WILD VALLEY : DES MONTAGNES DE PROJETS !

Trois ans auront suffit à se faire un nom. Le label angevin Wild Valley, aussi sauvage qu’ambitieux, va connaître une rentrée des plus denses. Entre moults évènements, la sortie du nouvel album des Eagles Gift (qui nous gratifie plus bas en avant première de la pochette du disque) occupera les journées des tenanciers de Wild Valley. Vingt ans après Black et Noir qui faisait d’Angers une ville de label, Wild Valley, en petit frère tout aussi animé par le rock, pourrait bien marquer tout autant son époque. Rencontre avec Romain.

 

Photo bandeau : The Blind Suns © Keneth Bachor

 

Pourquoi ce nom Wild Valley ?
J’ai eu l’envie de créer ce label en 2013, en même temps que je créais le groupe Eagles Gift dans lequel je suis actuellement chanteur. Je cherchais des noms pour ce nouveau groupe et Wild Valley était un des 4 noms que j’avais retenu. Finalement, j’ai choisi Eagles Gift pour le groupe mais j’ai gardé Wild Valley pour le label. Il y a une connotation à « Angers Loire Valley » qui est un terme souvent utilisé en tourisme quand on parle de l’effervescence de la région angevine, à laquelle on associe souvent le dynamisme industriel, scientifique, sportif, gastronomique et culturel. L’ambition de Wild Valley a tout de suite été de participer à ce dynamisme local en tant qu’institution plus ou moins souterraine, sur un pan artistique alternatif, plus « sauvage » donc Wild Valley.

Le nom du label est sous-titré « indie music development » ? Qu’est ce que la musique indé pour toi ?
Le terme peut être utilisé pour dire beaucoup de choses, on l’associe souvent à des termes comme underground ou anti-conformiste. Ce n’est pas tellement en ce sens qu’on l’utilise, car la plupart des groupes du label, sans faire de la musique de masse, ont l’ambition de toucher un public plus large qu’un public de niche et ne s’en cachent pas. On utilise ce credo surtout pour signifier qu’on développe nos projets en grande partie en dehors des circuits commerciaux traditionnels, on est plus sur un esprit de collectif où toute personne qui gravite autour du label et des groupes est mise à contribution avec une forte implication de partenaires locaux (les autres assos, les disquaires, les lieux de diffusion autour d’Angers, la SMAC locale, le service culturel de la ville). Le but du label n’est pas d’avoir un business-plan rentable mais d’être aussi utile que possible au développement de carrière des groupes ainsi que de la vie musicale locale, tout en tissant un maximum de liens avec les labels et assos similaires dans d’autres villes de France ou à l’étranger comme on le fait avec Austin au Texas.

 

photo-san-carolSan Carol Marylène Eytier

Vous oeuvrez dans les genres psyché-rock, garage, surf-music et pop indie. Que représentent ces musiques pour toi, quel(s) serait/seraient leur(s) point(s) commun(s) ?
Dans la continuité de ma réponse précédente, je dirais que tous les projets du label sont à la base des projets « pop » qui peuvent très bien être joués en guitare-voix sans être complètement dénaturés. Ensuite, chaque projet va chercher des influences dans les divers courants musicaux que tu as cités, en particulier en ce qui concerne la production du son, les recherches sur les effets, les instruments utilisés. Le point commun c’est donc de ne pas proposer des productions et des formats de chansons pop aseptisés, qui prennent encore aujourd’hui beaucoup (trop?) de place dans le paysage culturel, sans pour autant tomber dans de la musique de niche.

Vous êtes angevins, c’est quoi Angers pour vous ?
Je ne suis pas angevin de base, ça fait 10ans maintenant, et dans le label la majorité sont aussi des expatriés :). Pour moi Angers devait être un passage, une étape, mais je cherche encore sans trouver une meilleure destination… Sans faire de l’excès de chauvinisme, Angers c’est la proximité de Paris pour des musiciens comme nous qui ne peuvent pas (encore?) se permettre financièrement la vie parisienne, c’est la proximité de l’océan, un climat doux, mais -malgré une taille relativement petite- beaucoup de dynamisme et d’initiatives culturelles. Pour notre pan, on pense aux divers disquaires qui ont récemment ouvert (Home Wax, Exit Music for A drink), des cafés-concerts qui carburent presque tous les jours (T’es Rock Coco, Joker’s Pub), une SMAC qui développe et promeut plus qu’activement ses groupes et projets sélectionnés, et un service culturel qui soutient les initiatives et relations avec l’étranger, je pense au jumelage avec Bamako et plus récemment la création du festival Lévitation France, la relation avec Austin au Texas via l’asso Austin Angers Creative. Bref à Angers tout le monde se connait comme dans un petit village mais on travaille ensemble avec plus de moyens sans les commérages des campagnes (d’où je viens) ! Pour avoir été à Austin déjà 4 fois, je retrouve à moindre échelle la même atmosphère « à la cool » où tout le monde joue avec tout le monde et fait la fête ensemble, sans pour autant vivre en dilettante, on en veut, à l’image de notre équipe de foot.

 

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Pochette prochain disque Eagles Gift

Qu’est ce qui fait que vous signez tel ou tel groupe en booking ou label ?
Au démarrage du label, on avait signé uniquement les groupes des membres actifs du label qui avaient une ambition de développement pro. On commence à ouvrir ces frontières à d’autres projets angevins ou qui ont au moins un lien avec Angers mais toujours avec un objectif de développement très actif. On implique les musiciens des groupes et leurs entourages donc on jauge beaucoup la motivation en premier lieu. Ensuite c’est purement subjectif quant au propos artistique, il n’y a pas de réelle ligne directrice comme je l’ai déjà évoqué. Juste on ne fait pas dans le purement mainstream ni dans le « total musique de niche », on se situe à l’entre-deux. 

Quel serait le label, national ou international, qui vous inspire dans sa ligne artistique et dans sa manière de faire ?
C’est une question difficile, on aime et on admire beaucoup de labels mais qui ne nous ressemblent pas du tout. Certains ont justement une ligne artistique très définie qui est à l’initiative de peu de personnes, leur atout est leur image de marque, je pense par exemple à Born Bad. Nos atouts résident dans notre nombre, notre force de travail, nos faibles coûts, nos outils, le réseau que l’on développe. Finalement le label national à plus grande échelle vers lequel on aimerait se diriger est Yotanka, label ami angevin-nantais-rennais.

 

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The Blind Suns © DR

Beaucoup d’actu pour le label ces derniers temps (San Carol à Bourges, sortie du Blind Suns, album de Eagles Gift à paraître en septembre…), vous avez trouvé un rythme de croisière ?
On reste dans une phase de démarrage à mon sens. On a mis en place beaucoup de choses sur le plan administratif qui commencent à prendre forme, on agrandit notre réseau, et on apprend encore beaucoup sur les différents métiers au sein du label, de la production au booking en passant par la comptabilité. Les projets évoluent eux aussi avec le label, et sont tous jeunes. On espère que la dynamique du label, et les actus des groupes vont s’intensifier dès 2017. On va faire entendre notre voix !

Le groupe que vous rêveriez de signer s’appelle comment ?
Il n’existe pas encore, notre rêve c’est de trouver la pépite avant tout le monde, et d’avoir participé à son éclosion, peu importe si on le lègue plus tard. On est hyper à l’affut, on va voir un maximum de concerts, on écoute les maquettes qui trainent, on regarde les clips chelou… Les likes Facebook et les vues Youtube, nous, on s’en fout un peu…

 

Soirée Wild Valley en partenariat avec Austin Angers Creative le 23 juin au Jokers’Pub avec Djokovic, Some Say Leland et Ash Gray. Plus d’infos ici 

 

 

Site WILD VALLEY

visuel-wild-valley

 

 

Les disques du label en écoute

 

Rédactrice en chef de ce site internet, chargée d'info-ressources à Trempo. Passionnée évidemment par la musique, toutes les musiques, mais aussi par la mer et la voile, les chevaux, la cuisine et plein d'autres choses.

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