Depuis quelques temps, les salles type SMAC s’accointent avec des disquaires. Les premiers à s’être risqués à ces accointances de façon très régulière sont La Nef en la personne de David Fourrier à l’époque, programmateur de la salle, et Laurent Ouvrard, disquaire. Faut-il y voir un moyen de soutenir le disque pour les premiers, et un nouvel espace pour trouver de nouveaux clients mélomanes pour les seconds ? Le 18 avril prochain, Disquaire Day, variante française du Record Store Day, semble permettre bien des initiatives y compris celle d’une salle, Le Fuzz’Yon qui se rapproche d’un e-disquaire, 100% White puzzle. Rencontre avec les intéressés, Benoit (directeur /programmateur du Fuzz’Yon) et Jérôme (responsable de 100% White Puzzle).
Crédit-photo bandeau : Philippe Bertheau
D’où vient l’idée d’intégrer le Disquaire Day pour une salle comme le Fuzz’Yon?
Benoît : Nous avions l’idée depuis quelquess temps comme d’autres salles en France. Mais faute de disquaire avec qui s’associer, nous avions laissé cette idée de côté.
Les disquaires étant de plus en plus rares, est ce une façon de donner une lisibilité aux disquaires ?
Tout à fait, et de montrer qu’ils peuvent être des interlocuteurs privilégiés dans les choix des mélomanes.
La Nef à Angoulême propose depuis de nombreuses années un espace pour un disquaire ambulant ? Est ce un objectif intéressant pour une salle de spectacle ?
Difficile à dire, l’idée sur le papier est séduisante, mais je pense que cela demeure intéressant uniquement si le lieu est implanté en centre ville et non en périphérie. D’ailleurs à La Nef et à La Sirène, les boutiques fonctionnent que les soirs de concerts, car les autres jours il n’y a personne qui fréquente ces lieux. Mais j’aimerais bien imiter mes collègues d’Angoulême et La Rochelle.
Deux mots sur 100%white puzzle ? Pourquoi eux ?
Tout simplement car il veut implanter une boutique à moyen terme sur la ville et qu’il est venu vers nous depuis quelques mois, et que sa ligne artistique correspond à la nôtre.
Que penses-tu du Disquaire Day ?
Difficile de donner un avis car il y a les événement auxquels nous participons et la réalité des disquaires au quotidien qui est difficile malgré cet événement. S’il peut contribuer à donner un coup de projecteur à des boutiques, tant mieux. Et si un jeune public peut découvrir cet objet, c’est parfait mais il ne faudrait pas que l’essence même du Disquaire Day disparaisse …
Peux-tu présenter 100% white puzzle ?
Jérôme : 100% white puzzle, c’est pour l’instant une boutique en ligne et un magasin itinérant que l’on peut retrouver sur des bourses aux disques ou des concerts dans l’ouest de la France… C’est une très petite boutique de disques, principalement de vinyles qui tient à son caractère indépendant ! C’est aussi une aventure récente puisque la boutique n’existe que depuis six mois. On y trouve en majorité du neuf mais aussi un peu d’occasion.
Le nom, un clin d’oeil à Hint ?
Oui, très clairement, à ce titre 100% white puzzle et à l’album entier dont découle ce morceau. Ce nom induit aussi une direction, une esthétique particulière que je souhaite travailler en tant que disquaire. Il représente une exigence avant tout artistique loin de ce que les anglosaxons appellent l’entertainment. Et puis, ce nom est à la fois étrange et un peu incongru. Pour une boutique de disque, cette étrangeté et cette incongruité me vont bien.
Pourrais-tu avoir une boutique ?
C’est quelque chose que je travaille et qui pourrait voir le jour sur les rives du Yon dans une cité napoléonienne des Pays de la Loire.
Tu as une spécialité ?
La seule spécificité tient au support, le vinyle. Pour le reste, j’essaie d’être assez généraliste avec la même exigence que celle que j’évoquais à l’instant. Toutefois, on trouvera dans mes bacs plus d’artistes, de groupes, estampillés « rock indépendant », mais aussi du jazz, du métal, un peu d’électro et la très petite boutique ne demande qu’à grandir !
Tu bosses sur le modèle d’un disquaire physique ? Commandes, distributeurs, marges etc..
Oui exactement comme un disquaire physique, rien ne peut différencier mon travail de celui des collègues qui ont une échoppe.
Il y a plusieurs disquaires (notamment à la Nef) qui travaillent lors de soirées concerts dans ces salles en plus d’une vente VPC ou e-shop. Qu’en penses-tu ? Tu y songes ?
C’est une dimension importante quand tu es itinérant, il faut aller à la rencontre des mélomanes faire connaitre ton travail, et c’est effectivement quelque chose que je compte développer dans les mois à venir.
C’est quoi pour toi le Disquaire Day ? Quels sont les éventuels avantages ?
C’est au moins trois choses. C’est une journée où la musique, les artistes, sont mis en avant mais aussi les supports physiques et les disquaires. Cette journée (organisé par le Calif) est importante pour la visibilité et la reconnaissance des disquaires indépendants qui par ailleurs, et contrairement à leurs collègues libraires, manquaient (manquent) jusqu’alors de soutien. C’est aussi une journée où il sera possible de trouver quelques pépites et raretés, permettant à un public peut-être plus large que par habitude de pousser la porte d’un disquaire, de discuter autour des œuvres et, qui sait, de découvrir de nouvelles choses et de revenir plus souvent vers des disquaires indés !