Le duo Vison fêtera demain soir la sortie de son second album chez Pol’N, « Ventre millénaire », un disque comme le précédent de variété post-punk. La même énergie, le même propos, le même rock’n roll, Vison est un duo hors du commun porté par tout ça. En attendant demain, Cécile Versaillon nous en dit plus sur ce disque, le groupe, ses envies, sa désinvolture…
Photo bandeau Vison © Ysa Gudule
C’est quoi pour toi Vison ?
C’est mon groupe… avec lequel je peux expérimenter tous mes fantasmes musicaux, chanson, punk, pop, variété… je m’y sens moi et chez moi. Jean-Benoit, mon bi-nome me comprend et me complète à 100%, on travaille sans aucune retenue ni compromis…
Qu’est ce que tu as « gardé » des Suprêmes Dindes dans ta démarche artistique et notamment pour Vison ?
La fureur, l’envie, la nécessité, l’envie de dénoncer, de me rouler par terre avec ma guitare, de me déshabiller, d’écrire de la poésie, de sussurer, de crier, de chanter… de créer des mélodies bizarres et surprenantes, mais aussi faciles à reprendre en choeur… De susciter chez l’auditeur le désir de s’élever, de l’inviter à mettre des grands coups de pied dans la vie, de faire des choix, de tout péter…
Comment tu imagines les textes qui sont somme toute sarcastiques ? Tu as des choses à dénoncer ? Des expériences ou des destins à raconter ?
J’ai envie de faire décoller les choses, de surprendre, j’aime les chocs, et aussi la mélancolie. Je fais part de mon oeil de poète sur le monde et de mon désir de nous voir sortir de l’obscurantisme… et en même temps, je ne parle que de moi et de mes ressentis…D’autres personnes peuvent évidemment s »y retrouver.
Musicalement, on fait un peu le grand écart, selon moi, entre Gainsbourg dans les harmonies, Philippe Katerine dans la désinvolture, et Stereolab dans les déflagrations sonores, qu’en penses-tu ?
Très bien. On pourrait rajouter Dead Kennedys, Sonic Youth et Alizée…
Comment vous traduisez l’ironie et le sarcasme des textes sur scène ?
On se prend pas au sérieux. Ce n’est pas grave de faire de la musique… Ce qui est important c’est d’être là, en présence, conscients qu’on est en train de vivre quelque chose de rare et précieux avec le public et entre nous deux. On s’adresse vraiment aux gens qui sont là, même si parfois, ça fait 5 ans et demi qu’on joue le même morceau… Il ne faut pas oublier de quoi on parle et d’où ça vient.
Vous qui avez joué pas moins de 200 concerts depuis les débuts (en 2010), quels sont tes lieux fétiches et qu’est ce qui fait un concert réussi pour toi ?
Je n’ai qu’un ou deux mauvais souvenirs… A vrai dire, on est toujours heureux de jouer. Quand on est bien accueillis, dans des lieux dont tout le monde prend soin, et où on peut partager après avec le public. Dans la région, j’ai un petit faible pour les endroits comme feu le Violon Dingue ou la Motte aux cochons… Des petits lieux pleins d’âme et de sueur…
Pourquoi ce titre « Ventre millénaire » ?
Le ventre est la matrice de l’humanité. On vient tous de là. C’est surnaturel pour moi de penser qu’on a pu se développer au milieu des viscères de notre mère, et qu’on a tous au moins ça en commun! C’est effrayant et vertigineux de penser à la complexité du contenu d’un ventre, non?
La soirée de vendredi à Pol’N, pourquoi Pol’N, pourquoi une expo, pourquoi Face B, pourquoi Corps en chantier ?
On aime bien cet endroit. Il y a toujours eu des soirées réussies. C’est un pôle d’énergie intéressant, le quartier est génial. On a de bons rapports avec des assos qui s’y trouvent.
« Corps en chantier », « Pitch » et « Melanie Pénault » ce sont des proches qui nous soutiennent et nous encouragent depuis notre arrivée sur Nantes. C’était bien de les embarquer avec nous dans cette soirée et de leur proposer de transmettre aussi leurs univers. « Face B » est un trio toulousain qui nous a invité pour la sortie de leur disque chez eux l’année dernière. On leur renvoie la balle. Ca tombe bien car on adore ce qu’ils font.
Ton disque de chevet du moment
Gabriel Fauré « Pelléa et Melisande ».