NINETEEN SOMETHING : TOUT DOIT RENAÎTRE !

Le nom de l’avant-dernier album des Thugs désigne aussi un tout nouveau label monté par Franck Frejnik du label et fanzine Slow Death et Eric Sourice, chanteur guitariste des Thugs et co-fondateur de Black et Noir. Comme pour redonner une existence à ce qui a pu paraître dans les années 1980/1990, alors qu’il s’agissait au début de porter des rééditions des albums des Thugs, Nineteen Something is born ! Eric nous en parle.

Photo bandeau : Les Thugs © Woody

 

Peux-tu revenir sur la création de Nineteen Someting ? Qui est à l’origine ?
Ça faisait un petit moment que l’on avait, avec Franck, des projets de compilations, sortes de Peebles à la française. Et puis j’étais très admiratif du boulot qu’il faisait avec Slow Death surtout quand je lui demandais s’il arrivait à rentabiliser ses sorties et qu’il me répondait « Je ne sais pas, sans doute ». Pour moi, on était sur la même planète ! Ce qui a tout déclenché c’est la réédition des vinyls des Thugs qui devait se faire avec Crash. On a eu quelques petites divergences avec Marsu et on a décidé de faire ça ensemble, Franck et moi. Dans le même temps, on s’apercevait de l’inexistence numérique de tous les groupes des années 80 et 90 que l’on avait aimés. Impossible en surfant sur le net, ou alors en cherchant très longtemps, d’avoir des informations ou d’écouter les sons de cette époque. On s’est donc dit que l’on avait une mission, et qu’à l’instar de Atypeek Music pour la scène noise, on pouvait remettre cette scène dans la lumière de la toile. Pas de nostalgie dans tout ça, ces groupes sont bien actuels même si les enregistrements datent d’il y a 20 ou 30 ans. Je me rappelle qu’au début des années 80, on découvrait les groupes garage des années 60, et que pour nous, ce n’était pas de la musique de vieux ! On n’a pas eu besoin avec Franck de discuter très longtemps, le projet de label était là.

Sur le site web du label, Nineteen Something est présenté comme « label indépendant et distributeur numérique de rock souterrain ». On revient à l’idée de l’alternatif qui n’existait plus selon vous ?
Houla, sûrement que si, il y a toujours eu des groupes et des labels qui oeuvraient de façon indépendante, nous n’avons rien réinventé.

On lit en sous-titre de Nineteen Something « Pour que les héros du peuple demeurent immortels ? C’est l’objet des rééditions ? Qui sont pour toi les héros du peuple s’il ne sont pas musiciens ?
Cette phrase vient d’une compilation du label Gougnaf Mouvement « Les héros du peuple sont immortels » en 1985. Ce titre était un pied de nez à l’imagerie révolutionnaire chinoise ou russe, et en même temps, une revendication du caractère offensif et concerné de la scène alternative de l’époque. Pour moi sinon, il n’y a de héros que dans les romans.


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Editions numérique des trois albums des Angevins de Dirty Hands

 

Black et Noir n’aurait pas pu être remis sur pied pour cela ? Vous n’aviez pas envie de proposer le projet à Sub Pop ?
Franck et moi ne sommes pas parti dans l’aventure avec l’idée de faire une version 21ème siècle de Black et Noir. En même temps, nous n’avons pas changé dans nos convictions et notre engagement pour le rock indépendant. Les similitudes les labels de cette époque sont donc obligatoirement frappantes. Black et Noir était un label angevin des années 90 qui se situait dans la droite ligne des labels français des années 80 (Closer, Bondage…), qui défendait une scène rock à guitare, on parlait à l’époque de grunge ou de hardcore, essentiellement angevine mais pas que, et qui revendiquait son indépendance. Nous ne nous limiterons pas à la scène angevine et Sub Pop n’a pas besoin de nous pour défendre la scène grunge américaine !

Le label réédite deux disques l’an dernier et trois autres des Thugs cette année, est-ce que cela fait « revivre » un peu le groupe pour toi ? Et est-ce que ça peut par moment donner des envies de reformation ?
Il y a eu régulièrement, depuis la fin des Thugs, des sorties de rééditions et d’inédits. Le Best-of en 2004, les inventaires en 2005, le live KEXP en 2010, Come On People en 2012 et enfin les rééditions vinyles à partir de 2015. Que cela me donne des idées de reformation, sans doute, mais qu’il y ait une reformation dans un avenir proche, il n’y a rien de moins sûr !

S’il y en avait eu qu’un album à rééditer, lequel auriez-vous choisi ?
Impossible de n’en rééditer qu’un, c’est tout ou rien !

 

flyer-LesThugs2Editions numériques des albums des Thugs

 

Quelles étaient les tirages de l’époque (en moyenne) et quels sont les tirages de ces rééditions ?
Plutôt que de parler de tirages, je vais parler de ventes. Les Thugs vendaient entre 10 et 20000 de chaque album et maintenant, mais ce ne sont que des rééditions, on est aux alentours de 800 pièces.

Est-ce que ces rééditions ont suscité un intérêt à l’étranger ?
Les albums ne sont pratiquement pas distribués à l’étranger. Grace à internet, nous vendons un peu en Europe, en Australie et aux Etats Unis, mais rien de remarquable !

Eric quel serait le disque (groupe français ou étranger) que tu aimerais voir réédité ?
C’est difficile à dire, il y en a tant ! Les albums des Wipers par exemple ou des Milkshakes.

 

Site NINETEEN SOMETHING

Rédactrice en chef de ce site internet, chargée d'info-ressources à Trempo. Passionnée évidemment par la musique, toutes les musiques, mais aussi par la mer et la voile, les chevaux, la cuisine et plein d'autres choses.

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