raymond Depardon… Tu devrais te méfier de ce genre de questions, car je sais par expérience que les rêves peuvent devenir réalité …