Il y a des BD qui devraient d’office être livrées quand on achète un meuble de bibliothèque chez Ikea. Voici une oeuvre de l’ordre du classique.
L’auteur, Derf Backderf (un pseudo nous dit-on), y aborde par le prisme de Otto Pizcok dit « Le Baron », sorte d’anti-héros lycéen (lubrique, pétomane, mélomane, donc très attachant), la vie à Richford (Ohio), banlieue « retardée » et sinistrée des États-Unis (à tel point que cette région des Grands Lacs est aussi connue sous le nom de « Rust Belt », la « ceinture de rouille » tellement elle a pris de plein fouet la crise économique du début des 80’s). Entre teenage moovie potache et reportage gonzo à la Hunter S. Thompson, tout se cristallise sur « The Bank ». Une salle de concert qui prenait alors ses quartiers, comme son nom l’indique, dans une ancienne banque, remplaçant banquiers cravatés le doigt sur la couture du pantalon par la fine fleur de la scène punk rock de l’époque (Ramones, The Clash, Klaus Nomi, Wendy O. Williams…). Convoquant le fantôme de Lester Bangs et de tous ces groupes (dont la plupart sont aujourd’hui six pieds sous terre), Derf Backderf signe ici un authentique must have en étayant son récit par des anecdotes dont la recherche et le recoupement sont dignes d’un travail journalistique. Mais mis en images, on se poile ici beaucoup plus qu’en lisant n’importe quel hors-série des InRocKs.
Merci une fois plus à Julien mon libraire chéri sans qui je serai passé à côté de de bijou.
19€.
« Punk rock et mobile homes » de Derf Backderf, Éditions Ça et Là, février 2014. 160 p.
L’auteur a par ailleurs préparé une « bande originale » qu’il recommande d’écouter en feuilletant son livre (on vous l’intègre ci-dessous via YouTube).