TÉLÉRAMA DUB FESTIVAL : ROOTS, DUBSTEP ET DARKSTYLE !

Stereolux accueillait la version nantaise du Télérama Dub Festival ce vendredi 27 novembre, histoire de célébrer les basses caractéristiques et envoûtantes de ce genre musical en plein essor, la dub music, à mi-chemin entre les sonorités reggae sound system et la musique électronique. Au programme : six heures de gros son, pour une salle pleine à craquer de steppers bouillants venus user leurs corps sous le flot de DJs non moins motivés !

Photo bandeau : Panda Dub © Morgane Lesné

 

Mayd Hubb1
Mayd Hubb © Morgane Lesné

 

La mise en bouche de Mayd Hubb a annoncé le rythme pour toute la soirée : dans une ambiance quasi mystique, le DJ français envoie des tunes originales sur de l’électrodub pointue, en posant des lyrics de son crû. Dès la première heure de set, la salle maxi de Stereolux se transforme en dancefloor enivré de sonorités binaires. La soirée affiche complet et les jeunes férus de sound system sont arrivés tôt. La majorité des dub-clubbeurs ont la vingtaine, ça tire jusqu’à la trentaine fraîche mais pas au-delà… Ce son se cale dans l’époque, et la génération de jeunes adultes qui pointe en est friande. Mayd Hubb place quelques sons vaporeux entre ses attaques électrodub tabassantes, technoïdes, dont la salle se gave sans complexe. La version urbaine de « Politics » qu’il nous sert met d’ailleurs toute la fosse d’accord.

RDH HifiRDH Hifi © Morgane Lesné

 

A sa suite entrent en scène les ligériens de RDH Hifi. Sur un mode plus roots, davantage reggae dubadub, le selecta commence sur des tunes calmes, planantes, sur lesquelles les deux MCs calent des sessions de flûte ou de paroles françaises. Ça dénote avec l’atmosphère précédente… Du moins pour le début de leur set. La salle semble en attente d’une chaleur vibrante ce soir, avide de basses puissantes. Passée la première demi-heure, RDH Hifi lance des sons dubstep de plus en plus entraînants, avec du OBF Sound System pour notre plus grand plaisir, des productions « maison » et des productions récentes de BlackBoard Jungle. On est tenté de se dire que la scène dub française est largement investie et productive depuis dix ans, que l’on soit attiré davantage par le robot’style, l’électrodub, le roots ou le dubstep, la dub music développe son panel de styles et étend son territoire musical d’aficionados.

Panda Dub Live

Panda Dub © Morgane Lesné

 

Puis… Les techniciens s’activent sur la scène, mettent en place le plateau du prochain DJ – celui que l’on attend avec impatience – entouré d’une déco travaillée et intrigante, un rideau blanc est tiré entre la scène et la fosse, la curiosité monte crescendo. Une batterie est installée, investie par Mayd Hubb, ainsi qu’un clavier numérique dont se servira le bassiste Bruno Berthier… Cette nuit, Panda Dub nous est servi à la sauce live, et ce n’est pas le bout de nos surprises. Enfin, la salle s’obscurcit les musiciens entrent sur scène et nous ne voyons que leurs ombres sur la toile translucide derrière laquelle ils se trouvent. Panda Dub entame sur une note sonore venant de l’espace, tout droit issue de son dernier album The Lost Ship. Le rideau blanc tombe et un soleil rouge se lève sur la scène, dont le visuel prend une place de choix dans le show livré par le Lyonnais et ses deux acolytes. La scénographie est signée par le collectif L’Octopus, merci à eux car le spectacle a envoyé du lourd, tant au niveau sonore qu’au niveau visuel. Le set ressemble à une odyssée, une mise en mouvement dans un univers sonore inconnu. Le DJ fait preuve d’une originalité qui marque le corps et l’esprit,  le public nantais s’est calé dans cette ambiance sans difficulté aucune. Les arrangements sont tirés au lasso et les beats appuient fortement sur une tendance techno, signant en quelque sorte la fin du style rasta, laissant place au « Darkstyle » comme le lance le DJ au milieu de son set. La foule se déchaîne et les visages sont parsemés de smiles révélateurs. Le Panda Dub Crew termine en un bel apogée mouvementé et revient pour trois rappels, dont un remix – réalisée lors de cette tournée 2015 du Télérama Dub festival – sur du High Tone, précurseurs de cette mouvance en France. Rassasié et en sueur, le public ovationne avec ferveur. Le dub a initié son sacre ce soir et tout porte à croire que ce n’est là qu’un début.

Panda Dub Live3Panda Dub © Morgane Lesné

Rédactrice, amatrice de musiques électroniques et d'arts interactifs, je me passionne pour les pratiques culturelles émergentes de la société contemporaine.

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