Après un long silence et un changement de line-up, VedeTT profite du spleen automnal pour nous livrer onze nouveaux titres aux tons gris pastel, oscillant entre planeries cold wave et hymnes pop à siffloter sous la pluie.
Exit la formule trio. Trois ans après la sortie d’un premier E.P au tube imparable (« Marry Me » – hymne dancefloor pour amateurs d’églises désaffectées), VedeTT revient aux affaires sous la houlette de son chanteur-bassiste angevin, Nerlov, désormais seul dépositaire d’un rock sans doute trop intimiste pour en partager la paternité. La musique de VedeTT joue toujours sur l’hypnose, l’introspection, la recherche d’une mélancolie salvatrice, fuyant les normes et les agressions extérieures d’un monde qui vous pousse sans cesse à « serrer les dents » et, quand plus rien ne va, à « faire des enfants » (« Tuer les gens »). Sur ce titre, le seul chanté en français, la filiation avec Lescop est évidente. Une chanson clone mais terriblement efficace. Nerlov ne recherche pas l’originalité à tout prix, seulement retranscrire avec sincérité la somme de ses obsessions lyriques et sonores. Synthés vaporeux, basse moelleuse et batterie métronomique : l’âme de VedeTT a trouvé pour son chant l’écrin idéal. Un chant tantôt trainant, tantôt plaintif, souvent noyé d’échos. « They keep calling me », chantait le futur pendu Ian Curtis sur « Dead Souls » (il fallait bien y venir)… Ce « They », ces voix intérieures guidant au mieux vers le romantisme, au pire vers le repli sur soi, Nerlov semble lui aussi les entendre, comme ces milliers d’autres artistes biberonnés plus ou moins inconsciemment, depuis des lustres, à la new wave et au post-punk de leurs glorieux aînés… En ouverture d’album, « Fade Away », laisse pourtant de côté les influences les plus criantes pour un hommage appuyé au « Goodbye Horses » de Q Lazarus (cultissime extrait de la B.O du « Silence des agneaux »). Le ton est donné. Celui d’une danse faussement macabre, refusant les partis pris trop marqués, faite de synthés crépusculaires à la The Cure, période « Faith » (« Little Plane) et de guitares claires façon The Drums (« I Don’t Care »), plus propices à l’abandon de soi qu’au cauchemar éveillé. Un album à écouter seul, les yeux clos, chaque « Friday Morning » (plus grande réussite du disque), avant de partir embrasser les futilités du monde à grands renforts de faux semblant et d’alcools bon marché.
Photo bandeau Vedett © Chris Taylor
Tuer les gens, Echo orange