Cette chronique propose de dévoiler des identités visuelles fortes et créatives réalisées pour des festivals, des scènes, en région et ailleurs, dans les musiques actuelles ou ailleurs. La parole est ici donnée aux commanditaires (responsables de communication) et aux designers (indés, agences…). Aujourd’hui, présentation du travail de Philippe Savoir de l’agence Filifox (Paris) pour Angers Nantes Opéra.
Le client
La création en 2002 du Syndicat Mixte Angers Nantes Opéra est née de la volonté des villes de Nantes et d’Angers, encouragées par l’État, d’unir leurs moyens pour mener une politique lyrique commune. Un même programme présenté dans les deux villes, une implantation locale forte, une volonté de rayonnement régional, national et international, une autre façon de produire et de s’adresser aux publics, autant de missions qui ont donné naissance à cet Opéra d’un nouveau genre, s’inscrivant dans le cadre d’une réflexion nationale menée par le ministère de la Culture et de la Communication sur une politique lyrique décentralisée. Angers Nantes Opéra défend une politique d’action culturelle dynamique, incluant sensibilisation des publics, diffusion d’œuvres lyriques en région et collaborations avec d’autres acteurs culturels régionaux. Angers Nantes Opéra emploie actuellement une centaine de salariés, dispose d’un chœur permanent, d’un atelier décors et d’un atelier costumes. Il a la gestion du Théâtre Graslin à Nantes, est accueilli au Grand Théâtre et au Quai à Angers, travaille de façon privilégiée avec l’Orchestre National des Pays de la Loire, membre du syndicat mixte et orchestre partenaire.
Année de création : 2002
Type de structure : syndicat mixte
Directeur général : Jean-Paul Davois
Sous-directeur – en charge du pôle communication & relations avec le public : Dominique Prime
Responsable de communication et des relations presse : Bénédicte de Vanssay
www.angers-nantes-opera.com
Quelle a été la commande passée au graphiste ?
Le choix d’Angers Nantes Opéra est de ne pas chercher à illustrer une création, un spectacle qui, à l’heure des publications de brochures, affiches ou autre support/vecteur de communication, n’existe pas encore, mais d’ouvrir l’univers de l’opéra, aux voyages auxquels cet art total invite, à d’autres univers, au travers des paysages, des visages, des atmosphères. En invitant à la découverte, à la surprise, des connivences se tissent parfois, souvent, entre le climat des œuvres lyriques et les photographies. Les photographes sont le plus souvent, jeunes, ou pas encore trop renommés. Notre graphiste, Philippe Savoir, a donc la mission de rechercher un photographe dont l’univers, l’esthétique est susceptible d’entrer en résonance, en correspondance avec les opéras et spectacles programmés par Angers Nantes Opéra. Le choix du ou des photographes est arrêté par les directeurs, Jean-Paul Davois et Dominique Prime. Pour le photographe, c’est l’occasion d’être publié dans une brochure éditée à 100 000 exemplaires et diffusé également via nos affiches des spectacles, sur le site d’Angers Nantes Opéra, et à l’occasion de la saison 2013/2014, d’être exposé : pour quelques photos dans le hall du Théâtre Graslin à Nantes en juin et juillet dernier et à l’automne 2014 au Grand Théâtre d’Angers. Il n’y a pas de commandes passées à un photographe. C’est une affaire de pure rencontre esthétique et … d’accord financier.
Comment jugez vous la réponse apportée (qualités esthétiques, créativité, relation avec le prestataire…) ?
L’affirmation d’une véritable identité qui s’est installée ; la permanence, chaque saison, d’une véritable ligne esthétique, une haute qualité du traitement des images, des visuels, très reconnue de par les imprimeurs.
Sur quels supports votre communication est-elle déclinée (papier, web, app, merch…) ?
Brochure de saison, dépliants, affiches, site web et réseaux sociaux programmes des spectacles…
Quels retours des partenaires, usagers, publics avez-vous reçus ?
Une originalité désormais attendue par le public, par les médias partenaires, en France et en Europe, par les autres maisons d’opéras et structures culturelles. Un format, des thématiques de visuels, qui semblent adoptés parfois par d’autres structures culturelles. Le public, et pas seulement nos spectateurs, nous réclame régulièrement les affiches ; certaines personnes les collectionnent.
Les designers
Filifox/Philippe Savoir
Année de création : 1987
www.filifox.com
http://psavoir.prosite.com
Quelle a été votre proposition graphique en réponse à la commande de la structure ?
Je travaille depuis longtemps dans le secteur culturel et j’ai répondu à l’appel d’offre de la première saison du directeur général, Jean-Paul Davois. Le projet que j’ai présenté n’était basé que sur le premier spectacle de la saison et l’a séduit ! Il avait envie d’une ligne qui évitait les poncifs de l’opéra tout en gardant une approche relativement classique. Même si cela ne se voit pas, le choix d’une image pour un lieu est toujours un peu politique. Il fallait se renouveler et attirer un nouveau public sans pour autant se couper de celui qui existait. En somme, il s’agissait de retranscrire une idée de modernité, sans effrayer ni devenir mièvre. Au fil des saisons, nous avons construit l’image de ce nouvel opéra et notre relation, avançant au rythme de la programmation et de notre réflexion, ce que permet une collaboration suivie. Le pari était d’abandonner les codes traditionnels pour en inventer de nouveaux qui nous ressemblent et qui fassent parfaitement écho au message que la programmation voulait faire passer. Alors, très vite, l’idée d’associer un artiste à la programmation est venue. Confronter deux univers artistiques, celui de l’opéra et celui d’un artiste dont le travail pouvait évoquer cet art si riche sans l’illustrer littéralement. Nous avons tenté d’apporter un nouveau regard et d’affirmer une personnalité au travers d’une narration presque parallèle, qui vient nourrir l’imaginaire du spectateur, sans lui imposer une idée prémâchée du spectacle, qu’il puisse arriver l’esprit ouvert.
L’idée est de faire évoluer l’image en permanence sans perdre le spectateur. Ne rien figer et apporter chaque saison une petite évolution graphique, subtile, qui dynamise, tout en faisant référence à l’année précédente. Pour chaque nouvelle saison je me mets à la recherche d’un artiste pouvant répondre à cette donne, en ne jugeant que l’artistique, ce qui fait que nos artistes sont souvent internationaux (lire ci-dessous) et qu’ainsi de belles rencontres se produisent. Tout cela s’est construit au fil de la relation et d’une réelle écoute mutuelle, en essayant d’enrichir nos univers parfois différents et de privilégier un regard plus direct sur cet art qu’est l’opéra, sans oublier de toujours laisser une place à l’émotion.
Comment jugez-vous la relation avec la structure ?
La grande qualité du duo que forment le directeur général Jean-Paul Davois et son sous-directeur Dominique Prime, c’est qu’ils sont toujours très curieux et très ouverts aux propositions que je leur fais. Il savent ce qu’ils ne veulent pas, mais demandent toujours à être surpris. Une fois la décision arrêtée, ils vous assurent leur soutien indéfectible, prêts à défendre le projet contre vents et marées, ce qui est plutôt rare de nos jours. Il est donc toujours très intéressant de suivre une maison de ce type sur le long terme. Cela permet de réaliser un travail comparable, entre guillemet, à de « la Haute Couture ». Chaque ajustement est fait sur mesure et chacun se fait une totale confiance. Je connais leur état d’esprit et leurs goûts, ce qui me permet de leur proposer quelque chose de précis, tout en essayant de les étonner, voir parfois de les déstabiliser, pour trouver la réponse la plus juste ! C’est aussi cela qui fait gagner un temps précieux des deux côtés et permet à chacun de faire son travail au mieux, au sein d’une belle relation.
Les photographes
Après Julia Fullerton-Batten, Jean-Philippe Marie, Hans Silvester, Maleonn, Olivier Valsecchi, Baljit Singh Deo, Ambroise Tézenas et Christy Lee Rogers l’an dernier, Angers Nantes Opéra accueille cette saison (2014-2015) la photographe finlandaise Inka Lindergård et le photographe suédois Niclas Holmström qui vivent à Stockholm où ils travaillent en duo depuis 2008. Lors d’un voyage dans l’extrême nord de la Norvège, Inka Lindergård et Niclas Holmström se sont mêlés aux touristes venus là pour admirer le soleil de minuit, curieux de comprendre cette étrange curiosité pour un phénomène si peu naturel. Dans la lumière fantomatique de cet interminable coucher de soleil, ils ont été les témoins des craintes et des émerveillements des hommes. Ils ont vécu l’inoubliable expérience intérieure que déclenche un paysage élargi par le silence, saturé d’émotion par un étonnant spectre de couleurs. Ils en ont fait la série SAGA qui a contribué à leur jeune notoriété, rapidement devenue internationale.
www.inkaandniclas.com
Exposition de photos de Christy Lee Rogers, artiste invitée par Angers Nantes Opéra pour la saison 13/14
Le lyrisme des abysses
Du 18 septembre au 20 novembre 2014 au Grand Théâtre d’Angers.
Partenariat Angers Nantes Opéra/Grand Théâtre d’Angers – Ville d’Angers.
de Vanssay
Merci de ce bel hommage de Tohu Bohu aux voyages esthétiques que propose chaque saison, à chaque spectacle lyrique, Angers Nantes Opéra, avec la complicité de son graphiste, Philippe Savoir.