SCOPITONE, LE JOUR

Durant quatre jours, scientifiques, artistes, fans de la première heure, grands enfants et petits hommes, se sont croisés sur les lieux culturels nantais, témoins des réflexions sur le numérique et d’élucubrations festives. Cultures électro, arts numériques, la 15ième édition du festival Scopitone s’interroge sur la perception des mondes qui nous entourent. Le résultat est troublant et protéiforme : installations, performances, DJ set, table ronde, œuvres immersives et interactives.

Photo bandeau : intallation Unfold (Ryoichi Kurokawa) © Rachel Addra



Les collaborations entre scientifiques et artistes offrent des OVNI, qui s’inspirent mutuellement. Autour de la table ronde  Science, technique, imaginaire : l’expérience numérique,  l’astrophysicien Vincent Minier du CEA – Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives – de Paris-Saclay et les philosophes Bernard Stiegler et Etienne Klein, nous expliquent les évolutions de la perception de notre univers de la révolution copernicienne, à la découverte des ondes gravitationnelles et exo planètes comme Proxima b.
Les images inédites de l’univers inspirent des artistes comme Ryoichi Kurokawa, l’œuvre Unfold exposée au château des ducs de Bretagne efface les limites entre art et données scientifiques.
Née de la collaboration avec l’astrophysicien Vincent Minier, l’œuvre immersive vous enveloppe de ces 3 écrans verticaux. Allongé sur le sol pour assister à la naissance des étoiles, le son vous transporte pour un voyage à travers l’espace. Composée d’images réelles du télescope spatial européen Herschel, l’artiste Ryoichi Kurokawa a imaginé les interstices de cet univers où les sens sont inversés : les éléments de couleur de bleu correspondent à la chaleur et ceux de rouge correspond au froid.


 

Pour illustrer la distorsion de l’espace-temps, Ryoichi Kurokawa présente une deuxième œuvre Constrained surface, installation audiovisuelle sur 2 écrans de télévision asymétriques. Objets banals du quotidien, les écrans deviennent un phénomène audiovisuelle où le son au départ imperceptible devient omniprésent pour apporter une aura lumineuse et persistante dans la pièce. Les couleurs apparaissent tels des messages transmettant des tonalités et des émotions, Ryoichi Kurokawa joue ici avec la synesthésie.

En poursuivant son parcours, le visiteur arrive dans une salle voutée et sombre du château, des robots primitifs semblent s’agiter dans la pénombre. Mécaniquement, leurs têtes s’agitent et semblent suivre nos déplacements dans la salle en répétant un bruit qui ressemblent à des piaillements. Ils semblent suivre les instructions de leur chef auquel ils sont tous reliés.

Primé au Digital Choc, prix pour la jeune création en arts numériques, le projet Rekion voice de Katsuki Nogami ironise sur nos croyances en l’homme machine et en sa toute puissance.

rekion-voiceRekion Voice (Katsuki Nogami) © Rachel Addra

 

Au cœur de l’Orangerie du jardin des plantes, le coréen Lee Byungchan a conçu sur place une créature fantastique, Calling for Mamons qui intégre sa série intitulée Urban creatures.

A l’aide de son briquet, Lee Byungchan agrège des sacs plastiques, matériau pauvre et utilitaire, il fabrique un monstre. Issu de l’univers des mangas, cette créature originale, amas de la production de notre société de consommation, respire à l’aide de ventilateurs. Cette sculpture monumentale met en évidence notre avidité, elle s’inspire de l’imagerie médiévale et biblique, Mamons étant un des sept princes de l’enfer.

 

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Calling for Mamons (Lee Byungchan) © Rachel Addra

 

Hissée sur la spirale du jardin des plantes, Phallaina est une frise de 130 mètres de long, extraite du roman graphique éponyme noir et blanc de Marietta Ren où l’on découvre le parcours personnel d’une jeune femme, Audrey qui mêle les univers des sciences cognitives et de la mythologie.

 

phallainaPhallaina (Marietta Ren) © Rachel Addra

Phallaina est également la première bande dessinée « défilée sur tablette », avec une narration innovante sans bulles, avec des effets de parallaxe et une bande sonore. Œuvre coéditée par le studio transmédia Small bang et France télévisions Nouvelles écritures, vous pouvez écouter la BO haletante de Côme Jalibert. Et lire gratuitement sur tablette Phallaina.

De la bande dessinée animée, on passe au cinéma réorchestré, parents et enfants se sont donnés rdv au Cinémix Charlot Festival.
Le designer sonore, Jean-Yves Leloup, membre de Radiomentale, mixe sur des films muets de Charlie Chaplin dont The Immigrant. Le DJ transcendante la modernité et le génie de Charlie Chaplin en composant avec des morceaux modernes et improbables d’Ennio Morricone à Alphex Twin. Les rires du jeune public font également partie du spectacle.

 

charlotCharlot (Jean-Yves Leloup) © Rachel Addra

 

Interactivité, mot d’ordre et raison d’être des étudiants de l’Ecole de design de Nantes Atlantique.
Au Readi design lab, Logik de Paul Bouisset & Eugénie Lacombe propose une expérience utilisateur inédite au public grâce à l’interface d’une table de mixage minimaliste. Acteur de sa propre création, chacun créée une œuvre visuelle et sonore en jouant avec les potentiomètres du signal sonore, la densité et la forme de l’image projetée. Une fois réalisée, on peut imprimer en miniature notre œuvre, photo souvenir de ce moment, empreint de magie.

 

logikLogik (Paul Bouisset & Eugénie Lacombe) © Rachel Addra


Œuvre sensible, Uluce du Collectif Recif est un instrument éblouissant où l’on peut composer sa propre mélodie sur les treize faces géométriques de toile tendue. Avec une interaction homme-machine sensible, le toucher offre un large spectre de nuances sonores et d’intensité lumineuse.

 

uluceUluce (Collectif Recif) © Rachel Addra

Aime l’art, la musique et les nouvelles technologies, s’intéresse aux projets de création pluridisciplinaire, aux nouveaux usages et pratiques culturelles. A travaillé sur des projets de création et de médiation culturelle dans les domaines de l'art contemporain et de la musique.

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