Trois ans après le volcanique Batteur de grève, Sylvain Giro a renforcé son équipe de forgeurs de sons avec le violoncelliste Erwan Martinerie. Riche idée qui a parallèlement enfanté d’un duo entre les voix du violoncelle et du chanteur. C’est surprenant comme la convergence et les influences d’un folk breton contemporain, du rock des 70’s , voire du free-jazz, engendre une bande-son qui évoque l’Héroic fantasy. Il est vrai que le disque est la partie musicale d’un spectacle où le conte fait contrepoint à ces chansons. Ici, celles-ci l’évoquent et déploient leur dimension imaginaire, conjonction des mots et des sons. Le climat est souvent grave, parfois pesant mais toujours riche des timbres des claviers vintage, des percus et des voix mêlées du violoncelle et du chanteur. Et puis, un moment de légèreté subtile arrive avec cette Flânerie vélocipédique dont la musique est signée par le grand Tony Hymas, compagnon de route d’une autre voix qui vient de s’éteindre, celle de l’immense Jack Bruce. Sylvain GirO rencontre ici la sublime légèreté d’un grand résistant (habilement habillée par la flûte d’Erwan Hamon) et l’on peut imaginer que les images du livret, captées par Val K à Notre Dame des Landes, belles traces d’un monde d’eau, de terres et de bois, n’y figurent pas innocemment… La tension culmine à l’évocation de cette Gare St Jean, sorte d’Orly moderne qui retrouve les accents pathétiques de la chanson de Brel avec d’autres sons et d’autres mots. Avec quelle malice, Sylvain GirO nous donne à réfléchir sur l’origine de la guerre dans la gaieté dramatique de Fais ta prière, sarcastique comme une vanité au milieu d’une danse paysanne de Brueghel ! Les promesses du premier album sont tenues ici, renforcées, illustrées par un récit à découvrir à la scène!
Sylvain GirO (chant, chœurs, violon), Julien Padovani (orgue Hammond, Fender rhodes, harmonium, accordéon chromatique, glockenspiel, chœurs), Erwan Martinerie (violoncelle, chœurs), Jean-Marie Nivaigne (batterie, chœurs) Erwan Hamon (flûte traversière en bois) et Laurent Rousseau (guitare électrique).
Crédit photo: Val K