Après le live-report jour d’hier, voici le live-report des nuits, du noir, encore que, non pas vraiment, la lumière, certes artificielle, était bien partout.
Photo bandeau Mykki Blanco © Rachel Addra
Devant une salle sold out, c’est Ljøs (lumière en islandais) qui ouvre le bal avec la performance de la danseuse Elena Annovi, harnachée à sa corde. Elle se mue sur la toile de l’écran vidéo, araignée gracieuse, défiant la force de l’attraction, de la pesanteur. Bienvenue dans la troisième dimension !
Dans un autre registre, le producteur britannique Paul Jebanasam et le développeur néerlandais Tarik Barri nous ont littéralement propulsé sur des exo planètes avec Continuum. Ce voyage intergalactique au son lourd et puissant mène le spectateur à un rêve introspectif.
A la recherche d’une performance audiovisuelle générative, Perspection de Matthew Biederman & Pierce Warnecke hypnotise par ses formes tridimensionnelles et une ambiance sonore puissante. Debout devant l’installation, le public se trouve dans une réalité altérée par les illusions optiques et auditives comme devant une porte intergalactique qu’il ne pourrait pas franchir.
Avant de commencer la première nuit éléctro, Chloé nous offre un moment d’échange, une conversation au manoir de Procé où elle évoque son parcours de DJ et productrice, de sa première table de mixage aux soirées au Pulp. Artiste inclassable qui joue de manière intuitive, sans set programmé, elle mélange machines et logiciels sans séparation nette dans ses compositions. Co-fondatrice du label Kill the DJ , elle sort notamment les albums The Dysfunctional Family avec Ivan Smagghe et The Waiting Room. Avec simplicité et enthousiasme, Chloé parle de son de son travail, de son quotidien au studio comme « si elle allait au bureau », de ses formations à la musique électro acoustique au conservatoire et au logiciel MAX/MSP à l’Ircam. Artiste transdisciplinaire, Chloé développe aujourd’hui des collaborations avec d’autres artistes dans des centres d’art contemporain : soirée Kill the DJ en 2015 à Beaubourg avec Léonie Pernet (accompagnée de Mansfield Tya), Nova Materia, Phormazero. Elle réalise également de la musique de films : Je ne suis pas un salaud fiction d’Emmanuel Finkiel ou encore Guru, une famille hijra, un documentaire de Laurie Colson et Axelle Le Dauphin.
Après cette parenthèse champêtre, il est temps d’aller à la rencontre des univers des 3 salles de Scopitone. Le nefs sont devenues la Boîte, caisse noire où la qualité sonore est superbe, son amplifié en multidiffusion sur 36 points différents. Un club gigantesque où chacun et chacune n’a pas hésité à montrer ses plus beaux atours de déguisement et de peintures faciales colorées, réminiscence de free party. Dans la salle micro, on se retrouve face à l’artiste Tetsuji Ohno alias Intercity-Express, composant en live avec ses 2 personal computer distillant une musique électro prenante aux beats secs et énergiques. Sa performance triggering est étonnante, à gauche et à droite de la scène, des écrans diffusent des vidéos. L’énergie et la vibration de cette performance ouvrent un véritable paysage mental.
Le live de Jacques à Scopitone restera une expérience inédite. Performance improvisée, où il sort ses ustensiles de cuisine ou autre bol, fouet pour vous faire entendre ses objets que vous n’avez jamais vraiment voulu écouter. Electro empreinte de mélodies entêtantes; il est là, ici et maintenant avec son public en liesse. La salle micro a été le témoin d’une collision de météorites. Jacques a exécuté son premier slam.
Autre salle, autre ambiance. A bord de son chalutier, le producteur et DJ Molecule nous invite aux contrées de son projet 60° 43’ Nord dans les abysses d’un son vrombissant et minimal avec une projection panoramique à 360° dans la salle maxi. Molecule a su nous plonger dans son univers audiovisuel immersif.
Le festival a invité un autre artiste hors norme, Mikky Blanco. On ne peut rester insensible à ce rappeur libre et subversif. Accompagné de son DJ, il assure un set hallucinant, descend dans la fosse, interpelle le public, monte sur le bar, pose son flow, vocifère et mange sa perruque blonde. A l’instar de son clip « High School Never Ends » (en featuring avec Woodkid), les vidéos projetées sont à l’image de ses clips à l’esthétique soignée et hyperréaliste.
Bienvenue en club !
Le très attendu, Petit Biscuit a propagé la happy face dans la Boîte avec son univers féerique, mixant avec sa guitare électrique une électro joyeuse et légère avec une candeur incroyable. Puis c’est au tour de Lindstrøm, pulsant une électro mélodique enivrante.
Quant au live d’Anne Clue, il a entraîné le public de la salle maxi vers une techno house efficace et énergique.
Oui, énergie !
Comme vous le savez, Scopitone ce n’est pas qu’une grosse surprise party… Ce sont des univers nocturnes sonores éblouissants où tu danses, piétines, rentres en transe et déambules dans une joie inébranlable jusqu’au petit jour…
Alors merci Scopitone et on se voit bientôt pour une nouvelle célébration de la nuit !